La Ville de Montréal assure qu’elle sera prête à implanter plusieurs mesures supplémentaires dans le secteur du pont Jacques-Cartier, afin de réduire les contrecoups des fermetures en vue dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. La Ville demande d’ailleurs à Québec de prévoir les impacts sur le réseau local.

« Ça fait plusieurs années que la Ville se prépare à ce chantier-là. On a revu tout notre calendrier pour accélérer certains chantiers, justement près du pont Jacques-Cartier, pour essayer de limiter le plus possible la pression, en amont de tout ça. Mais c’est sûr que ça va être difficile », concède la responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif montréalais, Sophie Mauzerolle, en entrevue avec La Presse.

S’il n’y a pas de « solution magique » à un chantier si vaste, l’élue assure que plusieurs options pourraient être envisagées, en fonction de la gravité de la situation.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

Est-ce qu’on pourrait ponctuellement, pendant les heures de pointe, retirer du stationnement pour faire des voies réservées de bus ? Interdire le virage à droite pour limiter la circulation de transit dans nos rues locales ? Revoir certains sens de rue ? Réfléchir à mettre des voies pour le covoiturage ? On va vraiment être en mode solutions.

Sophie Mauzerolle, responsable du transport et de la mobilité au comité exécutif de la Ville de Montréal

Jeudi dernier, l’ingénieure pour l’entrepreneur Renouveau Lafontaine, Geneviève Campeau, avait reconnu que 60 % des automobilistes empruntant le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine devront modifier leurs habitudes pour que l’imposant chantier ne se transforme pas en cauchemar. « Nous aurons besoin de la collaboration de tous », avait alors insisté le ministre des Transports, François Bonnardel, en invitant les employeurs à adapter les horaires de leurs salariés au besoin.

Québec fermera dès le lundi 31 octobre trois des six voies de l’infrastructure jusqu’à la fin de 2025, mais les automobilistes devront composer avec des entraves majeures dès le vendredi 21 octobre. Le week-end prochain, entre vendredi soir et lundi matin, le tunnel sera complètement fermé en direction nord afin d’installer des feux d’utilisation de voie et des glissières de béton. Puis, du vendredi 28 au samedi 30 octobre, le tunnel sera complètement fermé en direction sud pour réaliser le même genre de travaux. Dès le lundi 24 octobre, il faudra aussi prévoir des « fermetures de nuit durant la semaine pour terminer certaines activités ».

Et le réseau local ?

À la Ville de Montréal, une préoccupation cruciale demeure : qu’adviendra-t-il des rues locales, par exemple dans le quartier Sainte-Marie, à la sortie du pont Jacques-Cartier ? « Le gouvernement travaille à l’optimisation du réseau supérieur, ce qui est louable, mais il faut le dire : ça ne sera pas suffisant. C’est déjà difficile dans nos rues, et les citoyens sont hyper préoccupés, avec raison, de ce que ça deviendra », glisse Mme Mauzerolle.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

L’avenue Papineau en direction du pont Jacques-Cartier

« On souhaiterait que le MTQ [ministère des Transports] se penche sur les impacts du chantier dans nos milieux de vie. Parce qu’en ce moment, on ne sait pas exactement comment les automobilistes vont se comporter », ajoute-t-elle, en promettant que la Ville sera « prompte à proposer des aménagements » dans les quartiers.

L’administration Plante réclame aussi au gouvernement de mettre en place des « mesures de rabattement spécifiques » près des pôles d’emploi, comme les hôpitaux. « Le défi, ce n’est pas juste de faire rentrer et sortir les gens de la ville, mais aussi qu’ils circulent une fois qu’ils y sont », illustre la conseillère.

Des demandes de l’industrie

À l’Association du camionnage du Québec, le président et directeur général Marc Cadieux réclame quant à lui que la Ville assure au minimum « une révision et une calibration des feux de circulation » à la sortie du pont Jacques-Cartier, surtout dans l’axe Papineau. « Il faudra aussi avoir des agents de circulation en nombre suffisant pour accélérer le trafic dans les périodes cruciales », évoque-t-il.

Selon M. Cadieux, le secteur du pont Jacques-Cartier sera « certainement très difficile à gérer ».

Ce ne sera pas nécessairement le premier choix de tous les transporteurs, mais plusieurs pourraient bien s’y rabattre, surtout quand on sait que le port de Montréal est un acteur économique important, et que les ponts Champlain ou Honoré-Mercier sont un peu plus loin.

Marc Cadieux, PDG de l’Association du camionnage du Québec

Plus globalement, son groupe demande à Québec de permettre aux camions d’augmenter leur capacité de charge sur certains parcours. « C’est à l’étude présentement au gouvernement. Ce qu’on voudrait, c’est de pouvoir transporter plus de marchandises, environ 20 % de plus, parce que la main-d’œuvre est rare, mais aussi parce que les temps de parcours seront considérablement allongés », dit M. Cadieux.

« Sinon, il va falloir sortir d’autres cartes du jeu éventuellement, avec par exemple une exclusion de l’auto-solo entre telle et telle heure dans le pont-tunnel. On pourrait aussi explorer des heures ou des voies exclusives au transport de marchandises. On espère ne pas avoir à se rendre là, mais il le faudra si on voit que l’industrie est en danger de rupture sérieuse », conclut le PDG.

En savoir plus
  • 900 millions 
    Estimation du gouvernement quant aux dépassements de coûts qui seront engendrés par les travaux dans le tunnel Louis-Hippolyte-La Fontaine. La réfection majeure de l’infrastructure a commencé en juillet 2020, mais celle-ci s’est révélée beaucoup plus détériorée que prévu. La voûte aurait notamment 60 % plus de dommages que prévu.
    source : ministère des Transports du Québec