La qualité du tri du recyclage des Montréalais s’est améliorée de façon prodigieuse dans les derniers mois, selon les deux entreprises qui en sont responsables. L’administration Plante s’en réjouit, mais demandera une analyse indépendante pour le confirmer.

Ces performances permettent d’espérer que le contenu des bacs verts collectés dans la métropole pourra dorénavant être mieux valorisé.

Ricova, l’entreprise au centre de la crise du recyclage de l’automne dernier, a annoncé mercredi après-midi que les ballots de papier qui sortent de son centre de tri de Saint-Michel sont maintenant presque parfaits, avec seulement 2 % de contamination. Explication : de nouvelles machines européennes installées pendant les Fêtes font un bien meilleur travail.

« On est très fiers de dire qu’on a réussi notre défi », a affirmé Dominic Colubriale, grand patron de Ricova. L’entreprise dit avoir investi 6 millions en trois ans dans l’usine de Saint-Michel. « On a réduit le taux de contamination de 35 % à 2 %. »

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Dominic Colubriale, grand patron de Ricova, en conférence de presse jeudi au centre de tri de Saint-Michel

Contrairement à la pratique habituelle, M. Colubriale a refusé de répondre aux questions des journalistes. C’est sa directrice des communications qui s’en est chargée. « Notre 2 % respecte les plus hauts standards de l’industrie », a dit Laurence Tôth. Le centre de tri de Saint-Michel était promis à une fermeture à court terme, mais les investissements pourraient permettre de la faire fonctionner pendant encore 10 ans, assure Ricova. Son actuel contrat d’exploitation se termine toutefois l’an prochain.

La Ville validera les chiffres

Valérie Plante veut s’assurer de la véracité des chiffres diffusés par Ricova. « On voit que les investissements faits par l’opérateur ont porté leurs fruits, a indiqué son cabinet dans une déclaration écrite. Nous pourrons voir dans les prochains mois si cette performance s’inscrit dans la durée. La Ville demandera une caractérisation externe qui validera la performance. »

À la fin de l’été dernier, Ricova était dans ses derniers retranchements, empilant les ballots de matières recyclables à l’intérieur et à l’extérieur de ses usines parce qu’elle était incapable de les exporter, conformément à son modèle d’affaires. Les ballots, trop contaminés, étaient refoulés aux douanes. Ricova a menacé de fermer ses installations aux camions, ce qui aurait pu entraîner l’interruption de la collecte.

Ces difficultés ont poussé la Ville de Montréal à écarter Ricova du nouveau centre de tri de Lachine, qui peinait à produire des ballots de bonne qualité malgré son équipement flambant neuf.

Une amélioration aussi à Lachine

C’est la Société VIA, une entreprise d’économie sociale, qui a pris le relais de Ricova au centre de tri de Lachine depuis octobre dernier.

Mercredi, elle annonçait elle aussi des résultats : ses ballots de papier mixte sont contaminés à hauteur de 10 %, en baisse par rapport aux 30 % qu’affichait Ricova dans ses dernières semaines aux manettes. De tels taux de contamination affectent la valeur des ballots et compromettent les possibilités de les valoriser dans les pays industrialisés.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Jean-Sébastien Daigle, président de la Société VIA, en conférence de presse, jeudi

Jean-Sébastien Daigle, président de la Société VIA, a indiqué que son organisation avait ajouté beaucoup d’employés sur les lignes de tri afin de retirer manuellement les matières contaminantes.

On a fait beaucoup de réparations depuis qu’on est arrivés.

Jean-Sébastien Daigle, président de la Société VIA, en conférence de presse, jeudi

La Société VIA exporte la grande majorité (80 %) des ballots de papier qui sortent du centre de tri de Lachine, notamment vers des pays en développement comme l’Inde, même si son modèle d’affaires préconise plutôt la valorisation locale de la matière. Les ballots de papier écoulés sur le marché local sont vendus à la papetière Cascades.

Arnaud Budka, le fonctionnaire montréalais responsable du dossier des matières résiduelles, a affirmé que la Ville de Montréal était « satisfaite » de la performance de la Société VIA à Lachine, ajoutant toutefois que le taux de contamination devait continuer à baisser.

« On accueille très positivement les bonnes nouvelles concernant l’état des centres de tri de la métropole, a indiqué le cabinet de la mairesse. Beaucoup d’avancées ont été réalisées dans la dernière année. Nos équipes, en collaboration avec nos partenaires, n’ont ménagé aucun effort pour améliorer la qualité des matières produites par nos deux centres de tri. »

Lisez l’article « Centre de tri de Lachine : la collecte en péril, Montréal change de trieur »

Rectificatif : une version précédente de cet article mentionnait Laurence Thôt, alors qu’il aurait fallu écrire Laurence Tôth. Nos excuses.