Les tarifs du transport collectif augmenteront de 2 % cette année dans le Grand Montréal, malgré la tendance inflationniste. Dès le 1er juillet, il faudra aussi oublier les titres de transport par villes, pour faire place aux titres « métropolitains ». Tout usager déboursera ainsi entre 94 $ et 255 $ mensuellement pour se déplacer à travers le réseau, en fonction du nombre de zones empruntées quotidiennement.

« On va y aller de façon graduelle quant au retrait de certains titres. On veut éviter pour les clients un changement trop brusque », a indiqué jeudi le directeur Affaires publiques de l’Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM), Michel Lemay. Il avoue toutefois que l’arrivée du Réseau express métropolitain (REM) sur la Rive-Sud, à l’automne, provoquera plusieurs « changements d’habitude ».

Essentiellement, cette refonte regroupera quatre zones dans le Grand Montréal : la zone A (agglomération de Montréal), la zone B (Laval et agglomération de Longueuil), et les zones C et D (couronnes nord et sud). Deux principaux titres demeureront : l’un « tous modes », qui permettra d’utiliser le métro, le REM, le bus et les trains de banlieue, et un autre appelé « bus partout », pour utiliser tous les réseaux de bus dans la région métropolitaine. Des titres de bus « spéciaux liés au REM » seront aussi offerts au besoin.

Ainsi, un Montréalais qui paie actuellement 90,50 $ pour un titre mensuel de la Société de transport de Montréal (STM) devra passer au titre « tous modes A » pour circuler sur l’île, qui lui coûtera 94 $. Un titre « tous modes AB » coûtera 150 $, tandis qu’il faudra débourser 184 $ pour un titre « tous modes ABC » et 255 $ pour un titre « tous modes ABCD ». La plupart des nouveaux tarifs, sauf exceptions, constituent une « réduction de prix » pour l’usager, affirme l’ARTM.

Un usager qui passait d’une couronne à Montréal, jusqu’ici, il devait se demander s’il prenait le bus ou train, et une fois à Montréal, s’il prenait correspondance ou non avec le métro. Avec les nouveaux titres, ces questions-là seront évacuées.

Antoine Perron, analyste tarification et développement de l’ARTM

Tous les réseaux d’autobus de Montréal, Laval et Longueuil seront quant à eux regroupés sous un même « Titre bus », qui coûtera 105 $ par mois. Il s’agit d’une « moyenne » des prix des trois sociétés de transport et d’exo, qui supervise plusieurs réseaux d’autobus locaux en banlieue. Dans tous les cas, le titre « unitaire » — pour un seul billet — sera maintenu à 3,50 $ dans toutes les zones. Dix billets coûteront 3,15 $ l’unité, peu importe le titre ou la zone.

Hausse des prix de 2 %

Même si elle est « indépendante » de la refonte tarifaire, l’indexation des prix sera encore une fois à la hausse cette année dans le Grand Montréal. Les prix augmenteront en effet de 2 % de manière générale, à compter du 1er juillet. « Il ne faut pas confondre la refonte et l’ajustement des tarifs. La refonte, elle, n’a pas pour but d’augmenter nos recettes. On veut faire une refonte à revenus constants », assure Michel Lemay.

Ce dernier reconnaît toutefois que le financement du transport collectif est en « crise ». Au début d’avril, son groupe disait d’ailleurs vouloir « s’asseoir avec le gouvernement du Québec » afin de créer « rapidement » un chantier de réflexion sur le financement du transport collectif, qui se trouve dans un cul-de-sac après une pandémie qui continuera de lui coûter des centaines de millions pendant des années.

« Les coûts du transport collectif augmentent plus rapidement que les tarifs. Oui, on pense aux usagers, mais il y a aussi tout un chantier qui se poursuit pour repenser le financement de notre industrie à terme. Les dépenses augmentent de plus que 2 % par les temps qui courent, c’est certain », a insisté M. Lemay.

Inquiétudes sur la Rive-Sud

Les prix de certains titres plus avantageux devront toutefois être augmentés de façon « graduelle » entre le 1er juillet prochain et l’arrivée du REM sur la Rive-Sud, avoue l’ARTM. Par exemple, un usager du Réseau de transport de Longueuil (RTL) paie actuellement entre 100 et 105 $ mensuellement. Or, le titre qui sera nécessaire pour utiliser les autobus et le REM sera le « tous modes AB », qui coûte 150 $, une différence de 45 $. « À l’arrivée du REM, le quart de cette différence-là de 45 $ être ajouté aux 105 $, puis on fera la même chose en 2023, en 2024 et en 2025 », avance Antoine Perron.

Malgré ces hausses, l’Autorité ne craint pas de perdre des usagers. « Les nouveaux titres donnent accès à plus de services, plus de flexibilité, avec une seule transaction. Et dans beaucoup de cas, le titre va coûter moins cher », insiste Michel Lemay, pour qui la refonte tarifaire permettra « de gagner des usagers ».

L’Association pour le transport collectif de la Rive-Sud, elle, a dénoncé jeudi que le montant que devront débourser les usagers de métro à Longueuil et à Laval pour un titre unitaire passera de 3,50 $ à 5,25 $, dès le 1er juillet. « Pour un couple qui prend le métro à Longueuil pour se rendre à Montréal, on parle d’une vingtaine de dollars pour un déplacement. À ce prix-là, l’automobile devient très concurrentielle, » fustige le porte-parole de l’organisme, Axel Fournier.

En savoir plus
  • 700
    À terme, la refonte tarifaire de l’ARTM, qui avait déjà été partiellement implantée l’an dernier sur les couronnes, fera passer de plus de 700 titres de transport différents à une centaine. On passera aussi de 17 grilles tarifaires à une seule.
    ARTM