Et si on utilisait l’eau gisant 500 mètres sous terre pour chauffer et climatiser les écoles du Québec ? C’est le projet qu’une équipe de spécialistes québécois souhaite mettre sur pied afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre (GES) et d’améliorer l’efficacité énergétique des bâtiments.

« On va faire un forage qui peut atteindre 500 mètres de profondeur. L’idée, c’est d’échanger de la chaleur avec le sous-sol pour chauffer ou climatiser un bâtiment à faible coût », explique Philippe Pasquier, professeur à Polytechnique Montréal et titulaire de la Chaire de recherche en géothermie sur l’intégration des puits à colonnes permanentes dans les bâtiments institutionnels.

L’équipe, composée de spécialistes de Polytechnique Montréal, d’Hydro-Québec et des centres de services scolaires, réalisera des projets de démonstration dans trois écoles québécoises. La construction des premiers puits à colonne permanente à l’école primaire de la Clé-des-Champs, à Mirabel, devrait commencer à l’été 2021.

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Système de géothermie composé de puits à colonne permanente qui sera aménagé aux abords de l’école primaire de la Clé-des-Champs

« La conception est presque terminée à l’école de la Clé-des-Champs. Les appels d’offres vont être lancés au début de l’hiver prochain et la construction du système va se faire l’été prochain », indique M. Pasquier. L’été dernier, l’équipe a construit des puits tests, afin de connaître les conditions du sous-sol autour de l’école. « Le concept de puits à colonne permanente est fait pour une profondeur assez profonde comme 500 mètres. À Mirabel, il y a beaucoup d’eau dans le sous-sol, donc on est descendu à 133 mètres et c’était suffisant », précise Guillaume Marchand, chargé de projets pour le Centre de services scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles.

Philippe Pasquier explique que six puits seront construits pour alimenter l’école en chaleur. « Après la construction, tout ce qu’on va voir, c’est six petites plaques d’acier en plein milieu de la cour d’école », explique-t-il.

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Philippe Pasquier, professeur à Polytechnique Montréal et titulaire de la Chaire de recherche en géothermie sur l’intégration des puits à colonnes permanentes dans les bâtiments institutionnels

Un système d’énergie à basse température permet d’opérer et de générer des économies d’énergie substantielles, particulièrement dans les écoles qui ont de grosses factures énergétiques.

Philippe Pasquier

Ce type de système permettra de diminuer la facture énergétique de l’ordre de 35 % par rapport à un système mécanique conventionnel, ce qui permettra des économies d’environ 55 000 $ par année par école en coût de chauffage.

Décarboner les écoles

« On veut aider le Québec à faire la décarbonation du Québec, explique Marc-André Richard, chercheur à l’Institut de recherche d’Hydro-Québec. Une des choses que l’on peut faire, c’est modifier le chauffage des bâtiments. »

Les émissions de gaz à effet de serre (GES) des bâtiments totalisent 17 % des émissions au Canada, principalement en raison de l’utilisation des énergies fossiles pour le chauffage.

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Guillaume Marchand, chargé de projets pour le Centre de services scolaire de la Seigneurie-des-Mille-Îles

À l’heure actuelle, quelques écoles sont encore chauffées au mazout, mais la plupart d’entre elles utilisent le gaz naturel, ce qui émet des gaz à effet de serre (GES), explique M. Pasquier. « La géothermie n’émet pas de GES, alors c’est un gros plus », renchérit Guillaume Marchand.

Les défis

« La géothermie est largement utilisée dans l’est des États-Unis, mais on en a peu au Québec », mentionne M. Pasquier. L’adoption de cette technologie est lente au Canada en raison de sa complexité, de l’absence de projets de démonstration et du manque de personnel qualifié dans l’industrie.

« Ça prend aussi de gros investissements au départ », affirme M. Marchand. Le projet bénéficiera de 2,7 millions de dollars, dont 1 million provenant d’Hydro-Québec et 1,7 million, du Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada (CRSNG). Le ministère de l’Éducation du Québec se chargera des coûts associés à la construction des systèmes géothermiques et les autres partenaires fourniront une contribution équivalente à 1,1 million de dollars en temps de leur personnel.

Sur l’écran radar

Un futur parc urbain à Laval

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, ARCHIVES LA PRESSE

La Ville de Laval achète des terrains en berge afin de créer des parcs et des espaces verts ou de conservation.

La Ville de Laval a annoncé mardi dernier l’acquisition d’un vaste terrain en bordure de la rivière des Prairies afin d’aménager un parc urbain. Cet espace vert de 2,77 hectares équivaut à 17 patinoires et a été acquis au coût de 6,84 millions de dollars. Cette acquisition vise à consolider l’aménagement des parcs, des sentiers urbains et des berges comme prévu dans la vision stratégique Laval 2035 : urbaine de nature. Il s’agit de la quatrième acquisition récente d’un terrain en berge afin de créer un parc et un espace vert ou de conservation après l’achat du terrain boisé adjacent à la berge des Baigneurs à Sainte-Rose, à celui des deux grandes îles, ainsi qu’à la marina Le Commodore.

Le projet « coup de pouce vélo » prolongé

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La pratique du vélo comme mode de déplacement en France a explosé depuis la crise de la COVID-19.

Le « coup de pouce vélo », projet visant à encourager la pratique du vélo en France, devait prendre fin le 31 décembre. Il sera cependant prolongé jusqu’au 31 mars 2021, a fait savoir le 30 novembre le ministère de la Transition écologique. Ce projet offre une prise en charge jusqu’à 50 euros pour la remise en état d’un vélo. Jusqu’à présent, plus de 1 million de vélos ont été réparés. Une vingtaine de millions de plus sera investie dans le projet. La pratique du vélo comme mode de déplacement en France a explosé depuis la crise de la COVID-19, notamment avec la création de nouvelles pistes cyclables.