(Québec) Le Québec peut encore atteindre ses cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES) de 2030 et 2050, mais il doit y mettre des efforts et des dizaines de milliards de dollars.

C’est ce que conclut un rapport commandé par le ministère de l’Environnement et obtenu par La Presse canadienne, vendredi.

L’automne dernier, le gouvernement Legault avait déjà laissé entendre qu’il n’allait pas atteindre la cible de 2020, soit une réduction de 20 % des émissions de GES du Québec par rapport au niveau de 1990, conformément aux engagements internationaux.

Cependant, le rapport élaboré par la firme Dunsky estime qu’il est possible de se rattraper, mais pour atteindre la cible de réduction des GES de 2030, des investissements annuels moyens de 1,7 milliard supplémentaires seront nécessaires en solutions technologiques uniquement.

Et à compter de 2031 jusqu’à 2050, la facture annuelle passe à 8,5 milliards par an, peut-on lire. Et là encore, la technologie ne suffira pas, prévient-on. Il faudra réduire la consommation à la source et acheter en quelque sorte des droits de polluer, par l’entremise du système de plafonnement et d’échanges des émissions mis sur pied avec la Californie.

« Le recours aux technologies ne suffit pas à lui seul à atteindre l’objectif à plus long terme qui pourrait donc nécessiter des mesures additionnelles axées notamment sur la réduction des demandes ou encore l’achat de crédits de carbone internationaux. »

« Plus on va attendre, plus ça va coûter cher », a affirmé le responsable de la campagne Climat-Énergie de Greenpeace Canada, Patrick Bonin, dans une entrevue avec La Presse canadienne.

« On n’a même pas encore de plan (de réduction) pour 2030. Il faut que le gouvernement arrive avec un plan crédible, solide. »

Fait à noter, ces investissements de milliards de dollars ne seront pas seulement assumés par le gouvernement, mais aussi par les industries, les entreprises et les ménages.

Ces coûts n’incluent pas les économies réalisées par les innovations, la diminution des coûts de santé ou les gains de productivité.

Le rapport précise qu’« il existe de grandes incertitudes sur ces estimés en raison des hypothèses nécessaires à leur calcul ».

Le document fait remarquer que le Québec améliorera grandement sa balance commerciale avec l’étranger en réduisant ses achats d’hydrocarbures.

« En rapatriant ces capitaux présentement dédiés aux importations d’énergie fossile, le Québec pourra les réinvestir dans des projets de production d’électricité renouvelable. En 2030, la balance commerciale interprovinciale et internationale du Québec pour l’énergie s’améliorera de près de 2 milliards de dollars par an grâce à une réduction substantielle des importations de pétrole brut […]. D’ici 2050, ce gain se porte à près de 5 milliards de dollars par an. »

Rappelons que le Québec s’est engagé pour 2030 à réduire de 37,5 % ses émissions de GES par rapport au niveau de 1990. Pour 2050, la cible est de 80 %.

Il doit ramener ses émissions actuelles 80 millions de tonnes équivalent CO2 à un peu plus de 20 millions de tonnes CO2 en 2050.