(Québec) Le Québec possède 3 % des réserves en eau douce renouvelables de la planète, mais cette richesse n’est pas bien protégée par l’État, dénonce le commissaire au développement durable dans un rapport dévoilé mercredi.

« Ces ressources peuvent sembler inépuisables, ce qui rend difficile l’émergence d’une prise de conscience sur la nécessité d’en prendre soin », peut-on lire dans le rapport.

« Manque de connaissances », « manque de cohérence », « aucune action structurante ni évaluation » … Le commissaire Paul Lanoie identifie une série de lacunes.

Il déplore notamment que Québec collabore de moins en moins avec les organismes chargés de protéger les lacs et rivières.

Les tables de concertation des Organismes de bassin versant sont boudées par les fonctionnaires. Le ministère de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques (MELCC) n’a participé qu’à 14 % de ces rencontres en 2019. Ils étaient présents à 40 % d’entre elles seulement quatre ans plus tôt.

« La faible présence du MELCC aux rencontres des tables de concertation a été mentionnée par le regroupement des organismes de bassins versants du Québec en janvier 2016 lors d’une rencontre du comité-conjoint. Quatre ans plus tard, force est de constater que la situation a empiré », note le rapport.

Cet absentéisme « ne démontre pas une réelle volonté d’implanter une gestion intégrée des ressources en eau », tranche-t-il.

Québec n’a même pas un portrait clair et précis de l’état de ses 3,6 millions plans d’eau douce et milliers de rivières. L’État tarde à produire son rapport sur l’état des ressources en eau attendu en 2019. Il n’a toujours pas en mains plusieurs indicateurs importants.

Ces lacunes pourraient fausser le portrait de notre réseau hydrique. Par exemple, la santé des lacs pourrait être pire que prévue, note le commissaire.

« Le MELCC concluait que 76 % des 665 lacs échantillonnés présentaient peu de signes d’eutrophisation. Cependant, ce résultat reposait sur des données restreintes : le MELCC indiquait qu’il n’était basé que sur la portion la plus profonde des lacs, alors que des données sur l’état en bordure des lacs auraient pu donner un résultat différent de l’état trophique. »

Le commissaire relève aussi dans son rapport comment les ministères tardent à adopter des orientations en matière d’écofiscalité.