(Ottawa) Le ministre fédéral des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, réévalue un programme de subventions aux entreprises pour réduire leurs émissions de méthane — un programme que le commissaire à l’environnement avait qualifié l’automne dernier de mal conçu.

La troisième phase de demandes pour le Programme côtier et infracôtier, de 675 millions, du Fonds de réduction des émissions devait initialement se terminer vendredi. Mais cette manche a été suspendue pendant que le ministère tente de répondre à certaines des préoccupations soulevées par le commissaire à l’environnement, qui parlait essentiellement de gaspillage de fonds publics.

La relance est provisoirement prévue pour la troisième semaine de janvier, les demandes devant être déposées avant mars. Le ministre Wilkinson promet que les changements permettront d’ajuster les exigences du programme afin de rendre les choses plus transparentes, d’obtenir de meilleurs résultats et de fixer des limites au coût des projets par tonne d’émissions qu’ils réduisent.

Le programme offre aux producteurs de pétrole et de gaz des prêts pouvant aller jusqu’à 50 millions pour les aider à respecter ou à dépasser les réglementations fédérales qui imposent des réductions de leurs émissions de méthane.

Les deux premières manches de ce programme avaient versé 134 millions à 81 projets menés par 26 entreprises du secteur pétrolier et gazier.

Lors d’un audit de la première vague de subventions, le commissaire à l’environnement, Jerry DeMarco, avait qualifié le programme d’inutile et d’inefficace. Le commissaire à l’environnement, qui œuvre au nom de la vérificatrice générale, concluait alors que les allégations sur les émissions effectivement réduites étaient trop sommaires. Par ailleurs, rien ne permet de prouver, selon lui, que les projets de réduction des émissions de méthane n’auraient pas pu aller de l’avant sans ces fonds publics.

Le commissaire à l’environnement, Jerry DeMarco, a également soutenu que le programme ne permettait pas de s’assurer que les entreprises n’utilisaient pas les nouveaux fonds pour financer des projets qu’elles prévoyaient déjà. Ainsi constitué, le programme ne permettrait pas de nouvelles réductions des émissions et n’offrirait pas le rendement escompté en fonction des sommes investies.

M. DeMarco a ajouté que plusieurs entreprises avaient inclus dans leurs demandes une déclaration selon laquelle les fonds de prêt leur permettraient de réduire leurs émissions de méthane à tel point qu’elles pourraient augmenter leur production tout en atteignant les objectifs fixés par la nouvelle réglementation sur le méthane.

Mais, a-t-il fait remarquer, toute augmentation des émissions résultant d’une production accrue de pétrole ou de gaz n’entrait pas dans le calcul du nombre d’émissions qui seraient réduites grâce aux fonds.

M. DeMarco a estimé que le programme devait être « largement amélioré ».

Le méthane, un agent de réchauffement de la planète beaucoup plus puissant que le dioxyde de carbone lorsqu’il reste dans l’atmosphère, est essentiel pour ralentir les changements climatiques.

Il représente 13 % des émissions totales du Canada et 40 % des émissions du secteur pétrolier et gazier, principalement en raison de la ventilation et du brûlage à la torche du méthane sur les sites de production de pétrole et de gaz.

La ventilation est un rejet contrôlé des restants de gaz non brûlés lors du processus de production du pétrole et du gaz. Le brûlage à la torche est une combustion contrôlée des gaz résiduels, souvent visibles par une grande flamme au sommet d’une torchère sur un site de production.

Le ministre Wilkinson a l’intention de modifier les critères d’admissibilité afin que ces fonds ne soient alloués qu’à des projets qui éliminent complètement les émissions de méthane ou son brûlage à la torchère, et qui permettent aux entreprises d’aller au-delà de ce qui est requis par la nouvelle réglementation fédérale sur le méthane.

Les nouveaux critères exigeront également que les projets aillent au-delà de la réglementation existante, qui prévoit une réduction de 40 % des émissions de méthane du secteur pétrolier et gazier d’ici 2025, par rapport aux niveaux de 2012.

Selon un rapport publié le mois dernier, le Canada est sur la bonne voie pour y parvenir. Le pays a également commencé à travailler sur l’objectif suivant, à savoir une réduction de 75 % par rapport aux niveaux de 2012 d’ici 2030. À l’automne, le Canada s’est joint à l’engagement mondial de réduire toutes les émissions de méthane de 30 % par rapport au niveau de 2020 d’ici 2030.

En dehors du pétrole et du gaz, l’agriculture et les décharges sont les principales sources de méthane au Canada.