La Russie s'est alarmée mardi du niveau d'eau du lac Baïkal, la plus grande réserve d'eau douce du monde, à son plus bas depuis 60 ans en raison d'une saison très sèche et d'un drainage excessif selon des militants de défense de l'environnement.

«Le niveau actuel est le plus bas depuis ces 60 dernières années», a déploré Iouri Safianov, le ministre des Ressources naturelles de la république de Bouriatie, l'une des deux régions bordant le lac Baïkal, qui contient 20% des réserves d'eau douce du monde.

Ce niveau ne dépasse actuellement que de huit centimètres le minimum autorisé de 456 mètres au-dessus du niveau de la mer, a-t-il souligné, cité par la presse locale.

Face à cette «baisse d'eau dans le lac Baïkal», le département du ministère russe des Situations d'urgence en Bouriatie a annoncé mardi «se mettre en état d'alerte» pour surveiller notamment l'approvisionnement en eau des villages voisins qui risquent de subir des pénuries.

Les défenseurs de l'environnement pointent du doigt l'industrie locale, notamment la société hydroélectrique Irkutskenergo, dont une centrale est installée sur l'Angara - la seule rivière se jetant dans le Baïkal -, l'accusant d'abuser des ressources du lac.

«Chaque année, l'industrie veut baisser le niveau du lac pour produire plus d'électricité», affirme Alexandre Kolotov, coordinateur russe de l'ONG Rivières sans Frontières, un groupe d'associations chinoises, russes, mongoles et américaines.

L'été dernier, ce niveau avait déjà baissé alors que tout le monde s'attendait à une année pluvieuse. Mais l'année s'est avérée particulièrement sèche, abaissant d'autant plus le niveau du lac, a déclaré Arkadi Ivanov, du programme Baïkal de Greenpeace.

«Maintenant, l'industrie énergétique veut l'abaisser encore plus. Plus ils peuvent abaisser ce niveau, plus ils gagnent de l'argent», souligne-t-il.

Le gouvernement russe doit décider la semaine prochaine s'il autorisera une nouvelle baisse du niveau d'eau minimal du lac Baïkal pour alimenter les centrales hydroélectriques.