La COP28 qui se tient aux Émirats arabes unis, un pays pétrolier, sera-t-elle celle qui permettra une entente pour officialiser la nécessité de sortir des énergies fossiles ? Cette deuxième journée a été fertile en rebondissements à Dubaï, où l’industrie pétrolière et gazière est plus présente que jamais.

Ottawa pourrait annoncer son plan pour réduire les émissions du secteur pétrolier

Ottawa pourrait bien annoncer pendant la COP28 son cadre visant à plafonner les émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier au Canada. En conférence de presse à Dubaï, vendredi, le ministre de l’Environnement et du Changement climatique, Steven Guilbeault, a indiqué « que ce sera fait dans un avenir très, très proche ». Le cabinet de M. Guilbeault a précisé à La Presse qu’il y avait de bonnes chances que cette annonce soit faite avant la fin de la COP, qui doit se terminer en principe le 12 décembre prochain. Rappelons que Justin Trudeau s’était engagé en 2021, à la COP26, à imposer un plafond sur ces émissions. Ottawa a déjà précisé qu’il voulait réduire ces émissions de 31 % d’ici 2030, par rapport au niveau de 2005, mais n’a toujours pas déposé son projet de règlement à ce sujet.

Réduire les énergies fossiles ou en sortir ?

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Le président de la COP28, le sultan Ahmed Al-Jaber

Le monde doit réduire son utilisation, voire sortir des énergies fossiles, propose une première version d’un projet d’accord, dévoilé vendredi à la COP28. Le texte sera âprement débattu par les négociateurs de près de 200 pays présents à Dubaï. Les pays doivent préparer une « réduction/sortie des énergies fossiles », propose le texte préparé par le Royaume-Uni et Singapour. Les discussions porteront notamment sur le choix des mots « réduction » (phase down en anglais) ou « sortie » (phase out), plus contraignant. Tel un éléphant dans la pièce, la question des énergies fossiles n’a encore jamais été mentionnée aussi directement dans un projet d’accord international sur le climat. Rappelons que le président de la COP28, Ahmed Al-Jaber, a affirmé jeudi qu’il fallait mentionner « le rôle des combustibles fossiles » dans l’accord final.

« Jamais été si près d’une entente mondiale »

« Le bilan mondial devrait clairement appeler à une sortie et non à une réduction de toutes les énergies fossiles », a déclaré à l’Agence France-Presse la vice-présidente de l’association Global Citizen, Friederike Röder. Selon l’Institut du développement durable et des relations internationales, un groupe de réflexion français, [ce projet] « est plus ambitieux que tout ce qui a été mis sur la table durant la COP27 ». « La COP28 est un grand paradoxe. C’est à la fois une COP où la capture du processus par l’industrie fossile est plus visible que jamais, et une COP où on n’a jamais été si près d’une entente mondiale sur la nécessité d’une sortie des énergies fossiles. Ce paradoxe, ça pourrait très bien être un point d’inflexion historique », a résumé Caroline Brouillette, directrice générale du Réseau action-climat au Canada.

La France appelle le G7 à mettre fin au charbon

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Le président français Emmanuel Macron, en plénière vendredi

Le président français Emmanuel Macron a demandé vendredi aux pays du G7 de « s’engager à mettre fin au charbon » avant 2030 pour « montrer l’exemple ». La poursuite des investissements en faveur du charbon dans le monde entier est « une vraie absurdité » au regard de l’objectif de lutte contre le réchauffement climatique, et « donc nous devons engager un virage absolu » pour en sortir, a plaidé le président français à Dubaï. « Les pays du G7 doivent montrer l’exemple et s’engager à mettre fin au charbon chez eux avant les autres, c’est-à-dire avant 2030 », a-t-il lancé, rappelant l’engagement de la France de fermer sa dernière centrale à charbon « d’ici 2027 ».

Un accord sur l’agriculture

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Récolte de riz dans la province de Jiangsu, en Chine

Les impacts de l’agriculture sur le climat seront davantage pris en compte par plus de 130 pays dans le monde. L’agriculture et la production alimentaire sont en effet responsables du tiers des gaz à effet de serre d’origine humaine à l’échelle planétaire. Avec les États-Unis et la Chine en tête, 134 pays ont adopté une déclaration dans laquelle ils s’engagent à renforcer leurs efforts pour intégrer les systèmes alimentaires dans leurs plans de réduction des émissions de GES. Ces 134 nations produisent 70 % de la nourriture consommée dans le monde et relâchent les trois quarts des émissions associées à l’alimentation.

Le Canada dédommagera les pays vulnérables

Le Canada débloquera 16 millions de dollars pour le nouveau fonds mondial destiné à financer les pertes et dommages associés aux changements climatiques. Ce fonds servira aux pays les plus vulnérables qui réclament de l’aide depuis plusieurs années. Le ministre Steven Guilbeault en a fait l’annonce vendredi à Dubaï. Dès le premier jour de l’évènement, jeudi, les pays membres ont annoncé une entente pour la création de ce fonds. Les Émirats arabes unis, qui accueillent la COP, se sont engagés à verser 100 millions de dollars américains au fonds et l’Allemagne a également promis de débloquer 100 millions de dollars.

Avec l’Agence France-Presse