Une première étude environnementale indépendante réalisée au Québec vient soulever des craintes quant à la possibilité d'un déversement de pétrole lourd provenant du futur oléoduc Énergie Est de TransCanada.

On y apprend que les systèmes de surveillance prévus par TransCanada ne pourraient détecter une fuite dont le débit serait de moins de 1,5 % du débit total de l'oléoduc.

Or, une fuite de 1,5 % du débit représente pas moins de 2,6 millions de litres par jour.

Bien que l'étude ait été faite à la demande de la MRC d'Autray - qui regroupe notamment les municipalités de Berthierville, Lanoraie, Lavaltrie et Saint-Gabriel-de-Brandon - ses conclusions s'appliquent dans la quasi totalité des municipalités où passera le pipeline.

Les deux firmes ayant réalisé l'étude, J.Harvey Consultants et ECOgestion-solutions, estiment qu'il pourrait s'écouler plusieurs semaines avant de détecter une fuite dont le débit serait moins de 1,5 % du débit. Sans surprise, le rapport recommande donc à la MRC d'exiger un système de détection des fuites sous le seuil des 1,5 %.

Par ailleurs, le document souligne que la compagnie pétrolière invoque le secret professionnel à valeur commerciale pour ne pas dévoiler les produits qu'elle utilise comme diluant pour permettre au pétrole lourd de circuler dans l'oléoduc. Toutefois, certains de ces diluants sont hautement toxiques et ont déjà été identifiés comme étant la cause de problèmes de santé très graves lors de déversements.

Parmi les autres sources d'inquiétude, l'évaluation note qu'un déversement dans un marais ou une tourbière du pétrole particulièrement lourd tiré des sables bitumineux, pourrait se traduire par une pollution chronique de ces milieux.

Les auteurs de l'évaluation ajoutent de plus que la MRC devrait exiger des clapets anti-retour dans les sections en pente de l'oléoduc pour empêcher un reflux qui aggraverait un déversement en cas de rupture.

La MRC d'Autray rendra publique la semaine prochaine sa position face aux recommandations du rapport, qui doit servir à alimenter ses représentations devant l'Office national de l'énergie, qui aura le dernier mot sur le projet Énergie Est.