La police s'intéresse à une cellule d'extrême gauche qui appelle à s'attaquer aux ouvriers du chantier du futur centre de détention pour immigrants du fédéral, à Laval.

Un bureau d'architectes impliqué dans le projet avait déjà été la cible d'un déversement d'insectes le printemps dernier.

Cette fois, d'autres cibles potentielles sont désignées. « Différentes formes d'attaques dirigées envers ceux qui veulent la construire, ceux qui en dessinent les plans, ceux qui versent le ciment, ceux qui ont l'intention d'y enfermer des gens, ceux qui en bénéficient sont indispensables », affirment les auteurs d'un communiqué diffusé cette semaine par une plateforme d'extrême gauche.

Le nouveau bâtiment devrait être inauguré en 2020, près de l'intersection de l'A440 et de la montée Saint-François. Il devrait remplacer l'actuel centre de détention établi tout près, jugé vétuste, et coûter 56 millions.

POLICE SUR LE QUI-VIVE

Le texte ne précise pas en quoi les « attaques » consisteraient, sinon qu'il doit s'agir de « confrontation directe ». Le groupe demeure anonyme, se limitant à préciser qu'il est constitué de « personnes blanches, né.es au Canada ».

Le texte a attiré l'attention des policiers lavallois, a indiqué la porte-parole du Service de police de Laval (SPL).

« Notre section renseignement était au courant », a affirmé Evelyne Boudreau par courriel. « Ils avaient informé les policiers du secteur. Aucun incident ou événement ne nous a été rapporté. »

Dans son appel à l'action, le groupe explique être motivé par son dégoût par rapport aux actions du gouvernement fédéral. « L'État expulse de plus en plus de gens et souhaite accroître ses capacités à le faire », dénoncent-ils. La construction d'un nouveau centre de détention, « c'est de la provocation, un acte de confrontation, une atteinte aux personnes sans-papiers, une attaque contre nos communautés ».

Le gouvernement fédéral a accordé, à la fin de l'été dernier, un contrat d'excavation sur le site de centre.

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) n'a pas voulu commenter le dossier hier.

PRÉCÉDENTE ATTAQUE AUX CRIQUETS

La lettre du groupe anonyme a été diffusée sur la plateforme Montréal Contre-Information, utilisée par des militants d'extrême gauche de la métropole pour appeler à l'action et se vanter de leurs exploits.

C'est sur ce site qu'avait été revendiqué le déversement d'une grande quantité de criquets visant le cabinet d'architectes Lemay, à Montréal. La firme a obtenu deux contrats totalisant 5 millions (en coentreprise avec une société de Québec) en vue de la construction du nouveau centre de détention.

Les responsables de l'attaque s'étaient finalement trompés de cible, et les insectes avaient abouti dans les locaux d'une firme d'ingénierie qui occupe une partie du bâtiment du cabinet d'architectes.

PLATEFORME SOUS SURVEILLANCE

Le site Montréal Contre-Information fait l'objet d'efforts de la part du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) pour tenter de retrouver les militants qui y admettent avoir commis des gestes criminels. Des messages y revendiquent par exemple un incendie de plus de 1 million de dollars en dommages matériels en une nuit, se targuent d'avoir infligé des blessures graves à coups de bouteille et d'avoir saboté de la machinerie de construction.

Le site enseigne aussi comment fabriquer des cocktails Molotov et saboter des oléoducs à la perceuse. Il appelle à profiter des tempêtes de neige importantes pour semer le « chaos social ».

La plateforme a été qualifiée de « similaire à un blogue djihadiste » par Maxime Fiset, du Centre de prévention de la radicalisation de Montréal.