(Halifax) La plupart des navires empruntant une route migratoire clé pour les baleines noires de l’Atlantique Nord, en voie de disparition, n’ont pas respecté les restrictions de vitesse volontaires instaurées par Transports Canada au cours des deux dernières années, selon un organisme de conservation des océans.

Dans son plus récent rapport, publié mardi, Oceana Canada indique que le gouvernement fédéral doit rendre obligatoires, non plus volontaires — et tout au long de la saison —, les limites de vitesse dans les eaux du détroit de Cabot, entre le Cap-Breton et l’île de Terre-Neuve.

Transports Canada a mis en place des limites de vitesse volontaires dans le détroit de Cabot, demandant aux navires de ralentir à 10 nœuds pendant quatre périodes entre avril 2020 et novembre 2021.

Oceana Canada a suivi 3031 passages de navires dans le détroit au cours de ces périodes à l’aide de données satellitaires. Certains navires peuvent avoir effectué plusieurs transits pendant cette période. Or, le groupe indique que 68 % des transits impliquaient des navires voyageant à des vitesses supérieures à 10 nœuds et 43 % à des vitesses supérieures à 12 nœuds.

« Le taux de non-conformité au cours des deux dernières années était bien trop élevé pour que cette mesure volontaire soit considérée comme un succès en termes de protection des baleines noires », indique le rapport d’Oceana.

L’organisme affirme qu’Ottawa devrait imposer des limites de vitesse obligatoires dès le début d’avril, avant même que les baleines ne se rendent dans cette partie de l’Atlantique.

Selon Oceana, il ne reste que 330 baleines noires de l’Atlantique Nord. Les changements climatiques poussent le zooplancton dont les baleines se nourrissent vers les eaux plus froides au large des côtes est du Canada. Les collisions avec des navires dans l’Atlantique Nord menacent la population de baleines, a déclaré Oceana. Depuis 2017, 21 baleines sont mortes dans les eaux canadiennes et au moins huit de ces décès sont le résultat de collisions avec des navires, indique l’organisme.

Pas faciles à voir

Kim Elmslie, directrice de campagne d’Oceana, déclarait lundi en entrevue que des vitesses plus lentes augmentent les chances que les baleines survivent aux impacts avec les navires. Dans certaines parties du golfe du Saint-Laurent où les limites de vitesse sont obligatoires, la létalité des collisions avec les navires est réduite de 86 %, a-t-elle ajouté.

Les baleines ont du mal à éviter les navires qui se déplacent rapidement, a-t-elle dit, ajoutant qu’elles ne sont pas faciles à repérer dans l’eau. « Elles sont foncées, elles n’ont pas de nageoire dorsale comme les épaulards, elles sont donc très difficiles à voir, a expliqué Mme Elmslie. Et elles n’ont pas l’instinct de s’écarter d’un gros navire. »

Transports Canada soutient que le respect des limites de vitesse volontaires dans le détroit de Cabot est passé de 37,9 % en 2020 à 52,4 % en 2021.

Dans une déclaration envoyée par courriel lundi, la conseillère principale en communications de Transports Canada, Sau Sau Liu, explique que le détroit de Cabot est un « couloir de navigation difficile », et que plusieurs facteurs, comme les conditions météorologiques, peuvent rendre difficile le ralentissement des navires à 10 nœuds ou moins.

« Respecter ces mesures, dans ces circonstances, peut présenter un risque pour la sécurité des navires et des équipages, a déclaré Mme Liu. Des pressions supplémentaires pour maintenir les horaires de transit des navires pendant la pandémie afin d’assurer le flux de biens et de services ont également été notées comme ayant un impact sur les taux de participation. »

Mme Liu a déclaré que Transports Canada essaierait d’augmenter le niveau de conformité aux réductions de vitesse volontaires dans la région, notamment en travaillant avec l’industrie pour mieux comprendre pourquoi certains navires n’ont pas participé aux périodes de ralentissement.

Cette dépêche a été produite avec l’aide financière des Bourses de Facebook et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.