Le Grand Montréal s’est engagé samedi à protéger 30 % de son territoire d’ici 2030. Un défi de taille, considérant que la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) fait l’objet de plusieurs poursuites après l’adoption d’un règlement destiné à protéger les milieux naturels.

La mairesse de Montréal, Valérie Plante, qui est également présidente de la CMM, a annoncé samedi matin que le Grand Montréal s’engage à protéger 30 % de son territoire d’ici la fin de la décennie. Actuellement, 22,3 % du territoire de la CMM est protégé.

L’annonce de la CMM est d’autant plus importante que les espaces verts en milieu urbain perdent du terrain partout au Canada. Selon une récente étude de Statistique Canada, les espaces verts à Montréal ont diminué de presque 10 % entre les périodes allant de 2000-2004 à 2018-2022.

« On doit poser des gestes forts, rapides et concrets pour réduire les menaces qui pèsent sur la biodiversité en rehaussant nos objectifs de protection des espaces verts et bleus », a déclaré la mairesse en conférence de presse.

« Quand on augmente les espaces naturels, c’est toute la population qui en bénéficie à court, moyen et long terme », a ajouté Mme Plante, tout en précisant que « l’étalement urbain n’est pas la solution ».

Pour atteindre ses objectifs, la CMM a indiqué qu’elle « agira sur plusieurs fronts, notamment en continuant de financer des projets d’acquisition de milieux naturels dans le cadre du programme de la Trame verte et bleue du Grand Montréal, en plus de les mettre en valeur ».

Plusieurs projets devraient se concrétiser prochainement, dont l’acquisition de 25 hectares dans le bois Saint-François, à Laval, et l’achat de 19 hectares du boisé Sabourin, à Saint-Bruno-de-Montarville.

La CMM veut également mettre en place un réseau de parcs métropolitains d’ici 2030. On espère ainsi protéger 14 000 hectares supplémentaires, soit 37 fois la superficie du parc du Mont-Royal.

La création d’un parc fluvial dans l’île Sainte-Thérèse, attendu par plusieurs groupes environnementaux, est « en voie de se réaliser », a précisé la CMM.

« On a 37 000 hectares à gagner [pour atteindre la cible de 30 %], c’est un défi colossal », a dit Massimo Iezzoni, directeur général de la CMM.

Plusieurs maires ont aussi pris la parole au cours d’une longue conférence d’une presse d’une heure qui s’est terminée sans période de questions pour les journalistes.

Les élus ont aussi rappelé qu’ils comptaient sur une réforme de la Loi sur l’expropriation afin d’accélérer le rythme des acquisitions de milieux naturels. Le ministre de l’Environnement du Québec, Benoit Charette, a indiqué à La Presse que « le cadre législatif sera modifié en conséquence en 2023 et, oui, ça va offrir de belles possibilités aux municipalités qui veulent protéger certains espaces de leur territoire ».

Rappelons que la CMM a adopté plus tôt cette année deux règlements de contrôle intérimaire pour protéger les milieux naturels sur son territoire. Or, plusieurs poursuites pour « expropriation déguisée » ont été déposées par des propriétaires après l’entrée en vigueur des deux règlements approuvés par le gouvernement du Québec.