(Montréal) La pollution atmosphérique retranche plus d’années de vie à travers le monde que la guerre, la violence, des maladies comme le VIH et le paludisme, ou encore le tabagisme, préviennent des chercheurs allemands qui n’hésitent pas à parler d’une « pandémie ».

Les scientifiques de l’Institut Max Planck et du Centre médical universitaire de Mayence ont utilisé une nouvelle modélisation pour calculer l’impact de la pollution atmosphérique sur le taux de mortalité. Ils en viennent à la conclusion que, mondialement, la pollution atmosphérique a causé 8,8 millions de décès anticipés en 2015.

Cela veut dire que chaque humain à la surface du globe a perdu près de trois années de vie. En comparaison, le tabagisme retranche 2,2 années de vie (7,2 millions de décès), le VIH 0,7 année de vie (un million de décès), des maladies parasitaires comme le paludisme 0,6 année de vie (600 000 décès) et toutes les formes de violence 0,3 année de vie (530 000 décès).

43 % des années de vie perdues seraient attribuables à l’impact de la pollution atmosphérique sur les maladies cardiovasculaires, un impact qui serait comparable à celui du tabagisme.

De plus, environ 75 % des décès attribués à la pollution atmosphérique se sont produits chez des gens âgés de 60 ans et plus.

Un des auteurs de l’étude, le professeur Jos Lelieveld, a souligné dans un communiqué que la pollution atmosphérique est une cause mondiale de décès prématurés neuf fois plus importante que le VIH, 19 fois plus importante que le paludisme, 45 fois plus importante que l’alcool et 60 fois plus importante que la drogue.

L’étude distingue aussi la pollution atmosphérique naturelle et inévitable — comme les tempêtes de sable et les incendies de forêt — de la pollution atmosphérique attribuable à l’activité humaine, et qui découle essentiellement de l’utilisation de combustibles fossiles. Ils concluent que la pollution humaine, qui représente jusqu’à 80 % de la pollution atmosphérique dans les pays développés, est responsable des deux tiers des décès prématurés. Ce sont donc 5,5 millions de décès qui pourraient être évités chaque année.

La pollution atmosphérique aurait causé près de 21 000 décès prématurés au Canada en 2015.

Les conclusions de cette étude sont publiées par Cardiovascular Research.