Du champ à l’assiette, l’ensemble de la chaîne de production alimentaire représente environ le tiers des émissions planétaires de gaz à effet de serre (GES), rapporte l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture. Quels sont les aliments qui ont le plus d’impact sur le climat ? En ce Jour de la Terre, voici un jeu-questionnaire pour tester vos connaissances.

L’assiette du Québécois moyen est responsable de quelle proportion de ses émissions de GES individuelles ?

A) Un dixième

B) Le quart

C) Le tiers

Réponse : B

Le Centre international de référence sur le cycle de vie des produits, procédés et services (CIRAIG) a calculé, en 2020, que le Québécois moyen achète 1236 kg de nourriture par année. Cela représente des émissions annuelles de 2,5 tonnes en « équivalent CO» (éqCO2), soit le quart des émissions de GES individuelles d’un Québécois moyen chaque année. Ce portrait est juste, car il prend en considération l’entièreté de la chaîne alimentaire : de la production agricole au transport, en passant par les emballages et le gaspillage alimentaire. C’est ce qu’on appelle l’analyse du cycle de vie. Le résultat d’un individu peut cependant différer de manière importante selon l’âge, le sexe et le régime alimentaire.

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, ARCHIVES LA PRESSE

Selon le CIRAIG, le Québécois moyen achète 1236 kg de nourriture par année.

Pris à l’échelle planétaire, quel est le régime qui émet le moins d’émissions de GES ?

A) Omnivore

B) Ovo-lactovégétarien : c’est-à-dire un régime sans viande ni poisson, mais qui comprend des œufs et du lait

C) Végétalien

Réponse : C

La science est unanime sur le fait que la viande de bœuf est l’aliment qui produit le plus d’émissions de GES. Les vaches et les taureaux sont des ruminants et donc leur processus digestif émet beaucoup de méthane dans l’atmosphère. Mais les autres protéines animales ne sont pas à négliger. Selon une étude publiée dans la revue savante Nature Food en septembre 2021, globalement, les émissions planétaires de GES issues des aliments provenant des animaux sont deux fois celles des aliments issus des plantes. Cette vaste étude a quantifié les émissions liées à la production et à la consommation de 171 cultures et 16 produits animaux dans plus de 200 pays entre 2007 et 2013.

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La viande de bœuf est l’aliment qui produit le plus d’émissions de GES.

Fromage ou poulet ? Quel est l’aliment qui produit le moins d’émissions de GES ?

A) Fromage

B) Poulet

Réponse : B

Le fromage a une empreinte carbone substantiellement supérieure au poulet. Par exemple, en France, le fromage cheddar émet 5,94 kg éqCO2 par « kilogramme (kg) de produit » contre 1,84 kg éqCO2 par kilogramme de poulet. Ces données proviennent d’Agribalyse, une base de données publique développée par l’Agence de la transition écologique de France et l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement. Elles prennent en considération toutes les étapes du cycle de vie des produits. Ces données pointent dans le même sens qu’une vaste méta-analyse de 1530 études publiée dans Science en 2018. Selon cet article scientifique, pris à l’échelle mondiale, le fromage a une empreinte carbone de 23,88 kg éqCO2 par kilogramme contre 9,87 kg éqCO2 par kilogramme pour la viande de volaille. Comment expliquer cet important écart entre les deux jeux de données ? Déforestation, usage d’engrais chimiques, machinerie agricole, productivité des champs et des animaux : les systèmes agricoles varient énormément d’un pays à l’autre. L’étude de Science a consolidé des données de 38 700 fermes et 1600 transformateurs, emballeurs et détaillants à travers le monde. Les auteurs (Poore & Nemecek) notent que pour un même produit, l’empreinte carbone peut varier par un multiple de 50. Mais une réalité reste la même partout : le processus digestif des vaches émet du méthane.

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Le poulet émet 1,84 kg éqCO2 par kilogramme.

Brochette de porc ou brochette d’agneau ? Quelle viande possède la plus grande empreinte carbone ?

A) La brochette d’agneau

B) La brochette de porc

C) Elles sont à peu près équivalentes

Réponse : A

Selon les calculs effectués par Agribalyse, une brochette d’agneau crue est responsable du relâchement dans l’atmosphère de 52,03 kg éqCO2 par kilogramme contre 6,95 kg éqCO2 par kilogramme de porc cru. Comme la vache, le mouton est un ruminant qui émet du méthane lors de sa digestion, ce qui n’est pas le cas pour les cochons. La tendance est la même si l’on regarde des données mondiales. La méta-analyse publiée dans Science a mesuré que 1 kg « d’agneau et de mouton » émet en moyenne 39,72 kg éqCO2 contre 12,31 kg éqCO2 par kilogramme pour la viande porcine. Au Québec, le syndicat agricole des Éleveurs de porcs a calculé qu’en 2019, les émissions de GES représentaient 3,70 kg éqCO2 par kilogramme de porc. Le chiffre prend en considération l’ensemble des étapes de production agricole : de la culture des grains pour la moulée jusqu’à la sortie de l’abattoir, mais il exclut le reste de la chaîne comme le transport. Fait à noter, le Québec produit plus de porc qu’il n’en consomme : environ 70 % de la production est exportée. À l’inverse, en 2020, environ la moitié de la consommation d’agneau québécoise était locale. Le reste provenait majoritairement de la Nouvelle-Zélande ou de l’Australie, ce qui alourdit son bilan.

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Comme la vache, l’agneau émet du méthane lors de sa digestion.

Orange ou banane ? Quel est le meilleur fruit pour le climat ?

A) Orange

B) Banane

C) Leur impact est comparable

Réponse : A

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Le bilan carbone d’une orange est de 0,64 kg éqCO2 par « kilogramme de produit ».

Les bananes émettent environ trois fois plus de GES que les oranges. Selon la base de données française Agribalyse, le bilan carbone d’une orange est de 0,64 kg éqCO2 par « kilogramme de produit », tandis qu’une banane émet 2,17 kg éqCO2 par « kilogramme de produit ». La méta-analyse publiée dans Science souligne pour sa part qu’à l’échelle planétaire, les agrumes émettent en moyenne 0,39 kg éqCO2 par kilogramme et les bananes, 0,86 kg éqCO2 par kilogramme.

Jujubes, chocolat noir ou croustilles ? Quelle gâterie a la pire empreinte carbone ?

A) Jujubes

B) Chocolat noir

C) Croustilles

Réponse : B

Vanté pour ses vertus antioxydantes, le chocolat noir est la gâterie avec le plus lourd bilan carbone. Selon la base de données Agribalyse, le « chocolat noir à 70 % de cacao » émet 17,11 kg éqCO2 par kilogramme de chocolat. C’est loin devant les « bonbons gélifiés » (1,57 kg éqCO2 par kilogramme) et les « croustilles de pomme de terre standard » (1,54 kg éqCO2 par kilogramme). Les données de la méta-analyse de Science sont encore pires : 46,65 kg éqCO2 par kilogramme de « chocolat noir ». Mondialement, cette empreinte est plus importante que celle des bovins laitiers (33,30 kg éqCO2 par kilogramme de lait) et du café (28,53 kg éqCO2 par kilogramme de café). Environ les deux tiers du cacao consommé mondialement sont cultivés dans les pays de l’Afrique de l’Ouest. La culture du cacao est cependant l’une des causes principales de la déforestation dans cette région. Lorsque les arbres sont coupés pour faire place à l’agriculture, les arbres pourrissent ou sont brûlés. Au lieu d’être des puits de carbone, les arbres en relâchent dans l’atmosphère.

PHOTO EDOUARD PLANTE-FRÉCHETTE, ARCHIVES LA PRESSE

La culture du cacao est l’une des causes principales de la déforestation en Afrique de l’Ouest.

Avoine, amande ou soya : quelle boisson végétale a la meilleure empreinte carbone ?

A) Boisson d’avoine

B) Boisson d’amande

C) Boisson de soya nature

D) Leur impact est comparable

Réponse : D

En matière de changements climatiques, leur impact est à peu près comparable. Au combat des boissons végétales : la boisson d’amande nature a une empreinte légèrement moindre (0,37 kg éqCO2 par kilogramme de produit) que la boisson de soya nature (0,44 kg éqCO2 par kilogramme de produit) et la boisson d’avoine nature (0,54 kg éqCO2 par kilogramme de produit). En revanche, la boisson d’amande a été montrée du doigt au cours des dernières années pour ses autres impacts sur l’environnement. C’est une production qui nécessite des quantités astronomiques d’eau en plus d’exiger l’épandage de pesticides qui nuisent aux insectes pollinisateurs nécessaires à leur culture.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

La boisson d’avoine nature a une empreinte de 0,54 kg éqCO2 par kilogramme de produit.

Pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris visant à maintenir l’augmentation moyenne de la température sur terre en dessous de 2 °C, vaut-il mieux travailler à changer les pratiques agricoles ou diminuer la consommation des protéines animales ?

A) Modifier nos pratiques agricoles

B) Diminuer la consommation des protéines animales

Réponse : B

Meilleure gestion des fumiers, changement dans l’alimentation des animaux, diminution de l’usage des engrais azotés, meilleur usage des pâturages, hausse des rendements sur une même superficie, chauffage des serres à l’hydroélectricité plutôt qu’au mazout : la liste des mesures pour faire diminuer les émissions de GES en agriculture est très longue. La Commission EAT-Lancet – un célèbre rapport d’experts internationaux publié en 2019 – a tenté de déterminer comment nourrir sainement 10 milliards d’humains d’ici 2050 sans détruire la planète. Elle en est arrivée à la conclusion que des changements dans les pratiques agricoles pourraient réduire les GES agricoles en 2050 de 10 %, tandis qu’une hausse dans l’adoption de régimes majoritairement à base de plantes pourrait réduire les émissions jusqu’à 80 %.

PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE

Diminuer la consommation des protéines animales et se nourrir majoritairement à base de plantes pourraient permettre une réduction des émissions de GES agricoles pouvant aller jusqu’à 80 % en 2050.

Sources : Base de données Agribalyse ; « Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers », J. Poore and T. Nemecek, Science, 2021 ; Our World in Data ; Commission EAT-Lancet ; Global greenhouse gas emissions from animal-based foods are twice those of plant-based foods, Xu, X., Sharma, P., Shu, S. et al. Nature Food 2, 724-732 (2021)

Consultez la base de données Agribalyse Lisez « Reducing food’s environmental impacts through producers and consumers » (en anglais) Consultez le site Our World in Data (en anglais) Lisez la Commission EAT-Lancet (en anglais) Lisez l’article de Nature Food (en anglais)