(Québec) Le projet d’usine de GNL-Québec au Saguenay est un « éléphant blanc » d’une « autre époque » qui pourrait laisser des dégâts environnementaux pour des décennies.

C’est ce que soutient le député péquiste de Jonquière, Sylvain Gaudreault, dans un mémoire qui sera présenté jeudi au Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE). Le BAPE tient actuellement des consultations sur ce méga-chantier estimé à 14 milliards.

M. Gaudreault est le porte-parole en Environnement du PQ et même si sa circonscription se trouve au Saguenay, il a toujours exprimé ses réticences à l’égard de ce projet, tandis que le gouvernement caquiste l’appuie ouvertement.

Il n’y a pas d’acceptabilité sociale pour ce projet, soutient l’élu péquiste. « De plus en plus, le groupe des opposants augmente, parce qu’on voit qu’il n’a pas de sens pour l’avenir économique du Saguenay–Lac-Saint-Jean », a-t-il dit, en entrevue avec La Presse Canadienne mercredi soir.

Le projet consiste en la construction d’un gazoduc de 750 km transportant du gaz de l’Ouest, à partir de l’Ontario, jusqu’à une usine de liquéfaction à Saguenay, pour acheminer ensuite le gaz naturel liquéfié (GNL) vers l’Europe notamment.

Or dans son mémoire, M. Gaudreault soutient que l’Europe prévoit déjà une baisse de la demande de GNL, tandis que des marchés comme le Japon et la Chine ont déjà annoncé qu’ils seront carboneutres d’ici à 2050 ou 2060.

« Les marchés visés par GNL-Québec sont déjà obsolètes, avant même de lancer le projet, a plaidé M. Gaudreault. Ce n’est pas rentable d’investir là-dedans. Les plus grandes agences en énergie prévoient déjà une diminution de la consommation au plus tard en 2040. »

Citant le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, il rappelle que le méthane, composante du gaz naturel, peut contribuer jusqu’à 87 fois plus au réchauffement climatique que le gaz carbonique (CO2).

Le député rappelle en outre que la durée de vie prévue de l’usine est de 25 ans, après quoi il faudra décontaminer, démanteler et réhabiliter les installations et les terrains à un coût très élevé, comme cela été le cas avec d’autres usines qui ont fermé dans la région.

« GNL Québec affirme que le projet ne créera qu’entre 250 et 300 emplois permanents (probablement jusq’en 2050), écrit M. Gaudreault. C’est cher payé pour un projet qui pourrait fort bien s’avérer être un éléphant blanc qui pourrait laisser un lourd passif environnemental aux citoyens et citoyennes du Saguenay–Lac-Saint-Jean. »

Mercredi, Québec solidaire (QS) a pour sa part plaidé que le processus de consultations du BAPE était « vicié » et que « sa crédibilité n’est plus là », parce que « tout le plancher est laissé au promoteur ». Le parti de gauche réclame un nouveau BAPE qui repartirait à zéro.

Sur le cycle complet du projet, de l’extraction du gaz à sa liquéfaction au Saguenay, le projet émettra près de 7,8 millions de tonnes de CO2 par an, donc il annulerait en un an tous les efforts de réduction des gaz à effet de serre (GES) du Québec depuis 1990. L’Association québécoise des médecins pour l’environnement (AQME) a condamné le projet, de même qu’une quarantaine d’économistes.