La cimenterie McInnis, de Port-Daniel–Gascons, en Gaspésie, a rejeté des poussières dans la nuit du 18 au 19 juin, a confirmé l’entreprise mercredi. L’organisme gaspésien Environnement Vert Plus demande que les données sur les émissions atmosphériques de la cimenterie soient rendues publiques en temps réel.

« McInnis confirme un épisode mineur de poussière survenu dans la nuit du 18 au 19 juin dernier, dû à une irrégularité inhabituelle des matières premières alimentant le four », a indiqué sa porte-parole, Maryse Tremblay, par courriel mercredi.

Le four a été arrêté, le problème signalé à Urgence Environnement, et le ministère de l’Environnement appelé « dès que [la cimenterie a] appris que les poussières atteignaient quelques voisins dans le secteur de Gascons, à l’est de l’usine ».

McInnis a fourni ces informations en réponse aux questions soulevées par Environnement Vert Plus, qui a signalé mercredi une « poussière collante » trouvée sur des maisons et véhicules du secteur de l’Anse-à-la-Barbe le 19 juin.

« Encore une fois cette année, la cimenterie de Port-Daniel génère des retombées substantielles », a dénoncé le porte-parole de l’organisme, Pascal Bergeron.

Des rejets avaient été trouvés en juin 2020 par des résidants près de la cimenterie.

Cette fois-ci, McInnis affirme avoir offert des nettoyages « le jour même », offre que « la plupart des voisins » ont déclinée « après que la pluie [eut] lavé leurs voitures ».

Le ministère de l’Environnement, qui a été avisé par McInnis le 19 juin, a mené une inspection dans le secteur de Gascons et des vérifications sont toujours en cours, a indiqué son porte-parole, Daniel Messier.

« Peu ou pas de risque toxicologique »

La direction de santé publique de la Gaspésie–Îles-de-la-Madeleine, quant à elle, n’avait pas encore été avisée de ces nouveaux rejets mercredi matin.

Elle avait cependant déjà pris position sur les concentrations de poussières relâchées en juin et juillet derniers.

Ces émissions représentent « clairement une nuisance » d’un point de vue de santé publique, indique la position transmise à La Presse par courriel.

Toutefois, « il n’y a que peu ou pas de risque toxicologique à long terme […], le principal risque étant l’irritation des voies respiratoires lors des épisodes d’émissions ».

La Santé publique régionale ne pense donc pas qu’« il y ait eu d’atteintes significatives à la santé » l’été dernier en raison du caractère ponctuel des émissions, mais les conclusions « pourraient être différentes si ces émissions étaient récurrentes », indique sa position prise l’hiver dernier.

« Si ces évènements étaient ponctuels aux quelques années, ça ne serait pas un gros enjeu. La fréquence, par contre, nous inquiète et nous dérange un petit peu », nous a précisé Louis-Charles Rainville, conseiller en santé environnementale à la direction régionale de santé publique. « On garde un œil proche là-dessus. »

Un manque d’information

La Santé publique régionale avait prévu faire un rapport et une rencontre publique sur les rejets de l’automne dernier, mais a été retardée par la pandémie.

« Ces évènements démontrent une fois de plus la nécessité de rendre disponibles, en continu, [les données sur] les émissions atmosphériques de la cimenterie », a fait valoir M. Bergeron, dont l’organisme réclame cette information depuis des années.

« McInnis a l’intention de bonifier l’information sur son site internet à propos de procédures, contrôles et questions environnementales », a indiqué sa porte-parole sans plus de précisions.

La cimenterie gaspésienne est passée au printemps sous le contrôle de la société brésilienne Votorantim Cimentos, qui possède 83 % de la coentreprise à laquelle elle a été intégrée. La Caisse de dépôt et placement du Québec en détient 17 %.