Des délégations autochtones des quatre coins de la planète ont ouvert la Grande marche pour le vivant à Montréal, débutée au pied du mont Royal samedi. Pour l’occasion, des milliers de personnes et plus d’une centaine d’organisations civiles du pays se sont rassemblées dans la métropole.
Des centaines d’étudiants, personnes âgées, familles et organisations se sont rassemblés au pied du mont Royal en faveur de la biodiversité, dans le cadre de la COP15 qui se tient présentement à Montréal.
Les co-porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois et Manon Massé, de même que la mairesse de Montréal, Valérie Plante, étaient sur place pour l’évènement. « On veut que François Legault soit cohérent », a lancé Gabriel Nadeau-Dubois avant le début de la marche. Dans la foulée, il a dénoncé les choix de la Coalition avenir Québec de poursuivre le projet du troisième lien entre Québec et Lévis, et de ne pas avoir protégé l’habitat du caribou. « Les belles paroles, ça ne sauve pas la biodiversité », a renchéri M. Nadeau-Dubois.
La priorité de Québec solidaire en matière de biodiversité ? Un moratoire temporaire immédiat sur les claims miniers dans le sud du Québec.
« C’est important que la société civile soit ici, a aussi annoncé en mêlée de presse Valérie Plante. Les aînés, les familles, veulent des gestes concrets, c’est ça qui ressort. »
La mairesse a réitéré le nouvel engagement de la Communauté métropolitaine de Montréal de protéger 30 % du territoire d’ici 2030. Un engagement qui n’aura rien de facile, étant donné la pression sur les milieux agricoles et les espaces verts pour la construction, a-t-elle souligné. « Mais on doit protéger notre territoire ! »
(Re)lisez « Milieux naturels : Le Grand Montréal veut protéger 30 % de son territoire »Un peu plus loin, Martine Ouellet, cheffe de Climat Québec, estime que le gouvernement québécois doit protéger des territoires dans le sud de la province. « Il y a 83 aires à protéger déjà prévues par des communautés, ce serait un minimum de les protéger, il n’y a pas de raison de ne pas le faire ! », s’indigne-t-elle.
Des délégations autochtones aux premières loges
La marche s’est mise en branle vers 13 h 30 pour se diriger vers le centre-ville dans un froid mordant. Ptérodactyle, caribou, arbre, planète Terre… des costumes géants donnaient à la manifestation un air de parade. À l’avant du rassemblement, des délégations autochtones du Québec et de l’Ouest canadien, mais aussi d’Amérique du Sud et d’Afrique, ouvraient le pas.
« Nous devons nous rassembler dans nos luttes », explique à La Presse Domingo Peas, aîné de la nation Achuar en Équateur. « C’est le cœur de notre planète Terre qui est en danger », ajoute-t-il, en se disant heureux de voir le nombre de personnes venues manifester.
« On peut toujours compter sur les Premières Nations pour manifester, malgré le froid ! », lance aussi la réalisation et animatrice innue, Mélissa Mollen-Dupuis.
Tous les enjeux sont connectés : les femmes et enfants disparus, les pensionnats, la perte de biodiversité. Parce que nous, [les peuples autochtones] on était dans le chemin de l’économie.
Mélissa Mollen-Dupuis
La marche s’est conclue à la Place des Arts, au centre-ville de Montréal, où se sont tenus des discours des délégations autochtones. Certaines venues de la forêt amazonienne ont notamment dénoncé la violence des mines canadiennes sur leurs territoires ancestraux. D’autres ont mis de l’avant l’importance d’inclure les droits de la personne dans les accords négociés à la COP15, pour que la protection du territoire n’entraîne pas des effets délétères pour les communautés locales.
La société civile au rendez-vous
Une centaine d’organisations de la société civile du Québec et du Canada, dont Équiterre et Greenpeace Canada, étaient aussi présentes.
« On est très intéressées à sauver la planète ! », lance Lise Bernier, une dame âgée de près de 80 ans et membre des Montreal Ragging Grannies (Les grands-mères de Montréal enragées). Un peu plus loin, Kristen Lalla, 26 ans, tient une pancarte de Protection des oiseaux du Québec. « Les oiseaux, ce n’est qu’un symptôme de la perte de la biodiversité », explique sa collègue, Christiane Tremblay.
Le défilé a rassemblé 3500 personnes, selon le Collectif COP15, la CBD Alliance et le Global Youth Biodiversity Network, ainsi que Greenpeace Canada, responsables de l’évènement.
« Alors que la COP15 est le rendez-vous mondial le plus important au sujet de la biodiversité depuis plus de 10 ans, les dirigeant-e-s du monde entier ont la responsabilité d’être à la hauteur de ce moment historique », ont indiqué les organisateurs dans un communiqué samedi. Leur principale revendication : « un Cadre mondial pour la biodiversité suffisamment fort pour inverser la perte de la biodiversité et garantissant le respect des droits fondamentaux des communautés et des individus, notamment autochtones, qui protègent les écosystèmes de la planète. »
« Aux leaders réunis à la COP15, nous avons un message : vous n’avez pas le droit d’échouer, et nous ne vous laisserons pas échouer. L’avenir de l’humanité en dépend ! », a lancé à la foule Anne Céline Guyon, chargée de projet experte climat pour Nature Québec, à la fin de la marche.