Les cas d’enfants abusés sexuellement sur l’internet ont atteint un sommet avec le confinement. Dans les prochains mois, nos journalistes enquêteront sur cette autre épidémie.

Le prédateur sexuel n’est plus dans le parc. Il est désormais dans l’écran du cellulaire de votre enfant. À 12 ans, Léa* a été leurrée par un accro à la pornographie juvénile qui l’a poussée à faire un geste horrible. L’ado et sa famille se sont confiées à La Presse pour éviter que l’histoire ne se répète. Surtout que les jeunes passent encore plus d’heures que d’habitude sur leurs écrans en temps de pandémie.

Le piège

Seule dans sa chambre, Léa* pleure en fixant son écran de cellulaire.

Il est tard. Tout le monde dort, sauf elle.

La jeune fille de 12 ans vient de faire une fellation à son frère de 4 ans endormi.

Elle a pris une photo de l’agression pour l’envoyer à une inconnue de 14 ans par Messenger.

L’ado est consciente de l’horreur de son geste.

« Avant de le faire, je pleurais. Après l’avoir fait, je pleurais », se souvient-elle.

La jeune fille – qui commence tout juste le secondaire – échange des photos avec l’inconnue depuis une semaine.

Premier défi

Au début, Léa envoie une photo « normale », où elle apparaît habillée. Puis, l’inconnue lui lance un premier défi.

Est-elle assez brave pour envoyer une photo d’elle en sous-vêtements ?

Léa relève le défi.

La toile d’araignée se tisse.

Des photos d’elle nue ?

Léa le fait aussi.

Dans des positions sexuelles explicites ? L’inconnue lui envoie quatre photos de pornographie juvénile en guise d’exemples.

Léa s’enfonce.

Puis, l’inconnue découvre que Léa a un petit frère et une petite sœur. Elle veut des photos de leurs organes génitaux. Léa envoie deux photos du pénis du garçon de 4 ans.

Quand son interlocutrice lui demande une image d’elle qui « touche son frère », Léa refuse. Tout cela va trop loin.

Léa a déjà envoyé une quarantaine d’images.

Son « amie Facebook » lui rappelle alors les informations personnelles et les photos qu’elle a déjà d’elle.

Ces photos seront-elles envoyées à ses amis ? À l’école au complet ?

Si je lui dis non, je vais être partout sur l’internet.

Léa

« Tiens-toi, Léa, virale, pense-t-elle à ce moment-là. J’avais peur. J’étais complètement prise là-dedans. » Nous sommes en septembre 2016. Le piège vient de se refermer sur elle.

En réalité, derrière le profil d’une inconnue de 14 ans se cache un homme de 30 ans qui carbure aux images d’agressions sexuelles d’enfants.

Léa a fini par le comprendre. Trop tard.

Une dizaine de jours plus tôt, lorsque la jeune fille de 12 ans a reçu une demande d’amitié d’une jeune inconnue sur Facebook, elle a consulté sa mère.

Chez les Champlain*, il y a toujours eu des règles sur l’usage des réseaux sociaux.

L’inconnue s’appelle Erika G. Elle a 14 ans. Elle aime la danse et la gymnastique comme Léa.

« Je me disais : “Wow, on aime les mêmes choses” », se souvient l’ado.

« Je regarde le profil de la Erika en question et je ne relève rien de bizarre. Je trouvais ça cool », ajoute sa maman, qui se sent terriblement coupable depuis.

La maman de Léa l’autorise à devenir « amie Facebook » avec Erika G.

À l’époque, Léa n’est pas encore entrée dans l’adolescence. Sa puberté n’est pas commencée. « Elle a 12 ans, mais elle a le corps d’une enfant de 8 ans », décrit sa mère.

« Ma fille est passée du jour au lendemain d’un monde de Calinours à un monde d’adulte sale ; un monde d’abuseurs », poursuit sa maman en colère.

« Elle s’est fait voler son enfance. »

La bombe

« Francis Pelletier, crimes majeurs. Êtes-vous la mère de Léa Champlain ? »

Il est à peine 7 h, début novembre, lorsque Josée*, la maman de Léa, reçoit un appel de la police.

Léa est à l’étage, en train de se préparer pour l’école.

Cela fait deux mois que la jeune fille de 12 ans a envoyé à un prédateur sexuel la photo de son petit frère où on la voit lui faire une fellation.

Deux mois que son terrible secret la ronge. « Je ne savais pas comment en parler », se souvient l’ado, qui a aujourd’hui 16 ans.

J’avais peur que mes parents me jugent, qu’ils soient fâchés.

Léa

Facebook a rapidement bloqué son compte. Puis, plus rien.

Chaque jour, en arrivant à l’école, Léa se demande si ses photos ne sont pas devenues virales. Elle scrute le regard de ses camarades de classe à la recherche d’un indice.

Dans son cours d’histoire, lorsque son enseignante fait une recherche sur Champlain sur le tableau interactif, elle redoute qu’une image d’elle, nue, apparaisse à l’écran.

Mutisme

À la maison, elle s’enferme dans son mutisme. Un souper qui ne lui plaît pas déclenche une crise.

« Nous, on met l’humeur de marde, les nuits de marde, les colères qu’elle fait pour rien sur le compte du début du secondaire, du stress, décrit sa mère. Jamais on n’a soupçonné quoi que ce soit d’autre. »

Le matin de l’appel, l’enquêteur refuse de dire quoi que ce soit au téléphone. Il lui demande de venir le rencontrer au poste le plus vite possible. Et surtout, de ne rien dire à Léa.

Une fois au poste, l’enquêteur amène la mère dans un petit bureau sans fenêtre. Il fait défiler une série de photos intimes de jeunes filles sous ses yeux. Y reconnaît-elle Léa ?

Certaines de ces photos ont été identifiées par Facebook comme de la pornographie juvénile, puis signalées à la police.

Le monde de Josée s’écroule. Elle pleure. Elle est fâchée. Elle ne comprend plus rien. Elle voit l’image de sa fille qui fait une fellation à son petit frère. A-t-elle fait ça de son plein gré ?, se demande-t-elle.

La maman doit mettre les images de sa fille de côté. Puis les repasser une à une pour identifier des lieux qu’elle reconnaît. Là, Léa est dans sa chambre chez son père – les parents sont séparés depuis des années. Ici, elle est dans sa chambre chez sa mère.

L’enquêteur lui donne ensuite deux choix : soit elle va la chercher elle-même à l’école pour l’amener au poste de police sans lui dire de quoi il s’agit, soit il envoie une voiture de patrouille pour la récupérer.

Josée préfère s’en charger elle-même. Juste imaginer son enfant assise seule sur la banquette arrière d’une voiture de police lui donne des frissons.

À sa sortie du poste, elle s’effondre en larmes. Après plusieurs tentatives, elle rejoint son ex-conjoint. « Il s’est passé quelque chose avec Léa. Elle a fait des photos. Je ne comprends pas pourquoi. Je ne comprends pas avec qui. Je ne sais rien », lui dit-elle.

« Quelle sorte de photos ? », demande le père.

« Du genre que tu ne veux pas voir », répond-elle.

* * *

« Léa Champlain est demandée au secrétariat immédiatement. Léa Champlain. »

Ce jour-là, lorsque Léa sort de son cours pour se rendre au secrétariat, ses parents l’attendent pour lui annoncer une mauvaise nouvelle : son grand-père a été hospitalisé d’urgence. Ils doivent se rendre à son chevet.

Rien de tout ça n’est vrai. C’est le mensonge imaginé par ses parents pour l’amener au poste. Sa mère a les yeux rougis.

Une fois devant l’enquêteur, Léa commence par nier. Même si, sur certaines images, on voit son visage. Le policier réussit à la calmer. L’ado finit par décrire le piège dans lequel elle est tombée. L’interrogatoire durera trois heures.

Léa ne se sent pas comme une victime. Elle a l’impression que c’est elle, la criminelle.

« Elle se sent encore comme ça aujourd’hui », laisse tomber sa mère, alors que le leurre informatique est survenu il y a quatre ans.

Dans les semaines suivantes, l’ado répète à qui ose l’approcher qu’elle est « dégueulasse ».

Sa mère insiste : « Le problème, ce n’est pas toi, c’est l’adulte de l’autre bord de l’écran. »

« Toi, tu n’es qu’une enfant. »

Mais Léa ne veut rien entendre. Un soir, elle crie à sa mère qu’elle ne mérite pas de vivre et encore moins d’être aimée.

« Je vais m’en sortir seule ou je ne m’en sortirai pas », ajoute l’ado de 12 ans.

Le tsunami

Les policiers ont mis cinq mois avant d’arrêter l’homme qui a volé l’enfance de Léa.

Pendant ce temps, la jeune fille est prise dans un tsunami.

Elle doit se soumettre à une évaluation sexologique pour savoir si elle représente un danger pour son frère et sa sœur.

Elle n’a plus le droit de dormir sur le même étage qu’eux ni d’être seule en leur présence.

Son petit frère rencontre aussi des spécialistes. Conclusion : il ne se souvient de rien.

S’il avait eu des séquelles, je ne serais pas passée au travers.

Léa

Des accusations criminelles en Chambre de la jeunesse en lien avec la pornographie juvénile planent au-dessus de sa tête (elle n’a finalement pas été accusée en se prêtant à des mesures de rechange).

Ses résultats scolaires chutent de façon dramatique.

Ses parents surveillent ses bras à la recherche de signes d’automutilation. Ils ne la laissent jamais seule, de crainte qu’elle se suicide.

Le sergent-détective Pelletier, dont la famille Champlain n’a que du bien à dire, promet à Léa de retrouver le prédateur. Ça lui donne un peu d’espoir.

L’enquête

La police met toute la gomme. « Ç’a été une longue enquête », dira plus tard l’enquêteur Pelletier au tribunal. Il émet d’abord une ordonnance de communication à Facebook pour que l’entreprise lui transmette toutes les adresses IP utilisées par le profil d’Erika G. durant la période de l’infraction.

Une fois ces adresses IP obtenues, il fait de nouvelles demandes, cette fois-ci auprès des entreprises de télécommunication, pour obtenir la provenance des adresses. Avec ces adresses, il obtient ensuite des mandats de perquisition auxdites adresses.

Les perquisitions mènent la police en Abitibi… à des centaines de kilomètres de chez la jeune Léa. Le prédateur communiquait avec l’adolescente surtout sur son lieu de travail (une coopérative agricole).

« J’ai su que les conversations avec la victime ont eu lieu à la coopérative agricole, donc j’ai vérifié qui travaillait là et j’ai découvert – en faisant des rapprochements avec les horaires de travail – que c’était Frédéric Terroux qui était derrière l’ordinateur », décrira le SD Pelletier à la cour.

Grâce à ces informations, les enquêteurs perquisitionnent ensuite chez cet homme de 30 ans, un père de famille sans antécédents judiciaires.

Nous sommes en février 2017. Dans le matériel informatique de l’homme qui exploite une fermette avec sa conjointe, les policiers trouvent 50 fichiers vidéo et 6 fichiers graphiques. Il a regardé une fillette de 5 ans se faire pénétrer par un adulte jusqu’à éjaculation. Il a aussi visionné une vidéo d’un garçon de 12 ans qui masturbe une fillette de 5 ans et se fait masturber.

Ces fichiers s’ajoutent aux 49 échangés avec Léa. Ils sont retrouvés dans la partie effacée du disque dur. Le prédateur a installé un logiciel effaçant de façon permanente des données.

Arrêté et inculpé de leurre, d’incitation à des contacts sexuels sur un mineur, de possession et de production de pornographie juvénile, le trentenaire va rapidement plaider coupable.

Sauf que même après avoir plaidé coupable, il nie avoir une attirance sexuelle envers les enfants. Il affirme avoir consommé des images d’agressions sexuelles d’enfants pour « réduire son stress » causé par de graves problèmes financiers.

Son propre père en consommait avant lui. Ado, Frédéric Terroux y a été initié. Son père a été condamné et a fait de la prison les week-ends. Cela n’a pas eu un effet dissuasif sur le fils, a souligné la poursuite aux observations sur la peine.

Le psychologue-sexologue qui l’a évalué a conclu qu’il avait une « attirance non avouée pour les enfants prépubères et les jeunes adolescentes ». De son côté, Terroux s’est contenté de dire que tout cela était un « dérapage » et qu’il comptait sur une thérapie pour y voir plus clair.

Pas une « vraie » victime

Longtemps après avoir été victime de leurre, Léa a eu peur des garçons.

« Les gars, dans ma tête, c’était tous des dégueulasses. »

Quand sa mère a abordé le sujet des relations sexuelles avec elle, Léa l’a regardée comme si elle vivait sur une autre planète. « Je ne peux pas comprendre que vous fassiez cela pour le plaisir », lui a répondu l’ado.

Puis, elle s’est enfermée dans sa chambre en claquant la porte : « Tu ne comprends pas comment je me sens. Personne ne va jamais comprendre. »

Dans les mois qui ont suivi, Josée s’est fait claquer la porte au visage un nombre incalculable de fois.

Fallait que je respecte son rythme et lui dire qu’on allait toujours être là pour elle.

Josée, mère de Léa

Tout ce temps-là, les mêmes questions les ont hantées, le père de Léa et elle : pourquoi elle ne nous a rien dit ? Pourquoi elle ne nous a pas parlé ? Pourquoi elle n’a pas eu la certitude qu’on allait la protéger ?

L’une des « claques au visage » les plus violentes, ça a été le refus de l’IVAC – indemnisation des victimes d’actes criminels – de reconnaître Léa comme une victime.

Au Québec, les jeunes victimes d’exploitation sexuelle (pornographie juvénile, leurre d’enfants, prostitution juvénile, etc.) ne sont pas reconnues comme victimes au sens de la loi sur l’IVAC.

En d’autres mots, elles n’ont pas droit à une indemnisation parce que ni la pornographie juvénile ni le leurre d’enfants ne sont dans la liste des infractions admissibles.

Souvent, sans cette aide, les victimes n’ont pas les moyens de s’offrir les services de psychothérapie dont elles ont besoin.

Les psychothérapeutes de la Fondation Marie-Vincent, organisme qui vient en aide aux enfants et aux adolescents victimes de violences sexuelles, sont témoins des impacts catastrophiques de cette décision sur les jeunes victimes.

« Ça envoie le message à la victime qu’on ne prend pas sa situation au sérieux ou que ce n’est pas si grave que ça, décrit Claudia Blanchard-Dallaire, psychologue auprès des enfants et des ados à la Fondation Marie-Vincent. Ça amène des enjeux majeurs qu’on doit reprendre en thérapie. »

« C’est absolument un non-sens, ajoute sa collègue sexologue Julie Beaudoin. Les jeunes victimes de leurre ou de pornographie juvénile peuvent avoir autant de symptômes de choc post-traumatique sévères qu’un jeune qui a vécu une agression sexuelle au sens de la loi. »

Lorsque leur demande à l’IVAC est rejetée, ces jeunes ont l’impression que leur souffrance n’est pas reconnue, explique Mme Beaudoin. Ils éprouvent un grand sentiment d’injustice. « Un sentiment que je partage », ajoute la sexologue.

Surtout que l’exploitation sexuelle fait maintenant partie des motifs de signalement prévus dans la Loi sur la protection de la jeunesse, soulignent les intervenantes de la Fondation Marie-Vincent.

Ainsi, la loi sur l’IVAC devrait être modifiée « rapidement » pour que toutes les formes d’exploitation sexuelle soient reconnues comme des motifs de victimisation permettant aux jeunes d’obtenir une compensation financière et des services d’aide financés, a d’ailleurs recommandé la Fondation Marie-Vincent à la Commission spéciale sur l’exploitation sexuelle de mineurs, dont le rapport doit être déposé à l’Assemblée nationale cet automne.

« Je n’en reviens pas comment le système de l’IVAC est imbécile, lâche la mère. Parce que personne ne l’a touchée physiquement, ce n’est pas grave ? »

Le petit frère, lui, a été indemnisé parce qu’il a été victime d’une agression physique.

La peine

Ce refus de l’IVAC a été pire pour la mère et sa fille à accepter que la peine imposée à l’agresseur.

Frédéric Terroux a écopé de deux ans de prison.

Les parents de Léa ont refusé qu’elle assiste au prononcé de la peine. Josée et son ex-conjoint y sont allés. Ils ont d’ailleurs été décrits comme des parents « bienveillants ».

Le juge a insisté sur la gravité des gestes de Terroux, qui a exercé un « immense contrôle » sur une « enfant » de 12 ans, âge où l’on est encore si « vulnérable » et « influençable ».

Ce jour-là, Josée n’a pas lâché l’accusé des yeux une seconde. Les deux parents étaient tendus au point où un constable spécial a gardé sa main sur l’épaule du papa durant toute l’audience.

Josée est « désillusionnée » par le système judiciaire. Elle n’en veut pas au juge ni à la procureure, mais au « système » qui fait que les peines pour des crimes liés à l’exploitation sexuelle d’enfants sur l’internet sont l’équivalent d’une « petite tape sur les doigts » à ses yeux.

« Il faut donner des peines à la hauteur du mal qui est fait. »

Aux parents de mes amis

Le spectre que des images intimes d’elle ressurgissent sur le Net à un moment ou à un autre de sa vie hante Léa.

« J’y pense encore tous les jours », raconte l’ado qui s’est fait leurrer il y a quatre ans.

Personne ne peut lui promettre que toutes les images ont été détruites pour toujours.

Frédéric Terroux n’a pas été accusé de distribution de pornographie juvénile. Or, comme l’a souligné le juge, les fouilles de ses ordinateurs démontrent des traces d’un logiciel permettant le partage « pair-à-pair ».

« Le Tribunal ajoute ce passage afin d’illustrer la facilité avec laquelle un prédateur peut piéger un enfant, produire des images, les diffuser et contribuer à nourrir les déviances d’autres pédophiles », insiste le magistrat.

« À quel moment je vais arriver à l’école, puis quelqu’un va me dire : “Hé, c’est toi que j’ai vue sur l’internet ?” », redoute toujours Léa.

Avec le recul, même si elle ne lui en veut pas, Léa aurait aimé que sa mère surveille de plus près ses activités virtuelles.

« Surveillez le téléphone de vos enfants », lance l’ado.

Sa mère autorisait – ou non – ses nouveaux amis sur Facebook. Mais ça n’a pas été suffisant.

Aujourd’hui, Léa limite sa présence sur les réseaux sociaux. Elle n’a plus de photo de profil.

« J’espère que mon histoire va ouvrir les yeux à d’autres », dit l’adolescente.

Sa mère et elle sont devenues très complices. « Ma fille est sortie grandie de ça. Elle aurait pu apprendre tout cela autrement ; ça aurait fait mon affaire. Mais ce qu’elle en a tiré, ce n’est pas juste négatif. »

Aujourd’hui, Léa va mieux. Elle veut travailler en relation d’aide plus tard.

Elle a un amoureux à qui elle a confié ce qui lui était arrivé. « Il ne comprenait pas pourquoi j’étais aussi dure envers moi-même, alors quand j’ai senti que c’était sérieux, j’ai décidé de lui dire. Il a super bien compris », souligne-t-elle.

« C’est vraiment important de parler, ajoute l’ado. Là, je le sais. »

*Le prénom et le nom de famille de Léa Champlain sont fictifs, son histoire ne l’est pas. Pour écrire cette histoire, La Presse a consulté des documents judiciaires et rencontré la victime ainsi que sa famille.

Le prédateur a quitté le parc

« Les prédateurs sexuels vont être là où sont les jeunes. Avant, les jeunes étaient dans les parcs. Il y avait des prédateurs dans les parcs. Aujourd’hui, les jeunes sont sur Fortnite et sur les réseaux sociaux, c’est donc là qu’on va retrouver les prédateurs. »

La sexologue Myriam Le Blanc-Elie, qui s’occupe de projets de prévention à la Fondation Marie-Vincent, remarque que les parents vont encore aujourd’hui mettre en garde leurs enfants contre l’agresseur inconnu au parc ou au centre commercial.

Mais ils vont négliger d’imposer des règles à leurs enfants sur les réseaux sociaux.

Seulement un jeune sur quatre rapporte avoir une limite de temps pour l’utilisation des technologies. Peu de filles (35 %) et encore moins de garçons (22 %) affirment que des sites ou des applications leur sont interdits. Seuls 9 % des jeunes rapportent que des applications ou des sites leur sont bloqués, selon une enquête menée par la Fondation Marie-Vincent.

Il faut parler de leurre informatique aux enfants dès la 5e année du primaire, selon l’organisme qui aide les enfants victimes d’agressions sexuelles.

Dans le cadre de projets de prévention réalisés dans les écoles secondaires, la Fondation Marie-Vincent côtoie de nombreux jeunes. Ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont dit aux intervenantes : « Commencez la prévention plus tôt, on aurait aimé le savoir lorsqu’on a eu notre premier cellulaire en 5e année. »

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Plus d’une adolescente sur trois (36 %) s’est déjà fait envoyer au moins une fois une photo d’une personne nue ou à connotation sexuelle, selon une étude réalisée par la Fondation. La même proportion d’adolescentes s’est fait demander d’envoyer une photo intime d’elle-même. Et 7 % se sont déjà fait menacer par quelqu’un de publier une photo d’elle nue ou à connotation sexuelle si elle ne donnait pas ce qui était demandé (argent, autres photos intimes, etc.).

Pour plus d’information ou pour demander de l’aide

marie-vincent.org

cyberaide.ca

La Ligne Parents : 1 800 361-5085

Le réseau des CAVAC : cavac.qc.ca ou 1 866 532-2822 (sans frais)