À la suite de la mort tragique d’une fillette de sept ans sous les roues d’une voiture dans le quartier Centre-Sud, l’opposition à l’hôtel de ville de Montréal accuse la mairesse Valérie Plante d’avoir ignoré les citoyens du secteur qui réclament depuis longtemps des mesures d’apaisement de la circulation.

Piquée au vif à l’occasion d’un conseil municipal spécial jeudi matin, Mme Plante a répliqué en traitant l’opposition d’« hypocrite », parce que des conseillers du parti Ensemble Montréal se sont opposés à des mesures favorisant la sécurité des piétons, et qu’ils ont tourné en dérision plusieurs initiatives de l’administration pour réduire la place de l’automobile dans la métropole.

« L’opposition a déjà accusé notre parti, Projet Montréal, de vouloir "plateauiser" toute la ville, mais je suis fière qu’on "plateauise", parce que ça veut dire qu’on met la sécurité en haut de la liste de nos priorités, contrairement à vous », a lancé la mairesse.

Elle faisait référence aux mesures destinées à réduire la vitesse et la circulation dans le Plateau-Mont-Royal, sous l’administration du maire d’arrondissement Luc Ferrandez, qui ont semé la controverse il y a quelques années.

Les débats se sont enflammés et la présidente du conseil, Martine Musau Muele, a dû intervenir pour demander aux élus de faire preuve de retenue. « Je refuse de politiser et de travestir le décès de ce bébé », a-t-elle affirmé, tentant de calmer le jeu.

Plus de brigadiers demandés

Depuis des années, des citoyens demandent sans succès à l’administration de sécuriser l’intersection Parthenais et de Rouen, celle-là même où a péri la petite Mariia, a déploré la conseillère de l’opposition Alba Zuniga-Ramos.

« L’administration n’atteindra pas la cible de 250 intersections réaménagées et dotées de feux conformes au nouveau guide piéton en 2022, a poursuivi Mme Ramos. Pourquoi il n’y a toujours pas de mesure d’apaisement de la circulation et un brigadier à l’angle de Rouen et Parthenais, malgré les multiples demandes des citoyens et des établissements scolaires ? »

La conseillère a souligné que dès 2018, Ensemble Montréal a sonné l’alarme à propos du manque de brigadiers scolaires et demandé qu’on mette fin aux quotas de brigadiers, pour plutôt en ajouter en fonction des besoins exprimés sur le terrain.

La mairesse Plante a rétorqué que son administration a posé des « gestes sans précédent » pour réaménager les rues de la ville, avec en tête une priorité accordée à la sécurité plutôt qu’à la fluidité.

« Quand Denis Coderre [ancien chef d’Ensemble Montréal] était maire de Ville-Marie, il refusait systématiquement qu’on mette des dos d’âne ou une quelconque signalisation parce que ce n’était pas bon pour la fluidité. Alors, avant de nous lancer une pierre, alors que des gens souffrent et que tout le monde se pose des questions, faites-vous un examen de conscience », a-t-elle clamé.

Valérie Plante a aussi dénoncé le fait que deux conseillers de l’opposition au conseil d’arrondissement de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce ont voté cette semaine contre l’aménagement d’une saillie de trottoir.

« C’est désolant de voir qu’au lieu de donner des réponses et de prendre la responsabilité face à une tragédie, on ne répond pas, surtout aux citoyens qui font des demandes », a commenté Mme Zuniga-Ramos.