La société de transport exo a annulé l’appel d’offres pour la gestion de ses huiles usées, dans la foulée d’un reportage de La Presse qui révélait que l’entreprise gagnante au terme du processus était un pollueur épinglé pour des déversements clandestins en milieu agricole.

Exo, l’organisme qui gère les trains de banlieue et le service d’autobus vers les couronnes de Montréal, cherchait depuis l’automne une entreprise capable de la débarrasser de différentes matières très polluantes : pompage et élimination des huiles usées, boues huileuses et sédiments, pompage des séparateurs d’huile, lavage à pression des conduites et des fosses d’inspection, nettoyage des puisards et ponceaux dans ses installations.

Le 20 janvier, La Presse a révélé que le gagnant de l’appel d’offres était la firme Beauregard Environnement, bannie des contrats publics de la Ville de Montréal en octobre dernier, à la suite d’un rapport du Bureau de l’inspecteur général de Montréal (BIG).

Le BIG avait découvert que les boues contaminées récupérées par l’entreprise dans le cadre de plusieurs contrats municipaux étaient déversées clandestinement sur une terre agricole. La firme facturait pourtant la Ville comme si elle les éliminait dans un centre accrédité par le ministère de l’Environnement.

L’inspectrice Brigitte Bishop parlait de « manœuvres frauduleuses » qui semblaient durer depuis des années.

Pas le choix de prendre le plus bas soumissionnaire

En entrevue avec La Presse le mois dernier, une porte-parole d’exo affirmait que l’organisme n’avait pas le droit de tenir compte de la liste noire des entreprises bannies de Montréal. Le conseil d’administration serait donc obligé d’accorder le contrat pour la gestion des huiles usées à Beauregard Environnement, qui proposait le meilleur prix. Le vote du conseil était prévu ce jeudi 4 février.

« Étant donné que le fournisseur Beauregard Environnement est le plus bas soumissionnaire conforme, le contrat devrait lui être adjugé afin de respecter les principes intrinsèques de la loi », affirmait la porte-parole.

Mais depuis, tout a changé. L’Autorité des marchés publics (AMP), qui est chargée de la surveillance des marchés publics au Québec, a demandé des informations supplémentaires à exo sur son processus d’appel d’offres.

Lundi à 17 h 01, l’AMP a ordonné la suspension du processus, le temps de réaliser un examen plus approfondi. Quelques heures plus tard, à 20 h 25, exo décidait par elle-même d’annuler l’appel d’offres.

Découverte surprenante

À leur plus grande surprise, les gestionnaires d’exo affirment avoir constaté, en rassemblant les informations demandées par l’AMP, qu’en fin de compte, il y avait un problème dans les « conditions d’admissibilité » pour cet appel d’offres. « Ces problématiques portaient atteinte au principe d’égalité entre les soumissionnaires », affirme Catherine Maurice, porte-parole d’exo. Apparemment, personne ne s’en était rendu compte avant.

Un nouvel appel d’offres sera donc lancé sous peu.

Beauregard Environnement continue malgré tout de remporter des contrats publics ailleurs. Longueuil vient de lui accorder un contrat de 717 000 $ pour le nettoyage d’installations d’assainissement des eaux usées. Boucherville vient de lui accorder un contrat de nettoyage de puisards de 90 000 $ qui pourrait monter à 270 000 $ avec les options.

À Dorval, la firme vient de remporter un appel d’offres pour un contrat de 348 000 $ et à Granby, elle a remporté un appel d’offres pour un contrat de 248 000 $ avec une soumission moins chère de 26 % que celle du deuxième plus bas soumissionnaire.

Avant d’être épinglée par le BIG, l’entreprise avait racheté plusieurs concurrents et pris une place dominante sur le marché grâce à ses bas prix.

Les avocats de Beauregard Environnement n’ont pas répondu aux questions de La Presse mercredi. L’entreprise conteste le rapport du BIG devant les tribunaux.