Fourrage
Quand une forêt est brûlée pour faire place à un champ de soja destiné à nourrir du bétail, il y a émission de gaz à effet de serre (GES) sur plusieurs plans. L’étude de Nature Food est la première à départager méticuleusement les émissions des différents gaz à effet de serre de chaque filière agricole. « Le résultat est une bonne et une mauvaise nouvelle pour l’agriculture », explique Atul Jain, climatologue à l’Université de l’Illinois et auteur principal de l’étude.
« Nous sommes arrivés à un total qui est très proche des estimations les plus élevées [d’émissions de gaz à effet de serre attribuables à l’agriculture]. C’est plus du tiers du total des émissions humaines. Ça veut dire, d’un autre côté, qu’on peut faire mieux. »
Dans son dernier rapport, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) de l’ONU estimait que l’agriculture était responsable de 10,8 à 19,1 gigatonnes d’équivalent CO2 par année. Le total de M. Jain s’élève à 17,3 gigatonnes, et n’inclut pas le transport des exportations de nourriture – contrairement au GIEC. À noter : le quart des émissions des végétaux est lié à la production de fourrage pour l’alimentation animale.
Je ne pense pas que nos résultats signifient qu’il faut arrêter de manger de la viande, mais ils aident les gens qui veulent faire des choix en faveur du climat dans les différentes sphères de leur vie.
Atul Jain, climatologue à l’Université de l’Illinois
Le palmarès des émissions agricoles
Bœuf : 4,2 gigatonnes par an
Riz : 2,1 gigatonnes par an
Lait de vache : 1,6 gigatonne par an
Porc : 1,2 gigatonne par an
Poulet : 0,9 gigatonne par an
Source : Nature Food
Protéines
La viande est-elle sauvée par les protéines ? Pas vraiment. Un kilogramme de bœuf, par exemple, émet de 30 à 35 fois plus de GES qu’un kilogramme de blé. Mais il ne contient que deux à trois fois plus de protéines que le blé entier.
Modification du territoire
Le tiers des émissions agricoles, selon M. Jain, est dû au travail de la terre – les labours et le défrichage, par exemple. « Certaines approches pour la culture et pour l’élevage génèrent beaucoup plus de gaz à effet de serre », dit M. Jain. Pour diminuer cet impact, « il y a, par exemple, des travaux sur les émissions de méthane liées à la digestion des vaches. La culture sans défrichage émet aussi beaucoup moins de gaz à effet de serre ». En fait, le « taux de conversion en protéines » du fourrage animal, soit l’efficacité des éleveurs à convertir les végétaux qu’ils donnent à manger aux animaux en viande (et autres protéines animales), varie beaucoup d’une région à l’autre de la planète.
Les protéines en chiffres
12 % : taux de conversion en protéines du fourrage animal en Amérique du Nord
13 % : taux de conversion en protéines du fourrage animal en Europe
4,9 % : taux de conversion en protéines du fourrage animal en Amérique du Sud
10,5 % : taux de conversion en protéines du fourrage animal en Chine
8,9 % : taux de conversion en protéines du fourrage animal en Asie du Sud-Est
9,3 % : taux de conversion en protéines du fourrage animal en Afrique du Nord
2,7 % : taux de conversion en protéines du fourrage animal en Afrique subsaharienne
Source : Nature Food
Transport et pêches
La prochaine étape est d’incorporer au calcul les émissions du transport (liées aux exportations), ainsi que celles des pêches et de l’aquaculture. « Comme ça, on va avoir un portrait complet des émissions de différents choix alimentaires, de différentes sources des aliments », dit M. Jain.
Une version précédente de cet article présentait des chiffres erronés en raison d'une erreur de conversion des téragrammes en gigatonnes d'équivalent CO2.