Il faudra accélérer la revitalisation de la portion est du centre-ville autour de la station Berri-UQAM, dont l’image est devenue « triste », avoue la mairesse de Montréal, Valérie Plante. Promettant plusieurs solutions concrètes dans les prochains mois, l’élue implore toutefois le gouvernement Legault de lui donner des ressources supplémentaires pour « réduire la pression ».

« Avec les vitrines fermées, l’image du quadrilatère, c’est triste en ce moment, on le comprend. Mais je pense que la photographie qu’on prend aujourd’hui est probablement la plus difficile de l’année. On est au courant de la situation, on la prend extrêmement au sérieux, et on travaille pour accélérer les choses », a assuré la mairesse en entrevue avec La Presse.

Vendredi dernier, en annonçant la fermeture de sa succursale de la rue Berri, le Groupe Archambault avait notamment montré du doigt « l’évolution du tissu urbain dans le secteur », devenu à ses yeux « un laboratoire de mixité urbaine » aux dépens de l’achalandage. Mardi, le chroniqueur de La Presse Maxime Bergeron rappelait que bien des résidants ne se sentent plus en sécurité, la population itinérante ayant explosé dans la place Émilie-Gamelin, tout comme l’usage et la vente de drogues dures. (1)

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Commerces fermés à l’angle des rues Sainte-Catherine et Saint-Hubert. Le magasin Archambault qui fermera ses portes en juin prochain se trouve non loin.

Mme Plante, elle, explique le phénomène par « plusieurs éléments ». D’abord, les récentes rénovations au Quartier des spectacles et au square Viger « ont créé des concentrations de populations qui étaient avant plus éparpillées dans la ville ». « L’hôtel Dupuis qui a servi de refuge pendant la pandémie, c’était absolument nécessaire, mais ça aussi, ça a amené des gens qui étaient peut-être ailleurs avant », dit l’élue.

Plante voit « la lumière au bout du tunnel »

En plus de la fermeture de commerces, les travaux en cours de la Société de transport de Montréal (STM) à l’édicule Sainte-Catherine, qui doivent se terminer prochainement, « sont aussi venus fracturer le quartier », ajoute Mme Plante.

PHOTO PHILIPPE BOIVIN, ARCHIVES LA PRESSE

La mairesse de Montréal, Valérie Plante

On a travaillé fort pour refaire les abords de l’UQAM, mais ça, on ne le voit pas pour l’instant.

Valérie Plante, mairesse de Montréal

Cela dit, les solutions s’en viennent, insiste la mairesse, notamment avec les travaux majeurs de tuyauterie en vue dans le Village, qui permettront d’investir « significativement » dans l’aménagement des rues. Le Groupe Mondev, qui compte ériger deux tours d’habitation locatives du côté sud de la place Émilie-Gamelin, fera aussi partie de la solution, promet-elle.

PHOTO OLIVIER JEAN, ARCHIVES LA PRESSE

Place Émilie-Gamelin

« On veut les aider pour que le bâtiment soit bien accueilli dans le milieu, justement parce qu’il fait face à Émilie-Gamelin. Et il y a l’Îlot Voyageur aussi, qu’on voit surtout comme un potentiel d’habitation. […] Loin de moi l’idée de dire que tout va bien, mais je vois la lumière au bout du tunnel », dit Mme Plante.

Côté sécurité, elle confirme avoir demandé au Service de police de la Ville de Montréal d’être « plus présent » dans les environs, mais dit aussi miser beaucoup sur l’Équipe mobile de médiation en intervention sociale (EMMIS), qui dispose jusqu’ici de 14 intervenants psychosociaux au centre-ville. « Plusieurs commerçants nous l’ont dit : ce n’est pas nécessairement la police qu’ils veulent quand un itinérant est couché devant leur vitrine le matin. »

Québec interpellé

Pour changer les choses, « la santé devra faire partie de la solution, avec les CIUSSS et le gouvernement du Québec », nuance toutefois la mairesse.

« Tout le monde doit être en mode solutions, insiste-t-elle. C’est très important qu’on réduise la pression dans le centre-ville au niveau des services offerts aux plus vulnérables. Je comprends par exemple que le gouvernement a choisi l’hôtel Dupuis pour les demandeurs d’asile, mais en même temps, on aurait aimé ça avoir les ressources appropriées. Ça fait un mélange qui ne facilite pas la cohabitation. »

Les ressources d’aide, enchaîne la mairesse, « ça ne doit pas être qu’au centre-ville, sinon ce n’est pas soutenable pour les commerçants et les familles ».

Ultimement, « il faut que le gouvernement nous donne des ressources supplémentaires, qu’il nous aide à réfléchir sur comment on réduit la pression dans le secteur pour les plus vulnérables, tout en étant cette ville d’accueil à laquelle on est attachés », soutient encore l’élue municipale.

1. Lisez la chronique de Maxime Bergeron