Asphaltée depuis quatre jours à peine, une rue de Montréal a dû être rouverte à la suite de la découverte d'une fuite de gaz. Énergir assure qu'il ne s'agit pas de travaux mal planifiés, mais d'une situation d'urgence.

Après deux mois de travaux, les citoyens de la rue Henri-Julien, dans le Plateau-Mont-Royal, pensaient en avoir fini avec les cônes orange jeudi dernier quand Montréal a terminé l'asphaltage de la chaussée. Mais surprise lundi matin alors que des employés d'Énergir, anciennement Gaz Métro, ont commencé à creuser une tranchée dans l'artère.

«Quand les travaux ont pris fin, on se demandait combien de temps ça allait durer. Quatre jours ! Je pense qu'on a un record», a ironisé André Gagné, résidant du secteur.

Énergir assure ne pas avoir creusé dans la chaussée de gaieté de coeur. Lundi matin, une citoyenne a rapporté avoir senti une odeur de gaz, forçant l'entreprise à intervenir. «Nos gens ne sont jamais contents d'ouvrir une rue, particulièrement qui vient d'être refaite, mais la sécurité demeure la priorité», a indiqué David Laureti, conseiller aux affaires publiques pour Énergir.

Une fois la fuite colmatée, le trou a rapidement été bouché. Les appareils de l'entreprise ont toutefois continué à détecter des émanations de gaz, les incitant à poursuivre leurs investigations. Une deuxième tranchée a donc été ouverte un peu plus tard afin de réparer une autre fuite. L'asphalte pour couvrir les deux trous devrait être fait au cours des prochains jours.

«Une situation d'urgence», plaide énergir

Comme les deux fuites sont survenues quelques jours après les travaux d'asphaltage, Énergir croit que les bris pourraient avoir été provoqués par le passage de la machinerie lourde durant le chantier. «Parfois, l'épandage et le compactage du bitume créent une pression, un stress, sur certaines de nos infrastructures. Un branchement sur la conduite principale a été endommagé, on croit, sous l'effet des vibrations des travaux ces derniers temps. Ça arrive de temps en temps après des travaux de cette nature que nos équipements soient endommagés», dit M. Laureti.

Énergir assure qu'il ne s'agit pas d'un cas de travaux mal planifiés, mais bien d'une situation d'urgence. «On a appris du passé à travailler de façon concertée, à planifier les travaux ensemble. Mais dans ce cas-ci, ce n'est pas ce qui s'est produit. C'est une intervention d'urgence, même s'il n'y a pas eu d'évacuation ou ça n'a pas nécessité la présence de pompiers», indique M. Laureti.

Contrairement à Bell, qui a profité du chantier pour remplacer certaines de ses infrastructures souterraines, Énergir n'a pas jugé nécessaire de remplacer sa conduite souterraine.

Le citoyen André Gagné dit comprendre que l'entreprise est intervenue d'urgence. «Quand on a vu les camions [d'Énergir], on a bien compris que c'était sérieux, mais c'est quand même un peu décourageant.»

Facture à venir?

Énergir ne sait pas si la Ville de Montréal lui enverra une facture pour les travaux effectués lundi. La métropole a en effet adopté en avril un règlement prévoyant facturer les «réseaux techniques urbains», comme Bell ou Hydro-Québec, qui effectuent des travaux dans ses artères fraîchement retapées. Le nouveau règlement prévoit même un moratoire interdisant tout chantier pour une période de 3 à 12 ans, selon le type de réfection.

Montréal estime que ce type de travaux raccourcit la durée de vie de ses chaussées. Les incisions dans le bitume créent des faiblesses favorisant l'apparition de nids-de-poule.

La métropole a toutefois prévu une exception pour les travaux urgents, soit ceux réalisés pour éviter de mettre en péril la sécurité des citoyens, de l'environnement ou des équipements.