Les trois quarts des habitations à loyer modique (HLM) de Montréal sont en mauvais ou en très mauvais état et la situation se détériore rapidement, a révélé jeudi l’Office municipal d’habitation de Montréal (OMHM).

Ce bilan a été rendu public dans le cadre de l’exercice annuel de reddition de comptes des organismes municipaux, effectué dans la foulée du budget présenté mardi.

« Le parc [de HLM] a souffert d’un sous-investissement des gouvernements pendant de nombreuses années », a déploré Danielle Cécile, directrice générale de l’OMHM, devant la Commission des finances de la Ville de Montréal. « On a une bonne partie de notre parc qui est vraiment, vraiment — on n’exagère pas — en mauvais état. »

Selon la documentation de l’OMHM, 34 % des bâtiments de HLM à Montréal sont en « mauvais état » et 41 % sont en « très mauvais état », pour un total de 75 %. L’OMHM gère 838 bâtiments de HLM, qui comptent au total plus de 20 000 appartements.

La situation s’est dégradée par rapport à l’an dernier, où 66 % des HLM de l’OMHM étaient considérés comme en « mauvais » ou en « très mauvais » état.

Les HLM montréalais ont un âge moyen de 45 ans, mais certains — installés dans des immeubles déjà construits — sont sensiblement plus vieux. Ils cumulent « un déficit d’entretien de 955 millions », selon le document de l’OMHM.

Selon Danielle Cécile, certains HLM sont en si mauvais état que leur démolition et leur reconstruction à neuf coûteraient moins cher que leur rénovation.

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Des habitations à loyer modique vacantes à Montréal

Lueur d’espoir, selon la fonctionnaire : un chèque de 94 millions annoncé par Québec l’an dernier pour la remise en état de HLM.

« C’est un bon pas en avant. Ça nous a permis de diriger cet argent-là vers nos logements barricadés, a dit Mme Cécile. Honnêtement, l’année prochaine, je pense que vous allez voir des changements dans l’état de notre parc. » En 2021, l’OMHM indiquait que « plus de 340 logements HLM » étaient inhabitables en raison de leur état.

L’OMHM compte environ 24 000 ménages sur sa liste d’attente.

Le compostage en baisse

De nombreux autres services étaient entendus jeudi devant la Commission des finances de la Ville de Montréal afin de faire le bilan de 2022 et de justifier leur budget 2023.

Parmi eux, les fonctionnaires municipaux responsables de l’environnement ont révélé que les Montréalais compostent de moins en moins depuis deux ans, malgré l’élargissement de la collecte des bacs bruns.

Le nombre de portes desservies augmente, mais la quantité de déchets de table jetée au compost aura diminué d’environ 4 % d’ici la fin de l’année 2022 par rapport à l’année précédente.

« Il y a eu une diminution cette année », a confirmé Roger Lachance, directeur du service, devant la Commission. « Il y a certains facteurs qu’on soupçonne, notamment l’effet de la pandémie sur le taux de participation, une diminution peut-être un peu de la population montréalaise. Il y a aussi le ralentissement économique. »

C’est la deuxième année consécutive où une diminution de la quantité de matières organiques jetée au compost est enregistée.

Les Montréalais ont mis au compost un peu moins de 104 000 tonnes de matières organiques cette année. En 2020, c’était plus de 115 000 tonnes.

Au total, 72 % des habitations montréalaises sont actuellement desservies par la collecte du compost. Le service de l’environnement continue d’implanter le programme dans les immeubles de huit logements et plus. Près de 4000 commerces sont aussi desservis.

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Au total, 72 % des habitations montréalaises sont actuellement desservies par la collecte du compost.

Avenue possible pour augmenter l’utilisation du bac brun : ne ramasser les « vraies » poubelles qu’une fois toutes les deux semaines. M. Lachance et son adjoint responsable des dossiers de matières résiduelles, Arnaud Budka, ont indiqué que des projets pilotes dans Mercier–Hochelaga-Maisonneuve et dans Saint-Léonard avaient donné de bons résultats. Les résidants utilisent 20 % plus leur bac brun (qui continue à être ramassé chaque semaine, comme le bac de recyclage).

Par contre, « il y a beaucoup d’accompagnement qui est requis, c’est une transition qui n’est pas facile pour le citoyen », a indiqué M. Budka. Aucun projet d’étendre ces projets pilotes à l’ensemble de la Ville n’a encore été annoncé.

Chantiers paralysés

Par ailleurs, Roger Lachance a confirmé que le conflit commercial qui paralyse la construction de ses deux usines de traitement du compost perdure, quatre mois après son déclenchement. L’entrepreneur EBC demande à être payé davantage par Veolia, qui a obtenu le contrat municipal. En retour, Veolia demande davantage de fonds à Montréal.

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Chantier déserté à Saint-Laurent

Les travailleurs d’EBC ont complètement déserté les chantiers, situés à Saint-Laurent et à Montréal-Est, l’été dernier. Les projets sont terminés à 50 % et à 90 %, respectivement. En octobre, la Ville de Montréal a annoncé que des travaux annexes et d’hivernage étaient en cours, mais les projets eux-mêmes sont toujours en attente.

« Le dossier évolue très lentement, trop lentement à notre goût. Il n’y a pas beaucoup de développement depuis [octobre], a dit M. Lachance. Nous, on pousse pour que le dossier avance. »