Les entrées aux stations de métro de Longueuil et de Laval ont chuté après la réforme tarifaire de cet été, montrent des données obtenues par La Presse. La hausse du coût du passage est probablement en cause, selon des experts.

Le prix d’un billet de métro à ces stations est passé de 3,50 $ à 5,25 $ le 1er juillet dernier dans le cadre de la réforme tarifaire de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM).

Le nombre moyen d’entrées quotidiennes a ensuite chuté de 16,2 % par rapport à juin aux quatre stations situées hors de l’île de Montréal. Alors qu’on enregistrait en moyenne plus de 32 000 entrées en juin aux stations Cartier, De la Concorde, Montmorency et Longueuil–Université-de-Sherbrooke, ce nombre est passé à moins de 28 000 en juillet.

La hausse des tarifs « semble être la cause la plus plausible » de cette baisse de l’achalandage, selon Kevin Manaugh, professeur au département de géographie de l’Université McGill, à qui La Presse a demandé de commenter les données. « Il s’agissait d’une augmentation substantielle du prix. Beaucoup de gens seraient susceptibles de trouver des alternatives. »

Pas de baisse comparable les années précédentes

Afin d’écarter la possibilité que ce ne soit qu’un effet saisonnier, La Presse a comparé les mois de juin et juillet des années précédentes jusqu’à 2019. Il n’y a eu aucune baisse comparable des entrées quotidiennes entre les mois de juin et juillet sur cette période.

En 2019, avant les perturbations entraînées par la pandémie, on constate une baisse de l’achalandage de seulement 4,3 % entre juin et juillet. En 2020, il y a eu une hausse importante des entrées quotidiennes, dont la moyenne pour ces stations a monté de 33,8 % de juin à juillet. Cette hausse coïncide avec l’assouplissement de nombreuses mesures sanitaires à la fin de la première vague de COVID-19, dont l’autorisation des rassemblements privés et la reprise de presque tous les secteurs économiques.

Le mois de juin 2021 a également été marqué par la levée de certaines restrictions sanitaires, et on observe une hausse de 3,4 % du nombre moyen d’entrées quotidiennes en juillet par rapport à juin.

Pour ces deux mois en 2022, le seul changement dans les mesures sanitaires a été la levée de l’obligation de porter le masque dans les transports en commun le 18 juin.

« D’autres explications [que la hausse du prix] sont peu probables » pour expliquer la baisse d’achalandage, selon le professeur Manaugh, pour qui cet effet était entièrement prévisible. « Une forte augmentation comme celle-ci est susceptible de rendre un service beaucoup moins désirable », note-t-il.

Ugo Lachapelle, du département d’études urbaines et touristiques de l’Université du Québec à Montréal (UQAM), abonde dans le même sens. « Les tarifs affectent les usagers (tout du moins ceux qui ne sont pas entièrement dépendants du transport en commun) et en ce sens, on pouvait s’attendre à ce genre de situation », explique-t-il.

Une autre experte en mobilité de l’UQAM, Paulhiac Scherrer, estime cependant qu’il est « difficile » de procéder à une telle comparaison, puisque nous sommes « encore dans une période d’incertitudes » liées au télétravail, notamment.

Plusieurs facteurs, selon la STM

Pour la Société de transport de Montréal (STM), « il faut faire attention avant de sauter à ce type de conclusion, car il y a plusieurs autres facteurs qui influencent l’achalandage » et « il est difficile d’isoler l’impact de chaque facteur ».

La porte-parole Amélie Régis soumet que la saisonnalité et d’autres facteurs « comme la météo qui influence grandement les déplacements discrétionnaires, la tenue ou non d’évènements, la pandémie et les changements de comportements (ex. : télétravail) peuvent également expliquer certaines variations ».

Elle n’a pas répondu aux questions de La Presse concernant la prévisibilité d’une baisse de l’achalandage face à la hausse des tarifs ou une éventuelle remédiation pour aller chercher les usagers potentiellement perdus.

Fin août, l’ARTM a annoncé que certains tarifs allaient être revus en octobre, incluant le passage aux stations de métro de Longueuil et de Laval, après que la hausse eut fait de nombreux mécontents. Le prix du passage y passera donc de 5,25 $ à 4,50 $.