Les édicules de métro n’ont pas été réquisitionnés pour permettre aux personnes en situation d’itinérance de se réchauffer cette nuit, malgré la tempête. En ce réveillon glacial, les services aux sans-abri permettront-ils à tous de se mettre au chaud ?

Depuis vendredi, Montréal fait face à un mélange de température hors norme, passant d’une pluie glaciale à de la neige et à des bourrasques. Si la métropole est relativement épargnée par les pannes d’électricité qui secouent la province, nombre de personnes en situation d’itinérance doivent composer avec des conditions particulièrement éprouvantes à la veille de Noël.

« Il est difficile d’être certain qu’il y a assez de ressources pour tous », indique Sam Watts, président-directeur général de l’organisme Mission Bon Accueil. « L’écosystème de soins pour les personnes vulnérables est fragile [en ce moment]. »

Un constat partagé par James Hughes, président et chef de la direction d’un autre refuge montréalais, la Mission Old Brewery. « [Les haltes-chaleur], il y en a peu au centre-ville cette année, explique-t-il. La nôtre, le Café Mission, est une de celles-ci. Les services à travers la ville sont très achalandés. »

La pénurie de main-d’œuvre, la crise du logement et la pandémie sont des défis de taille auxquels sont confrontés les différents organismes qui œuvrent en itinérance, souligne M. Hughes.

Tout le monde, incluant les différents paliers de gouvernement, font leur possible, mais j’avoue que nous sommes justement nerveux que l’offre ne réussira pas à répondre aux besoins.

James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery

Autre coup dur pour les personnes vulnérables du centre-ville : en ce 24 décembre, pour la première fois depuis 94 ans, la Mission Saint-Michael n’existe plus pour accueillir quelque 200 sans-abri et leur servir des repas. La Presse rapportait la semaine dernière que ce centre de jour doit déménager, car son bail n’a pas été renouvelé. Sa dernière journée d’ouverture était vendredi.

L’hiver dernier, la Mission Saint-Michael avait aussi reçu une subvention pour rester ouverte 24 h sur 24 h, 7 jours sur 7, une offre qui n’a pas été reconduite.

Les édicules de métro fermés samedi soir

Samedi, la température à Montréal atteint les -8 degrés Celsius, et les -18 degrés Celsius avec le refroidissement éolien.

À la Société de transport de Montréal (STM), on indique que les édicules de métro ne seront toutefois pas accessibles aux personnes sans domicile fixe au courant de la nuit de samedi à dimanche.

Certains édicules de métro ont été ouverts l’hiver dernier de façon exceptionnelle et limitée, à la demande des autorités lors d’une période de froid extrême et alors qu’il n’y avait plus de place dans les hébergements d’urgence ou haltes-chaleur. Une telle demande ne nous a pas été acheminée à l’heure actuelle.

Philippe Déry, des relations publiques de la STM, en fin d’après-midi samedi

À noter que les personnes en situation d’itinérance peuvent se rendre dans le métro de Montréal pendant ses heures d’ouverture. « Nos constables spéciaux sont tolérants en tout temps et particulièrement en période hivernale à l’égard des personnes en situation d’itinérance qui pourraient trouver refuge dans le métro lors des heures d’opération, dans la mesure où ils respectent les règlements de la STM », explique M. Déry.

La STM peut aussi donner des titres de transport pour permettre aux personnes vulnérables de se rendre dans un refuge après la fermeture des stations. Des vêtements chauds sont distribués, au besoin.

Le métro de Montréal est fermé entre environ 1 h du matin et 5 h 30 du matin.

La Ville de Montréal n’avait pas répondu à la demande d’information de La Presse en milieu de soirée samedi.