Une nouvelle étude réalisée pour le Conseil du Trésor a conclu que les bâtiments, les côtes, ainsi que les communautés du Nord sont les éléments les plus menacés par les changements climatiques au Canada.

Dans un rapport dévoilé jeudi, le Conseil des académies canadiennes a cerné une douzaine de menaces plus pressantes — une liste, espère le coauteur John Leggat, qui éveillera le public au besoin urgent de bien se préparer.

M. Leggat a dit croire que la plupart des gens estiment qu’il s’agit d’un « problème que quelqu’un d’autre doit résoudre », et que cela « va en quelque sorte à la racine du problème ».

Le conseil est composé d’éminents universitaires et chercheurs du Canada. Le rapport, rédigé à la demande du Conseil du Trésor, a été réalisé par des experts de diverses industries, de compagnies d’assurance, des ingénieurs, des sociologues et des économistes.

Le changement climatique est une question tellement vaste qu’il peut être difficile de savoir quoi faire en premier, a souligné M. Leggat, ajoutant que le rapport tentait d’y arriver.

« Cela place la situation dans le contexte des principaux risques », a-t-il expliqué.

La recherche a réduit à six la liste de 57 effets environnementaux potentiels et les a classés non seulement en fonction de l’ampleur de la menace, mais aussi de la disponibilité de solutions.

Tout en haut se trouve l’infrastructure.

Les fortes pluies, les inondations ou les vents violents constituent une menace croissante pour les bâtiments, des maisons aux hôpitaux. Les mêmes conditions météorologiques extrêmes augmentent les risques d’interruption de courant et de pannes de réseau, même ce que le rapport appelle « des pannes d’infrastructure en cascade ».

Les communautés côtières viennent ensuite. Le changement climatique élève lentement le niveau de la mer, ce qui rend les inondations plus fréquentes et les vagues plus lourdes et plus puissantes.

Les habitants du Nord sont au troisième rang de la liste. Non seulement leurs maisons et leurs rives font face à des défis uniques, tels que la fonte du pergélisol, mais le changement climatique menace également leur mode de vie.

« Ils dépendent vraiment de la terre et sont étroitement liés à celle-ci », a déclaré la coauteure Bronwyn Hancock. « La manière dont la culture est établie — gouvernance, spiritualité, transmission du langage — revient en tous points à ce lien essentiel avec la terre. »

Les trois suivants sur la liste sont la santé humaine, les écosystèmes et la pêche.

Les 12 premiers sont complétés par l’agriculture et l’alimentation, la foresterie, les troubles géopolitiques, la gouvernance, les traditions autochtones et l’eau.

Des solutions

Des solutions sont disponibles pour atténuer nombre des effets environnementaux des six principales menaces. Les codes du bâtiment peuvent être révisés pour garantir des maisons, des bureaux, des pylônes électriques ou des pistes d’aéroport avec une plus grande résilience. Les communautés côtières peuvent se préparer aux inondations provoquées par les tempêtes.

Les réseaux d’information peuvent fournir aux habitants du Nord des conditions actualisées pour se déplacer sur la glace terrestre ou marine.

M. Leggat a souligné que les dommages causés aux routes et aux bâtiments sont beaucoup plus faciles à prévenir ou à réparer que ceux causés à des écosystèmes naturels délicats et méconnus.

« Nous devons commencer à réfléchir aux moyens de protéger les systèmes naturels pour que les systèmes humains puissent survivre », a-t-il déclaré.

Le défi, selon M. Leggat, consiste à amener les Canadiens à trouver des moyens de réduire la menace.

Il a évoqué un sondage récent selon lequel, alors que la plupart des gens comprenaient que le changement climatique présentait un risque, peu étaient disposés à payer quoi que ce soit pour l’atténuer.

« La majorité des Canadiens n’étaient pas disposés à payer une quelconque somme d’argent pour l’atténuation [des risques] », a-t-il souligné.

Mais M. Leggat estime que le rapport du conseil devrait permettre de réduire une partie de l’incertitude quant aux points de départ de l’action.

« Nous savons ce qu’il faut faire. Nous comprenons quels sont les risques et nous pouvons investir en toute confiance », a-t-il fait valoir.