Valérie Plante resserre son contrôle sur l’hôtel de ville et ses instances chargées d’éviter les dérapages éthiques, dans la foulée de sa victoire électorale.

Pour la première fois depuis l’ère Tremblay, l’administration municipale a exclu les élus de l’opposition du comité de vérification financière de Montréal et s’est réservé la présidence de la commission qui chapeaute le Bureau de l’inspecteur général (BIG).

Le chef de l’opposition s’inquiète d’un « recul de la transparence » à Montréal, alors que Mme Plante assure « travailler avec ouverture ».

En 2010, alors que les scandales gangrenaient l’hôtel de ville de Montréal et à la suite d’un rapport critique du vérificateur général, le comité de vérification avait recommandé l’entrée de l’opposition parmi ses membres. La décision devait garantir « une plus grande transparence » et « une meilleure gouvernance », dixit le maire Gérald Tremblay.

Sa recommandation a été suivie jusqu’à aujourd’hui. La nomination de trois élus de Projet Montréal mercredi dernier semble toutefois confirmer que l’opposition n’aura dorénavant pas de chaise autour de cette table. Des maires de villes défusionnées et des experts indépendants y siègent toutefois.

La Commission sur l’inspecteur général, pour sa part, n’a jamais été présidée par l’administration depuis sa création en 2013. C’est maintenant Jérôme Normand, un élu de Projet Montréal dans Ahuntsic-Cartierville, qui a pris le relais.

« Un problème majeur »

Pour Aref Salem, le chef de l’opposition à l’hôtel de ville, ces décisions marquent un glissement inquiétant de l’administration Plante.

« On est en train de gérer la transparence au niveau de la Ville », a-t-il dit. « On s’entend qu’on a eu des moments très difficiles avant 2013. Pour ne pas tomber dans cette perception de manque de transparence, on a nommé l’opposition dans des positions [importantes]. On a créé une certaine tradition. »

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Aref Salem, chef de l’opposition à l’hôtel de ville

À son avis, « ça n’a pas d’allure qu’il n’y ait pas un membre de l’opposition qui vérifie le budget de la Ville », a-t-il dit, au sujet du comité de vérification. Il voulait y renouveler le mandat du maire de Saint-Laurent, Alan DeSousa, qui est comptable agréé.

La présidence de la Commission sur l’inspecteur général ne devrait pas être entre les mains de l’administration surveillée par ce même inspecteur général, a-t-il continué. En tant que président de commission, « on peut jouer avec les dates des réunions, on peut contrôler l’ordre du jour des réunions, il y a des choses qui peuvent – à la limite – ne pas être fournies aux commissaires », a dit M. Salem. « C’est là qu’il y a un problème majeur. »

Dans une déclaration écrite, le cabinet de la mairesse a fait valoir que les sièges des comités du conseil municipal avaient été attribués « équitablement en fonction des résultats électoraux ».

L’équipe de Mme Plante a fait valoir qu’il n’existait pas de « tradition proprement dite » quant à la présence de l’opposition dans le comité de vérification ou à la présidence de la Commission sur l’inspecteur général. « Notre administration a toujours travaillé avec ouverture avec tous les partis représentés et nous continuerons à le faire », a indiqué Marikym Gaudreault, attachée de presse.

Elle en a profité pour reprocher à Ensemble Montréal ses choix de nomination. « Sur les 11 postes mieux rémunérés de président et vice-président des commissions, Ensemble Montréal a nommé seulement 2 femmes, soit 18 % », a-t-elle écrit. « Nous enjoignons respectueusement [à] Ensemble Montréal [de] faire un effort. »