Une cinquantaine de personnes ont défilé samedi après-midi dans les rues des secteurs de Villeray et de Parc-Extension, à Montréal, pour dénoncer les « rénovictions ». Les organisateurs de la manifestation appellent les instances politiques à reconnaître la crise du logement, dans un contexte de surchauffe du marché locatif de la métropole.

Les manifestants se sont réunis sous le soleil au parc Jarry avant de défiler dans les rues de Montréal. Munis de pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Parc-Ex dans la rue », « À Villeray, résister pour y rester », de nombreux locataires ont voulu lancer un cri du cœur.

L’évènement était organisé par l’Association des locataires de Villeray (ALV) et le Comité d’action de Parc-Extension (CAPE). Selon ces deux organismes, de plus en plus de locataires sont aux prises avec des « rénovictions ».

Nicole Bissonnette et sa fille Karine sont menacées d’éviction de leur logement, qu’elles habitent depuis 28 ans. « On est tous un peu sur les nerfs tout le temps », a affirmé Karine, en décrivant l’incertitude de leur situation.

Jocelyne Delugré, septuagénaire, se bat depuis deux ans contre les rénovictions dans son immeuble. « Il faut que les maires s’intéressent à leur quartier, qu’ils fassent quelque chose et qu’ils construisent des appartements à prix modique, s’est exclamée la dame. Nous ne sommes pas tous des millionnaires. »

« Depuis août 2020, on a plus de 60 dossiers de rénoviction ou d’éviction. En ce moment, on est en train de suivre 45 locataires pour des dossiers de rénoviction ou d’éviction », a déclaré Celia Dehouche, organisatrice communautaire pour le CAPE.

Le terme « rénoviction » est utilisé lorsque des propriétaires effectuent des travaux majeurs dans un immeuble et enjoignent aux locataires de quitter leur logement, pour ensuite augmenter le prix de leur loyer. Parfois, les anciens occupants de l’appartement ne sont pas en mesure de payer le nouveau prix et se retrouvent sans toit.

« La réponse, elle est politique. Au rythme où va le marché actuellement, on ne peut pas s’y fier pour prendre soin des locataires à faible revenu, surtout à l’approche du 1er juillet », a affirmé Charles Castonguay, organisateur communautaire pour l’ALV. Il en appelle à une plus grande protection du marché locatif, mais aussi à un contrôle des loyers.

« On veut maintenir la pression sur un gouvernement qui ne reconnaît toujours pas qu’il y a une crise du logement, a plaidé M. Castonguay. Dans les quartiers centraux de Montréal, ça fait très longtemps qu’on est en crise du logement. »

Des gens sont également venus offrir leur soutien aux locataires aux prises avec des menaces d’éviction.

« Moi non plus, je ne veux pas être dans cette situation dans quelques années », a déclaré Louai Hamida, qui s’est présenté à la manifestation par solidarité. « La Ville ne fait rien pour ça. On voit [la crise du logement] à Toronto et à Vancouver », a-t-il déploré, craignant que la hausse des prix des loyers perdure.

Selon un rapport de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL) paru en janvier 2021, le taux d’inoccupation des logements sur l’île de Montréal est de 3,2 %.