(Washington) Le moyen le plus efficace de lutter contre le réchauffement climatique est de planter des milliards d’arbres, affirme une nouvelle étude — au moins mille milliards d’arbres, pour être précis, et notamment au Canada.

Et il y a assez d’espace pour y arriver, assurent des scientifiques suisses. Même avec les villes et les terres agricoles existantes, il y a suffisamment d’espace pour que les nouveaux arbres couvrent neuf millions de kilomètres carrés, écrivent-ils jeudi dans le magazine Science. Cette superficie couvrirait à peu la taille des États-Unis.

L’étude calcule qu’au fil des décennies, ces nouveaux arbres pourraient aspirer près de 750 milliards de tonnes métriques du dioxyde de carbone qui piège la chaleur dans l’atmosphère. C’est à peu près autant de pollution par le carbone que les êtres humains ont rejetée au cours des 25 dernières années.

Leur effet serait ressenti très rapidement, car les arbres éliminent plus de carbone de l’air lorsqu’ils sont plus jeunes, ont déclaré les auteurs de l’étude. Le potentiel pour éliminer la plus grande quantité de carbone se trouve dans les tropiques.

« C’est de loin — par des milliers de fois — la solution la moins chère en matière de changements climatiques » et la plus efficace, a assuré le coauteur de l’étude Thomas Crowther, un écologiste spécialiste des changements climatiques à l’Institut fédéral suisse de technologie à Zurich.

Le Canada, les États-Unis, la Russie, l’Australie, le Brésil et la Chine sont les six pays qui auraient le plus d’espace disponible pour accueillir de nouveaux arbres.

Avant ses recherches, M. Crowther estimait qu’il existait d’autres moyens plus efficaces de lutter contre les changements climatiques en plus de réduire les émissions, tels que le fait de passer de la consommation de viande au végétarisme. Mais, a-t-il dit, la plantation d’arbres est bien plus efficace, car les arbres absorbent beaucoup de dioxyde de carbone.

Planter des arbres ne saurait remplacer le sevrage mondial de la combustion de pétrole, de charbon et de gaz, principale cause du réchauffement de la planète, a prévenu M. Crowther.

« Rien de tout cela ne fonctionnera sans une réduction des émissions », a-t-il dit.

Il n’est pas non plus facile ni réaliste de penser que le monde va soudainement se lancer dans une frénésie de plantation d’arbres, bien que de nombreux groupes aient commencé, a ajouté M. Crowther.

« C’est certainement un défi monumental, qui correspond exactement à l’ampleur du problème des changements climatiques », a-t-il souligné.

Au fur et à mesure que la Terre se réchauffe, et plus particulièrement que les tropiques s’assèchent, la couverture forestière disparaît, a-t-il noté.

Les chercheurs ont utilisé Google Earth pour déterminer quelles zones pourraient accueillir davantage d’arbres, tout en laissant de l’espace pour les personnes et l’agriculture. L’auteur principal, Jean-François Bastin, a estimé qu’il y aurait de la place pour au moins mille milliards d’arbres supplémentaires, et cela pourrait aller jusqu’à 1500 milliards d’arbres.

Ces arbres s’ajouteraient aux quelque 3000 milliards d’arbres qui sont déjà sur Terre, selon une étude antérieure de M. Crowther.