Des travaux de 93 millions annoncés à la station d’épuration de Montréal, située à Rivière-des-Prairies, permettront de réduire les rejets de virus, de bactéries et de résidus pharmaceutiques dans le fleuve, mais entraîneront à court terme des débordements d’eaux usées et d’eau de pluie dans les cours d’eau.

Cependant, ces déversements seront beaucoup moins importants que ceux de l’automne 2015, lors de l’épisode connu sous le nom de « flushgate », assure Chantal Morissette, directrice du service de l’eau de la Ville de Montréal.

« La situation est complètement différente de celle de 2015 », a affirmé Mme Morissette mercredi matin, devant les membres du comité exécutif. « En 2015, on a dû fermer complètement l’intercepteur sud-est. Donc, pendant quatre jours consécutifs, on rejetait de l’eau sanitaire de façon continue, en période de temps sec. »

On avait alors déversé 4,9 millions de mètres cubes d’eau usée dans le fleuve pendant 89 heures consécutives.

Cette fois-ci, on prévoit rejeter, dans le fleuve Saint-Laurent et la rivière des Prairies, 13 millions de mètres cubes d’eaux usées mélangées à l’eau de pluie, mais sur une période estimée à 141 heures non consécutives sur 360 jours, seulement en période de fortes averses ou de fonte rapide des neiges, a-t-elle expliqué.

« Normalement, en période de fortes pluies, l’usine peut traiter l’équivalent de trois Stades olympiques par jour, alors que pendant la période des travaux, on va pouvoir traiter jusqu’à deux Stades olympiques par jour, » illustre la directrice du service de l’eau.

« En tout temps, on va continuer à traiter. Et quand on va déverser les eaux usées autour de l’île de Montréal, ça ne sera qu’en période de fortes pluies. »

Les déversements se produiront pendant deux périodes de six mois, soit du 1er novembre 2022 au 30 avril 2023, et du 1er novembre 2023 au 30 avril 2024, afin de mener à bien les travaux, qui se termineront en 2025.

Désinfection à l’ozone

Les travaux visent à implanter un procédé de désinfection des eaux usées à l’ozone à la station d’épuration J.-R.-Marcotte, qui deviendra ainsi la plus grande usine de ce type au monde.

Ce procédé permettra la réduction de près de 100 % des virus et des bactéries et de 75 % à 85 % des résidus pharmaceutiques qui se trouvent dans l’eau traitée rejetée au fleuve.

Le comité exécutif de la Ville de Montréal a autorisé, mercredi, un contrat de 93,2 millions à l’entreprise Pomerleau pour la réalisation de cette phase des travaux.

« Avec l’octroi de ce contrat, nous entamons une phase importante du plus important projet environnemental des dernières décennies à Montréal », a déclaré Maja Vodanovic, responsable de l’eau au comité exécutif, par voie de communiqué.

« C’est le fleuve et son écosystème qui en seront les grands gagnants, et ce, de l’extrémité de l’île de Montréal jusqu’au lac Saint-Pierre. Ce projet est attendu depuis des années par les groupes environnementaux. Au total, la station de Montréal s’occupe de traiter 45 % des eaux domestiques de la province, c’est tout l’écosystème marin québécois qui va en bénéficier. »

La mairesse de l’arrondissement de Rivière-des-Prairies–Pointe-aux-Trembles, Caroline Bourgeois, s’est réjouie du fait que les déversements se produiront pendant la période hivernale, afin de ne pas nuire aux activités nautiques dans ce secteur.

En savoir plus
  • 696,2 millions
    Budget total pour le projet de désinfection des eaux usées
    Service de l’eau de la Ville de MOntréal