Les Montréalais qui s’aventurent en bateau, en planche à pagaie ou en kayak sur le fleuve doivent être informés que les rapides de Lachine comprennent une zone interdite à la navigation, où le Service de sécurité incendie ne viendra pas les secourir s’ils ont besoin d’aide, demande l’opposition à l’hôtel de ville.

« Les rapides de Lachine sont très convoités par les amateurs de sports nautiques. Or, si un accident survient, il peut être très difficile d’être secouru en raison de cette zone d’exclusion. Présentement, les personnes qui s’aventurent dans ce secteur le font à leurs risques et périls, sans le savoir, puisqu’il n’y a aucune signalisation », déplore le conseiller municipal Abdelhaq Sari, porte-parole de l’opposition officielle en matière de sécurité publique.

Cette demande fait suite au dépôt, jeudi, d’un rapport de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) sur la mort du pompier Pierre Lacroix, au cours d’une opération de sauvetage de plaisanciers dans les rapides de Lachine.

Le rapport souligne le manque de formation des pompiers pour les opérations de sauvetage nautique et soulève des questions sur les bateaux utilisés par le Service de sécurité incendie de Montréal (SIM), qui ont depuis été mis hors service.

CARTE FOURNIE PAR LE SERVICE DE SÉCURITÉ INCENDIE DE MONTRÉAL

Zone où les pompiers ne doivent pas intervenir pour effectuer des sauvetages nautiques, puisque la navigation dans ce secteur peut être dangereuse pour leur sécurité

La CNESST révèle aussi que, depuis 2010, les pompiers ne doivent pas intervenir pour des sauvetages dans une zone non balisée des rapides de Lachine. Cette zone, située autour de l’île aux Hérons, de l’île aux Chèvres et de l’île au Diable, fait environ 14 kilomètres.

Lors de l’accident qui a coûté la vie à Pierre Lacroix, le bateau des pompiers se trouvait à l’intérieur de la zone interdite à la navigation.

« L’embarcation se retrouve dans un secteur où il y a des rapides de classe IV et V. Le [bateau des pompiers], en raison de sa classification, ne doit pas intervenir dans ce secteur, car les limites de navigabilité sont dépassées, ce qui expose l’équipage à un danger de renversement de l’embarcation », indiquent les enquêteurs de la CNESST.

Absence d’avertissements

Or, souligne l’opposition, rien ne signale aux plaisanciers la zone dans laquelle ils ne doivent pas s’aventurer, ce qui représente un réel danger pour leur sécurité.

« La mairesse [Valérie Plante] encourage les Montréalais à faire des activités nautiques, mais quand on envoie des gens quelque part, il faut s’assurer que leur sécurité n’est pas en jeu », affirme Abdelhaq Sari.

Devant ces inquiétudes, un porte-parole de la Ville de Montréal répond que les responsables sont encore en train de prendre connaissance du rapport d’enquête de la CNESST.

« Rappelons que la pratique du surf sur la vague à Guy est une activité à risque et ceux qui la pratiquent le font en connaissance de cause », indique Gonzalo Nunez, responsable des communications, dans une réponse écrite. « Hors saison, soit du 16 octobre au 30 avril, il est interdit de pratiquer des activités nautiques sur la vague à Guy », ce qui est indiqué par de l’affichage sur place.

M. Nunez rappelle que la Garde côtière canadienne est l’organisme responsable de la gestion des voies navigables, des aides à la navigation et des renseignements sur la navigation, alors que le SIM agit en soutien pour des interventions de sauvetage nautique.

L’opposition demande aussi une enquête indépendante externe sur la gestion et le climat de travail au sein du SIM, à la suite de la diffusion d’un reportage jeudi à Radio-Canada sur le décès de Pierre Lacroix. Le reportage présentait des témoignages de pompiers et d’instructeurs nautiques indiquant que leurs préoccupations n’avaient pas été écoutées, pendant plusieurs années, au sujet des problèmes avec les embarcations et du manque de formation.

« Les allégations soulevées dans le reportage médiatique d’enquête sont préoccupantes. Nous avons confiance que l’enquête de la CNESST et notre enquête interne, jumelées à l’enquête publique du coroner, nous aideront à faire toute la lumière sur cette affaire, » a réagi, dans une déclaration écrite, le responsable de la sécurité publique au comité exécutif de la Ville de Montréal, Alain Vaillancourt.