Une fillette présentant un trouble du spectre de l’autisme pourra garder son chien malgré le refus initial de la propriétaire de l’immeuble où elle habite, a conclu le Tribunal administratif du logement.

« Je suis vraiment soulagée de pouvoir garder le chien. Olivia est très contente aussi », s’est exclamée Larissa Jean-Baptiste, mère de la jeune fille. Depuis des mois, Mme Jean-Baptiste souhaitait que sa fille de 11 ans puisse garder son petit chien dans leur logement de Verdun, où ils habitent depuis neuf ans.

Quelques années plus tôt, une travailleuse sociale avait suggéré à la famille d’adopter un chien, afin de réduire le stress et l’anxiété de leur fille Olivia, présentant un trouble du spectre de l’autisme. Mais les démarches pour obtenir un chien d’assistance s’étaient avérées ardues. « Les listes d’attente pour tous les programmes étaient fermées. On ne pouvait même pas s’inscrire », dit Larissa Jean-Baptiste.

C’est le cas notamment du programme de chien d’assistance pour les enfants présentant un trouble du spectre de l’autisme de Mira.

On a fermé la liste il y a deux ans, parce qu’il y avait déjà quatre ans d’attente.

Sara Pontbriand, responsable des communications à la Fondation Mira

Même son de cloche pour Les Chiens Togo, qui offre ses services aux personnes présentant un trouble d’anxiété généralisée, de stress post-traumatique ou du spectre de l’autisme. « Nous avons présentement trop de familles et de bénéficiaires en attente et tant que notre liste ne sera pas allégée, nous ne serons en mesure d’accepter de nouvelles personnes dans notre programme », peut-on lire dans un message automatique en réponse au courriel de La Presse.

Une décharge jugée « abusive »

En septembre 2020, après des mois de recherches, une amie de la famille leur a offert Mafalda, une petite chienne séniore de race Yorkshire. Olivia était ravie. « Pour un enfant autiste, la prévisibilité est importante, donc le fait qu’elle connaissait déjà le chien, qu’elle l’avait déjà rencontré et qu’elle l’aimait, c’était déjà très avantageux pour elle », dit Mme Jean-Baptiste.

À l’époque, la travailleuse sociale avait suggéré un chien calme, de taille moyenne, que la fillette pourrait prendre dans ses bras. Mafalda répondait à tous les critères. La mère s’est donc empressée d’avertir leur propriétaire par courriel de l’adoption du canidé. « Elle a tout de suite dit non et m’a invitée à trouver un autre logement », se remémore-t-elle.

Mme Jean-Baptiste lui a proposé de lui fournir les documents médicaux prouvant les bénéfices pour sa fille d’obtenir l’animal. En réponse, la propriétaire lui a plutôt demandé un dépôt de 2500 $, indique la femme.

Elle ne voulait pas qu’on abîme le plancher. Je me suis informée de mes droits et j’ai vu que ce n’était pas légal.

Larissa Jean-Baptiste

La propriétaire a finalement admis que la situation est exceptionnelle et a accepté que la famille ait un chien de race Yorkshire, à condition d’y signer une décharge. Les clauses comprenaient notamment l’obligation de faire sabler et vernir le plancher s’ils sont endommagés par les griffes et l’obligation que l’animal ne perturbe pas la quiétude des autres locataires. En cas de mort de l’animal, la locataire ne pourrait le remplacer à moins d’avoir obtenu de nouveau l’autorisation du propriétaire.

Pour Mme Jean-Baptiste, il n’était pas question de signer cette décharge, qu’elle jugeait « abusive ». Après avoir discuté avec l’Office des personnes handicapées du Québec et la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse, elle a décidé d’entamer des démarches auprès du Tribunal administratif du logement.

Une entente légale

À la fin d’avril, le TAL en est venu à une décision. La jeune Olivia a obtenu le droit de conserver son chien, au grand bonheur de toute la famille.

Dans la décision, que La Presse a consultée, il est stipulé que « la locatrice permet aux locataires de conserver leur chien de race Yorkshire pour les besoins de leur fille vivant avec le spectre de l’autisme. Les locataires pourront remplacer sans l’autorisation de la locatrice l’animal par un chien d’une grandeur équivalente ou encore par une race de chien recommandée par des spécialistes ou professionnels travaillant avec des personnes vivant avec le spectre de l’autisme ».

« J’ai gagné le chien pour ma fille, mais j’ai aussi gagné la paix d’esprit », se réjouit Mme Jean-Baptiste.

Cette histoire m’a rendue malade. C’est déjà très stressant et exigeant d’avoir une enfant autiste. Toutes ces démarches m’ont donné de l’anxiété, des maux de ventre et de l’insomnie.

Larissa Jean-Baptiste

Elle espère que son histoire pourra aider d’autres familles.

« Je souhaite que mes actions contribuent à aider tous les autres parents d’enfants autistes ou handicapés, afin qu’ils n’aient pas à vivre des abus ou de la discrimination de la part de leur propriétaire », conclut-elle.