La Ville de Montréal s’est retirée du réseau pancanadien qui lui permettait de comparer ses performances à celles d’autres grandes villes du pays, a confirmé mercredi une commission d’élus municipaux.

Montréal était membre du Réseau d’étalonnage municipal du Canada (REMC) depuis 2014. Elle a indiqué à l’organisation, plus tôt en 2022, qu’elle résiliait son adhésion.

« Il devenait difficile de se comparer à des villes similaires depuis que la Ville de Toronto a annoncé son retrait du REMC en 2021 », a indiqué le relationniste Gonzalo Nuñez, de la Ville de Montréal, par courriel.

Le REMC a confirmé avoir reçu une lettre de la Ville de Montréal à cet effet.

Toutefois, elle affirme que Toronto s’est retiré seulement temporairement de son réseau. « La Ville de Toronto a suspendu sa participation à la collecte de donnée du REMC pour quelques années afin de modifier son système de gestion financière et son programme de mesure des résultats », a indiqué Meighan Finlay, directrice générale du réseau. Toronto « continue à encourager les autres villes à participer aux travaux de l’organisation ».

D’autres grandes villes comme Winnipeg, Calgary et Hamilton sont toujours actives au sein du REMC.

« C’était fort utile »

Depuis 2014 et jusqu’à l’an dernier, les performances de l’appareil municipal montréalais étaient comparées à celles d’autres grandes villes canadiennes chaque année grâce au REMC. Les élus et les Montréalais pouvaient, par exemple, apprendre que Montréal traitait beaucoup plus d’eau potable et usée par habitant que les villes comparables, ou que l’entretien des rues coûtait beaucoup plus cher à Montréal qu’ailleurs.

Il s’agissait d’informations importantes pour les élus qui doivent demander des comptes aux hauts fonctionnaires sur le fonctionnement de leurs services, selon Alan DeSousa, maire de Saint-Laurent et élu de l’opposition.

« C’était fort utile. Ça nous permettait de nous comparer – en prenant en compte les différences – sur l’efficacité de nos services et la compétence de nos services, a-t-il dit en entrevue téléphonique. Je trouve ça désolant. »

Robert Gagné, professeur à HEC Montréal, est spécialiste des mesures de performance et a longtemps publié un palmarès des villes les mieux gérées au Québec. Il a dû cesser, les municipalités refusant de faire part de leurs données.

Le REMC, « c’était la dernière initiative de comparaison qui restait », a-t-il dit. Le retrait de Montréal « est typique du monde municipal québécois : les villes ne souhaitent pas se comparer pour ne pas se faire dire que – sur certains aspects – elles sont moins bonnes ». Ce sont les citoyens qui sont perdants, a-t-il ajouté.

En plus du départ de Toronto, l’hôtel de ville de Montréal a aussi plaidé qu’il consacrerait ses efforts à mesurer sa performance avec sa propre grille d’analyse.

« On est en train de développer une méthode d’étalonnage plus performante pour permettre à Montréal de se comparer aux autres grandes villes du pays de la meilleure façon, a réagi le cabinet de la mairesse Valérie Plante. Nos services utilisent aussi des indicateurs de gestion pour mesurer la qualité des services, certains utilisent également le niveau de satisfaction du public pour mesurer l’efficacité des services offerts à la population. »