La dernière année a sa place parmi les plus chaudes jamais enregistrées depuis l’ère préindustrielle, a confirmé mardi le programme Copernicus. Une nouvelle qui est loin d’être une surprise pour les experts du climat, qui prévoient aussi une hausse des phénomènes météorologiques extrêmes au cours des prochaines années.

Les huit dernières années les plus chaudes

L’année 2022 se classe au 5e rang des années les plus chaudes, a confirmé mardi le Programme européen sur le changement climatique, mieux connu sous le nom de Copernicus. La température moyenne à l’échelle planétaire a été supérieure de 1,2 °C à celle de l’ère préindustrielle, et ce, malgré le phénomène météorologique La Niña et son effet refroidissant. Autre constat de Copernicus : les huit dernières années auront été les plus chaudes jamais enregistrées. « 2022 a été une nouvelle année de phénomènes extrêmes en Europe et dans le monde. Ces évènements montrent que nous subissons déjà les conséquences dévastatrices du réchauffement de notre planète », a déclaré la directrice adjointe de Copernicus, Samantha Burgess.

L’Europe fracasse des records

Sur le continent européen, l’année 2022 se situe au 2e rang des années les plus chaudes depuis l’ère préindustrielle, constate aussi Copernicus dans son plus récent rapport annuel. L’Europe, qui se réchauffe en moyenne deux fois plus vite que le reste de la planète, a aussi fracassé quelques records. Les mois d’été ont été les plus chauds jamais enregistrés pour tout le continent. Des records estivaux ont été battus dans une douzaine de pays, dont le Royaume-Uni, la France, l’Italie, l’Espagne et le Portugal. La Suisse, la Croatie et la Bosnie-Herzégovine ont par ailleurs connu l’année la plus chaude de leur histoire. Ailleurs dans le monde, de « grandes parties du Moyen-Orient, d’Asie centrale et de Chine, de Nouvelle-Zélande, d’Afrique du Nord et de la Corne de l’Afrique » ont aussi établi un nouveau record annuel.

PHOTO MANU FERNANDEZ, ARCHIVES ASSOCIATED PRESS

Des résidants de Madrid, en Espagne, se rafraîchissent pendant une canicule ayant sévi en juillet dernier.

Une preuve de plus

Les données de Copernicus confirment en quelque sorte celles publiées par l’Organisation météorologique mondiale (OMM) en novembre dernier dans son rapport intitulé État provisoire du climat mondial 2022. L’OMM était déjà en mesure de prédire que les huit dernières années, y compris 2022, allaient être les plus chaudes jamais enregistrées. L’organisation avait aussi estimé que la dernière année se situerait au 5e ou au 6e rang parmi les années les plus chaudes depuis l’ère préindustrielle. Les données de Copernicus ne sont pas une surprise pour Bruno Tremblay, professeur au département des sciences atmosphériques et océaniques de l’Université McGill. Il indique qu’il serait pratiquement impossible que de tels résultats soient dus au simple hasard. « C’est une preuve de plus [du réchauffement climatique]. Si c’était aléatoire, ce serait presque impossible que les huit dernières années soient les plus chaudes. »

Un niveau record de CO2 dans l’atmosphère

Copernicus rappelle que les concentrations de dioxyde de carbone (CO2) relevées dans l’atmosphère ont atteint un nouveau record en 2022, à 417 parties par million (ppm), une augmentation annuelle d’environ 2,1 ppm, soit un taux semblable à celui des dernières années. Le 8 janvier, l’observatoire de la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA), situé à Hawaii, a relevé une concentration de CO2 de 419,25 ppm. Or, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) estime qu’il faut limiter cette mesure à 350 ppm afin de freiner le réchauffement à 1,5 °C d’ici la fin du siècle. L’agence européenne note aussi que les concentrations de méthane, au pouvoir réchauffant plus intense, mais plus bref, sont désormais à 1894 parties par milliard (ppb). Elles ont augmenté « de près de 12 ppb, ce qui est supérieur à la moyenne, mais inférieur aux records des deux dernières années ».

Des manifestations de plus en plus évidentes

Au cours des deux dernières années, plusieurs épisodes météo exceptionnels portaient la signature du réchauffement planétaire, indique par ailleurs une étude récente de la NOAA, agence américaine spécialisée dans l’étude des océans et de l’atmosphère. Son analyse conclut que la sévérité de nombreux évènements météo survenus en 2021 et 2022 était bel et bien attribuable aux changements climatiques. Fait à noter, grâce à des modèles plus performants, les scientifiques sont maintenant capables de mesurer plus efficacement et plus rapidement l’impact du climat pour un évènement météo en particulier. « On s’attend à ce que ce genre d’évènements soient plus fréquents dans l’avenir », confirme Bruno Tremblay.

Avec l’Agence France-Presse