Québec ajoute quelque 3000 km⁠2 d’aires protégées dans le sud de la province, s’attaquant au « déficit » de protection de la biodiversité dans cette portion du territoire, mais le caribou pourrait devoir attendre aux Fêtes avant de voir la protection de son habitat renforcée.

Ce qu’il faut savoir

  • Le gouvernement protège près de 3000 km2 de territoire dans le sud de la province.
  • L’essentiel de ces futures aires protégées se trouve dans le Bas-Saint-Laurent, en Abitibi-Témiscamingue, en Outaouais et sur la Côte-Nord.
  • Québec s’efforce ainsi de combler un « déficit » de protection du territoire dans le sud de la province par rapport au nord.
  • Le renforcement de la protection de l’habitat du caribou est attendu « d’ici la fin de l’année ».

Onze nouveaux territoires totalisant plus de 2100 km⁠2 ont officiellement été « mis en réserve » à la mi-août et quatre autres totalisant 850 km⁠2 le seront prochainement, annoncera ce mercredi le gouvernement Legault.

Qu’est-ce que « la mise en réserve » d’un territoire ?

La mise en réserve d’un territoire lui confère une protection complète, notamment en y interdisant toute exploitation des ressources naturelles, jusqu’à ce que le type d’aire protégée soit déterminé et adopté. Une entente conclue avec le ministère des Ressources naturelles et des Forêts indique qu’il n’y aura pas non plus d’activités industrielles sur les quatre territoires que Québec annonce vouloir mettre en réserve, a indiqué le ministre Benoit Charette.

L’essentiel de ces futures aires protégées se trouve dans le Bas-Saint-Laurent, en Abitibi-Témiscamingue, en Outaouais et sur la Côte-Nord, là où la superficie de territoire protégé est plus faible que dans le nord de la province.

« On vient s’assurer de protéger le patrimoine naturel dans toute sa diversité », a déclaré à La Presse le ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs, Benoit Charette.

Certains de ces territoires permettront d’agrandir des aires protégées existantes, tandis que d’autres en créent de nouvelles.

Cette annonce « répond à la volonté de combler le déficit [de protection] dans le sud du Québec », a estimé Alain Branchaud, directeur général de la section québécoise de la Société pour la nature et les parcs (SNAP Québec).

PHOTO ALAIN ROBERGE, ARCHIVES LA PRESSE

Alain Branchaud, directeur général de SNAP Québec

C’est quelque chose qu’il faut applaudir.

Alain Branchaud, directeur général de SNAP Québec

« Il y a beaucoup d’oiseaux migrateurs qui vont bénéficier de la protection de pans de territoire de la forêt boréale », observe le biologiste, qui salue notamment la création d’une aire protégée de plus de 850 km⁠2 en Outaouais. « C’est énorme », a-t-il déclaré.

Les sept merveilles du Bas-Saint-Laurent

Québec complète aussi la protection des « sept merveilles du Bas-Saint-Laurent », s’est félicité le ministre Charette.

Ces sites, dont le Lac-de-l’Est, la Rivière-Cascapédia et la Rivière-Causapscal, faisaient l’objet de démarches de protection de la part de groupes environnementaux et citoyens.

« Les milieux se mobilisaient et nous, on a voulu donner suite à tout ça », a expliqué le ministre, ajoutant que cette mobilisation avait facilité l’action du gouvernement.

« C’est l’aboutissement d’un travail qui a duré 10 ans », s’est réjoui Alain Branchaud.

Accélérer le pas

La concrétisation de ces projets d’aires protégées après des années de travail doit cependant susciter une réflexion au sein du gouvernement, estime M. Branchaud.

« On ne pourra pas prendre autant de temps pour les prochains projets », dit-il, rappelant que le gouvernement Legault s’est engagé à protéger 30 % du territoire québécois d’ici 2030.

« Il va falloir accélérer le pas pour atteindre la cible de 30 % », prévient-il, appelant à « fluidifier » les mécanismes gouvernementaux et dénonçant au passage l’« obstruction historique de certains ministères ».

Benoit Charette se montre cependant optimiste, rappelant que son gouvernement a protégé plus de 100 000 km⁠2 de territoire depuis cinq ans.

« Il n’y a pas de gouvernement avant nous qui a autant pris à cœur ce dossier-là », dit-il.

Québec prévoit d’ailleurs annoncer d’autres mises en réserve de territoires au cours des prochains mois.

« C’est un travail constant. De façon périodique, on ajoute de nouveaux territoires », rappelle le ministre.

Un plan pour le caribou « d’ici la fin de l’année »

De nouvelles aires protégées seront notamment créées dans le cadre de la stratégie québécoise de protection du caribou, assure le ministre Charette.

Ce vaste plan devait être déposé en juin, mais le gouvernement Legault l’a reporté en raison des incendies de forêt qui ont fait rage au Québec.

« On vise d’ici la fin de l’année », a indiqué le ministre Charette.

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Benoit Charette, ministre de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

Les incendies ont épargné l’essentiel des territoires envisagés pour la protection des caribous, mais ont durement touché ceux consacrés à la foresterie, rapportait La Presse en juin.

« Ça a été un été difficile pour la foresterie », reconnaît le ministre, qui affirme que l’évaluation des impacts des incendies se poursuit avec les ministères concernés.

« On ne veut pas retarder le dévoilement [de la stratégie], dit-il, mais on veut bien faire les choses. »

Les cinq principaux territoires mis en réserve par Québec

Rivières-Noire-et-Coulonge, Outaouais : 853 km2

Rivière-Cascapédia, Bas-Saint-Laurent : 369 km2

Rivière-Dumoine, Abitibi-Témiscamingue : 332 km2

Vallée-de-la-Rivière-Godbout, Côte-Nord : 215 km2

Duchénier, Bas-Saint-Laurent : 90 km2

Source : Ministère de l’Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs du Québec

En savoir plus
  • 253 344 km⁠2
    Superficie du territoire québécois bénéficiant d’une protection officielle, en date du 31 mars 2023
    source : ministère de l’Environnement