Les températures record des océans et un phénomène El Niño tardif doublent les risques d’une saison des ouragans atlantiques désastreuse cet été et cet automne, a annoncé jeudi l’Administration océanique et atmosphérique nationale des États-Unis (NOAA).

Alors que la saison des ouragans dans l’Atlantique est déjà bien supérieure à la normale, la NOAA a revu à la hausse le nombre de tempêtes attendues et l’intensité de la saison. L’agence indique qu’il y a 60 % de risque que la saison des ouragans soit supérieure à la normale, soit deux fois plus que les prévisions de mai de l’agence qui indiquaient 30 %. Les prévisions antérieures penchaient davantage vers une saison près de la normale, à 40 %, mais la probabilité d’une saison normale est maintenant tombée à 25 %.

Bien que les perspectives de la NOAA ne prévoient pas les trajectoires des tempêtes ni les endroits qui seront touchés, une saison chargée comme celle qui est prévue signifie qu’« il y a deux fois plus de risques qu’un ouragan touche terre sur la côte est des États-Unis », a expliqué Matthew Rosencrans, principal prévisionniste de la saison des ouragans au Centre de prédiction du climat de la NOAA.

La NOAA prévoit actuellement de 14 à 21 tempêtes nommées, ce qui représente une augmentation par rapport aux projections initiales des prévisionnistes en mai, qui étaient de 12 à 17. Une année normale compte 14 tempêtes nommées.

Au moins une demi-douzaine d’ouragans

Parmi ces tempêtes nommées, la NOAA prévoit que 6 à 11 deviendront des ouragans, ce qui est supérieur à la prévision de 5 à 9 en mai. La normale est de 7 ouragans. Parmi ces ouragans, la NOAA prévoit que de 2 à 5 deviendront des ouragans majeurs avec des vents de plus de 170 km/h, soit un de plus que les prévisions précédentes. Une année normale est marquée par 3 ouragans majeurs.

Une mesure clé, l’énergie cyclonique accumulée, qui tient compte du nombre de tempêtes, de leur force et de leur durée, devrait être deux fois supérieure à la normale pour une année, selon la NOAA.

D’autres groupes établissant des prévisions pour la saison des ouragans ont également revu à la hausse les projections. L’Université d’État du Colorado a revu à la hausse ses prévisions concernant les tempêtes nommées, de 13 en avril à 18, et concernant les ouragans, de 6 à 9.

Les prévisions en elles-mêmes ne devraient pas effrayer les habitants, mais « les gens devraient s’inquiéter et se préparer aux tempêtes que ces prévisions impliquent », a déclaré M. Rosencrans.

Il y a déjà eu cinq tempêtes nommées : Arlene, Bret, Cindy, Don, et une tempête de janvier qui n’a pas été nommée et qui est passée au statut de tempête nommée.

Normalement, il n’y a que deux tempêtes nommées à pareille date, a souligné M. Rosencrans. C’est l’un des facteurs qui ont conduit à revoir les prévisions à la hausse.

La chaleur en cause

La persistance des chaleurs record dans l’Atlantique Nord, qui est liée aux changements climatiques, est un facteur clé dans l’augmentation des prévisions parce qu’il fait plus chaud et que la chaleur dure plus longtemps que prévu, a déclaré M. Rosencrans. La température de l’eau dans la principale région de formation des tempêtes – une zone située entre la pointe occidentale de l’Afrique et les Caraïbes – est supérieure de 1,2 °C à la normale et est la plus élevée depuis le début des relevés en 1950, a-t-il précisé.

L’eau chaude alimente les ouragans, qui aspirent l’énergie thermique de l’eau comme on boit de l’eau à la paille. La tempête devient plus humide, plus moite et plus forte.

Un autre facteur est que « les effets d’El Niño ont été plus lents à se manifester dans l’Atlantique », a dit M. Rosencrans. El Niño, un phénomène de réchauffement naturel du Pacifique central qui modifie les conditions météorologiques dans le monde entier, réduit généralement l’activité des tempêtes parce que les vents transversaux et l’air descendant ont tendance à étouffer les tempêtes. Mais même si El Niño est en plein essor dans le Pacifique, ses effets dans le golfe du Mexique et dans l’Atlantique ne se font pas encore sentir.

Au début de l’année, les météorologues voyaient cette saison des ouragans comme un affrontement entre les eaux chaudes qui augmentent l’activité des tempêtes et le pouvoir modérateur d’El Niño.

Selon Brian McNoldy, chercheur sur les ouragans à l’Université de Miami, l’eau chaude l’emporte et les prévisions de la NOAA sont logiques.