La Société de transport de Montréal (STM) se rend à l’évidence : devant un trou budgétaire de 78 millions, un « plan de réduction des dépenses non récurrentes » d’environ 18 millions doit être mis en place cette année. L’effort budgétaire permettra donc de ramener le manque à gagner autour de 60 millions.

« Nos efforts ont porté fruit », s’est exclamé le président du conseil d’administration de la STM, Éric Alan Caldwell, en conférence de presse mardi.

Il affirme que les principales coupes auront lieu en matière de pratiques internes : réorganisation des horaires, réduction des heures supplémentaires, report de campagnes de communication ou encore de programmes de formation. Aucun poste ne devrait toutefois être supprimé dans la foulée. « Avec les mêmes ressources, on veut faire mieux », résume M. Caldwell, en certifiant que le niveau de service demeurera inchangé, autant dans le métro que dans les bus.

« Quand on sauve sur du temps supplémentaire en réorganisant des horaires, on arrive à rendre le service sans affecter les quarts réguliers. Autrement dit, si on est plus efficaces dans les horaires, on va être capables de réduire le temps supplémentaire sans toucher au service rendu », a-t-il insisté.

Le président, aussi conseiller municipal de l’administration Plante, réitère toutefois « l’importance fondamentale de réviser le financement des sociétés de transport collectif afin qu’elles puissent compter sur des sources de financement indexées et récurrentes ». « On a agi sur les dépenses. Là, il faut agir sur les revenus », résume-t-il en ce sens.

Dans l’opposition, on crie toutefois au manque de transparence. « Clairement, on induit les Montréalais en erreur. Ce qu’on ne leur dit pas, c’est qu’on a déjà coupé et qu’on continuera de le faire. […] La réduction du temps supplémentaire pour les employés, notamment les chauffeurs d’autobus et les mécaniciens, aura inévitablement pour conséquence de réduire la qualité et la fréquence des services de transport », affirme le chef d’Ensemble Montréal, Aref Salem. Il déplore « qu’encore une fois », l’administration Plante « fait le pari dangereux que Québec et l’ARTM vont combler le déficit de 60 millions ».

Travail de fond

M. Caldwell, lui, assure que ses équipes « ont travaillé d’arrache-pied pour trouver des pistes de réduction des dépenses pour 2023, tout en évaluant différents scénarios pour trouver des pistes d’économies récurrentes pour les années à venir ». « Cette démarche démontre toute la rigueur et le bon vouloir de la STM à trouver des solutions concrètes au manque à gagner », affirme le principal intéressé.

En 2022, la STM rappelle qu’elle était également parvenue à dégager environ 18 millions en « économies non récurrentes » en procédant à une révision de processus internes liés à l’exploitation et à l’entretien.

Au début de février, la société a d’ailleurs annoncé une restructuration « organisationnelle » ayant pour effet de limoger trois directeurs exécutifs et de modifier le poste d’un autre. Ces changements ont permis de « baisser de 8 % » la masse salariale du comité de direction, selon ce qui avait alors été annoncé.

Le tout survient alors que la STM est, plus que jamais, à la recherche de nouveaux fonds pour dégager des revenus. En novembre, en présentant son budget annuel, la société avait annoncé un trou budgétaire de 78 millions, une hausse significative par rapport aux 43 millions de l’année précédente.

Des discussions qui se poursuivent

Pour l’instant, les discussions avec Québec et les bailleurs de fonds de la STM se poursuivent toujours afin de « finaliser l’exercice budgétaire de 2023 ». « On continue les discussions avec nos partenaires, parce que justement, il faut trouver le reste de l’équation. Il faut comprendre qu’on est au début d’un nouveau cycle économique avec une reprise de l’achalandage », a insisté le président.

Jusqu’ici, le télétravail continue de faire mal au transport collectif, mais l’achalandage revient de plus en plus à la normale le week-end. Le samedi et le dimanche, le niveau d’achalandage atteint maintenant 85 % de la fréquentation prépandémique dans la métropole.

L’achalandage pour un « jour ouvrable moyen » de la STM représente toujours environ 72 % du niveau de 2019, soit environ 920 000 déplacements. Avant la crise sanitaire, à pareille date, on parlait d’environ 1 280 000 déplacements. Le bus demeure plus populaire (74 %) que le métro (70 %), pendant que le transport adapté demeure stable, autour de 75 %. Au global, cela représente un bond de trois points de pourcentage par rapport à l’automne dernier.

La ministre des Transports, Geneviève Guilbault, a récemment annoncé la tenue de consultations, en mars, auprès de tous les acteurs de l’industrie, dans le but de trouver des solutions à la crise du financement. Une motion de l’opposition demandant à la direction de la STM de venir s’expliquer en plénière municipale a aussi été adoptée lundi soir par les élus, malgré quelques amendements de l’administration. Selon nos informations, la directrice générale, Marie-Claude Léonard, devrait témoigner d’ici la fin mars.