Le restaurant où vous venez de vous attabler a-t-il commis des manquements graves en matière de salubrité ? Impossible à savoir, à moins de vous lancer dans des recherches laborieuses.

À l'instar de grandes villes comme New York, Paris et Toronto, Montréal devrait pouvoir forcer ses établissements alimentaires à afficher en vitrine le résultat de leurs inspections de salubrité. C'est ce que demande l'opposition officielle à l'hôtel de ville, Ensemble Montréal, qui déposera une motion pour en débattre au prochain conseil municipal.

Insectes, excréments de rongeurs, infections alimentaires, températures de conservation inadéquates : environ 3 % des 14 000 restaurants et épiceries de Montréal ont été poursuivis l'an dernier pour manquements graves. Et à 277 reprises, l'an dernier, les inspecteurs de la Ville de Montréal ont dû fermer sur-le-champ, pour une période de cinq jours, des établissements qui représentaient un danger imminent pour la santé de leurs clients.

Pour un système « clair et cohérent »

À moins d'éplucher les décisions de la Cour municipale de Montréal, d'effectuer des demandes d'accès à l'information ou de tomber par hasard sur un reportage accablant dans les médias, vous ne saurez jamais qui sont les fautifs et ce qu'on leur reproche. Le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation du Québec (MAPAQ) dresse aussi une carte, sur son site internet, qui situe les établissements qui ont reçu un constat d'infraction au cours des deux dernières années, mais les résultats sont affichés pêle-mêle et comprennent toutes les infractions mineures. Autrement dit, c'est comme chercher une aiguille dans une botte de foin.

Ce système n'est pas très convivial, estime la leader de l'opposition officielle, Karine Boivin-Roy. Cette dernière souhaite la mise en place d'un système « clair, cohérent et facile à comprendre ».

À Toronto, par exemple, les clients des établissements alimentaires sont informés par une affiche verte, jaune ou rouge selon les résultats de leur dernière inspection, et ce, depuis 2010. À New York, il existe un système de notation par lettre du niveau de salubrité des restaurants, tandis qu'à Paris, vous serez accueillis par une échelle de « bonshommes sourire ».

« L'idée d'avoir une campagne d'affichage, c'est que c'est très simple. Lorsque l'on arrive devant la devanture d'un restaurant ou d'un autre établissement, on le voit tout de suite », a expliqué hier Mme Boivin-Roy, lors d'un point de presse à l'hôtel de ville.

« On pense que pour nos 31 inspecteurs, ça va tout simplement leur donner un coup de pouce dans leur travail parce que les études démontrent qu'une fois les systèmes d'affichage mis en place, il y a moins d'infractions. La relation de confiance avec les restaurateurs est aussi agrandie avec les citoyens », a ajouté la conseillère municipale.

La mise en place d'un tel système d'affichage ne nécessite pas un changement législatif, dit-elle. Cependant, l'accord du MAPAQ serait nécessaire.