Projet Montréal, le parti de la mairesse Valérie Plante, est sorti de la dernière campagne électorale sans dette et commence déjà à garnir ses coffres en vue de son prochain rendez-vous avec les électeurs. C’est toutefois une toute autre réalité pour le parti de l’opposition, Ensemble Montréal, qui se trouve dans une période de transition.

Selon ses états financiers, qui ont été dévoilés lundi, le parti au pouvoir a en effet recueilli des dons records de 462 600 $ en 2021. Même si la campagne électorale de l’automne dernier lui a coûté 1,4 million, Projet Montréal se retrouvait avec des actifs nets de 349 000 $ à la fin de l’année.

Le parti se réjouit surtout de voir un afflux de dons de moins de 50 $, ce qui dénote, selon le directeur des communications, Francis Khoury, un soutien populaire diversifié, de la part de citoyens dans toutes les tranches de revenus.

« En plus d’avoir vécu une victoire étincelante aux élections municipales, notre parti a reçu un soutien record de la part de la population issue des 19 arrondissements montréalais », a souligné la mairesse Valérie Plante, par voie de communiqué de presse. « Derrière les résultats financiers que le parti présente aujourd’hui, je vois la manifestation de la confiance des Montréalais de tous les horizons envers notre équipe et notre vision », a-t-elle aussi indiqué.

Une pente à remonter pour Ensemble Montréal

L’ancien parti de Denis Coderre, Ensemble Montréal, est quant à lui sorti des dernières élections avec une dette de plus de 765 000 $, comme l’a précédemment rapporté La Presse.

Un remboursement du Directeur général des élections (DGE), qui viendra cette année, permettra toutefois de dégager 450 000 $. En ajoutant une marge de crédit de 80 000 $, un prêt bancaire de 271 000 $ et des prêts auprès des électeurs de 130 600 $ – mais en soustrayant les bénéfices d’activités de financement –, le parti estime que sa dette sera de 481 600 $.

Comme Projet Montréal, Ensemble Montréal a aussi dépensé près de 1,4 million de dollars lors de la dernière campagne municipale. Le parti promet toutefois se reconstruire et de « passer au vert » d’ici la fin 2024. Des dons « records » de 607 000 $ ont d’ailleurs été versés à Ensemble Montréal l’an dernier.

Aref Salem, le chef de l’opposition, compte recadrer la formation. Il promet de « mettre l’accent sur la collecte des fonds » sans toutefois « augmenter la dette aux particuliers » du parti, par des activités de mobilisation des membres, des campagnes de financement et une large opération de redéfinition du parti, a-t-il expliqué à La Presse.

Pourquoi ce contraste ?

Pour l’experte en gestion métropolitaine et municipale à l’Université du Québec à Montréal (UQAM), Danielle Pilette, la réalité est que de « demeurer dans le vert pour un parti au pouvoir, c’est tout à fait normal ». « Ça se redresse rapidement quand on dirige la Ville. Ce n’est pas la même réalité du tout », observe-t-elle.

« Pour ce qui est d’Ensemble Montréal, il y a beaucoup d’efforts qui ont été faits avant la dernière campagne pour redresser les finances du parti, mais c’est un parti en transition. Il y a aussi le contexte pandémique qui a été en obstacle au repositionnement véritable de ce parti », rappelle Mme Pilette, pour qui la multiplication des « petits partis », notamment Mouvement Montréal, a « probablement nui » au financement de la formation dirigée par Aref Salem.

L’experte dit « croire au redressement » d’Ensemble Montréal, pour autant que celui-ci « parvienne à trouver une relève crédible aux yeux de l’ensemble de la population ».

« C’est ainsi qu’on pourra répondre au défi territorial du parti : celui de ne plus être cantonné aux périphéries, et d’être vraiment présent dans les quartiers centraux », conclut-elle à ce sujet.