L’effet de la refonte tarifaire s’estompe toutefois dans les deux villes

L’utilisation des transports en commun demeure nettement plus faible sur la Rive-Sud de Montréal qu’au nord, montrent de nouvelles données de la Société de transport de Montréal (STM). Dans les deux secteurs, la baisse enregistrée en juillet dernier, lors de la refonte tarifaire, semble toutefois graduellement se résorber.

En septembre, la seule station de la Rive-Sud, celle du terminus Longueuil–Université-de-Sherbrooke, n’a accueilli que 59 % de son achalandage prépandémique. Pendant ce temps, les trois stations de l’île Jésus, soit Cartier, De La Concorde et Montmorency, étaient à environ 67 % du niveau d’avant la COVID-19.

Ces nouvelles données montrent que les transports en commun ont recommencé à enregistrer une croissance, après une baisse observée à l’été. La Presse a récemment rapporté que le nombre moyen d’entrées quotidiennes avait chuté de 16,2 % en juillet, par rapport à juin, dans ces quatre stations hors de l’île.

Alors qu’on enregistrait en moyenne plus de 32 000 entrées en juin aux quatre stations hors de Montréal, ce nombre était passé à moins de 28 000 en juillet. Des experts avaient alors jugé que l’entrée en vigueur des nouveaux tarifs en juillet, entraînée par la refonte tarifaire de l’ARTM dans les banlieues, était la cause « la plus plausible » de ces baisses d’achalandage.

Le billet unitaire est notamment passé de 3,50 $ à 5,25 $ sur les deux rives, avant d’être abaissé à 4,50 $ devant la grogne populaire.

Depuis, la situation semble s’être résorbée, du moins en partie. Passée de 53 % à 52 % du niveau prépandémique entre juin et juillet, la station Longueuil est repartie à la hausse pour finalement atteindre 59 % en septembre dernier, ce qui représente un peu plus de 476 200 passagers par mois.

Laval s’en sort mieux… pour l’instant

À Laval, après une baisse marquée de 61 % à 58 % entre juin et juillet, l’achalandage est aussi reparti vers le haut, atteignant 60 % en août, puis 67 % en septembre. Cela représente environ 683 800 trajets mensuels.

Globalement, en septembre 2022, la STM a dénombré « 46 692 entrants métro par jour moyen de semaine aux stations de Laval et de Longueuil, ce qui représente 63 % du niveau d’achalandage enregistré en septembre 2019 », analyse le porte-parole de la société de transport, Philippe Déry.

Selon lui, les variations observées au cours des derniers mois « s’expliquent majoritairement par la saisonnalité annuelle, avec une diminution durant l’été et une augmentation à la rentrée scolaire ».

La pandémie, le télétravail, les évènements, la météo, ainsi que d’autres facteurs ont également un impact sur l’achalandage. Il n’est pas possible d’isoler l’impact de chaque facteur.

Philippe Déry, porte-parole de la Société de transport de Montréal

Dans le reste de l’île de Montréal, l’écart à la baisse « est notamment plus marqué aux stations du centre-ville et aux stations intermodales liées au réseau de train de banlieue où la proportion de clients télétravailleurs est typiquement plus importante », note également M. Déry.

Pour l’instant, la STM ne dispose pas de données actualisées pour le mois d’octobre. Il y a toutefois fort à parier que ces chiffres pourraient continuer d’augmenter, surtout sur la Rive-Sud, dans la foulée du mégachantier dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. Depuis le mois d’octobre, dans ses bilans quotidiens des mesures d’atténuation entourant le mégachantier, le ministère des Transports et de la Mobilité durable fait état de hausses hebdomadaires d’environ 20 %, en moyenne, sur la ligne jaune.

Québec s’ajuste de nouveau

Devant des mesures d’atténuation jusqu’ici peu employées aux abords du tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine, de nouveaux ajustements ont par ailleurs été annoncés par le gouvernement Legault, mercredi.

Les lignes exo-520 et exo-521, qui transportaient à peine 50 personnes chaque jour dans les deux directions avec des départs toutes les heures, seront « fusionnées » dès le 28 novembre, afin d’offrir plus de rapidité. Des arrêts supplémentaires ont aussi « été ajoutés sur le parcours des navettes en fonction des besoins observés sur le terrain, notamment devant le 7500, rue Tellier, à Montréal ».

Dès le 21 novembre, une première « navette santé » gratuite sera déployée. La ligne 462 du Réseau de transport de Longueuil (RTL) partira des stationnements incitatifs De Touraine et De Mortagne, pour ensuite se rendre au terminus Radisson et puis à l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, qui emploie 5000 personnes.

Le ministère des Transports et de la Mobilité durable (MTMD) a précisé que « le déploiement d’une deuxième navette santé pour rejoindre un plus grand nombre d’établissements est en cours de discussion ». Selon nos informations, cinq autres établissements de santé font l’objet d’une analyse. En entrevue avec La Presse, la semaine dernière, le directeur général de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), Benoît Gendron, avait indiqué que les navettes suivantes pourraient être conçues « avec des gabarits de véhicules moindres ». « On a eu des discussions avec la STM pour voir s’il n’y avait pas des minibus de disponibles. L’autre étape, ça va être des navettes pour les secteurs industriels », avait-il dit.

Sur la Rive-Sud, la zone couverte par le service « à la demande » de taxi collectif du RTL sera quant à elle élargie dès le 28 novembre. En plus des quartiers Harmonie et du Boisé, le service sera désormais offert au sein même des stationnements incitatifs de Sainte-Julie, De Touraine et De Mortagne.