Défait dans sa propre circonscription, Jean-François Lisée quitte la direction du Parti québécois (PQ).

M. Lisée s'est adressé à ses partisans réunis à l'Usine C, non loin du centre-ville de Montréal, après avoir perdu la circonscription de Rosemont aux mains du candidat solidaire et ex-journaliste Vincent Marissal.

«Le verdict de Rosemont met aussi un terme à l'emploi le plus formidable que j'ai eu, celui de chef du Parti québécois», a-t-il annoncé.

Le chef péquiste est monté sur scène alors que sa formation était gagnante ou du moins en tête dans seulement dix circonscriptions, à égalité avec Québec solidaire (QS). Le PQ détenait 28 sièges au moment de la dissolution de l'Assemblée nationale.

«La volonté populaire de choisir la CAQ pour s'assurer de déloger les libéraux était plus forte que tout», a-t-il constaté.

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Le PQ a selon lui été entraîné par ce «courant irrésistible» en faveur de la Coalition avenir Québec.

«Pour l'emporter, il nous fallait remonter les chutes du Niagara à la rame, a-t-il illustré. Et nous avons ramé à nous en arracher la peau des mains.»

M. Lisée n'a pas manqué de porter une partie du blâme sur Québec solidaire, qu'il accuse d'avoir activement contrecarré les efforts péquistes. M. Lisée n'a pas non plus caché son amertume face à l'échec de la convergence avec ce jeune parti.

«Lorsqu'on finira de calculer les votes, on se rendra compte qu'on assiste à l'éruption d'une nouvelle génération de souverainistes qui, additionnés, pointent à nouveau la boussole québécoise vers l'indépendance», s'est-il consolé.

Même si le PQ n'a pas réussi à décoller de la troisième place qu'il occupait dans les intentions de vote des Québécois, Jean-François Lisée s'est félicité d'avoir mené sa campagne «avec rigueur et bonne humeur» et d'avoir «passé le test de la crédibilité». Il a néanmoins accepté sa «grande part de responsabilité» pour les résultats décevants de lundi soir.

Les militants impassibles

Les militants du Parti québécois sont restés de marbre lorsqu'il a été annoncé que la CAQ formerait le prochain gouvernement. Et ils ont eu la même réaction, une heure plus tard, quand leur chef, Jean-François Lisée, a été déclaré défait.

Petit baume pour les partisans: leur populaire vice-cheffe, Véronique Hivon, a été réélue dans Joliette, ce qui a suscité de chauds applaudissements dans la salle.

Vers 22h, les projections électorales avançaient que le PQ avait 10 sièges à portée de main. La formation politique n'a jamais obtenu moins de 23 sièges depuis 1973. Elle en détenait 28 au moment de la dissolution de l'Assemblée nationale.

«C'est une raclée pour le PQ, mais aussi pour le Parti libéral», a commenté Eugène Duplessis, un jeune militant parmi quelque 250 autres dans la salle, qui regardaient les résultats sur les grands écrans.

Sans Québec solidaire, on serait sortis pas mal plus forts, tranche pour sa part David Ouellet.

Les militants venaient de commencer à se rassembler pour la soirée électorale à l'Usine C, une salle de spectacle située non loin du centre-ville de Montréal, lorsque la nouvelle du gouvernement caquiste est tombée, jetant immédiatement un froid dans la salle.

Si bien que l'annonce de l'élection de leur premier candidat a été accueillie sans faire grand bruit. Il s'agit du député sortant bien connu Pascal Bérubé, dans la circonscription de Matane-Matapédia.

Mais après, d'autres péquistes sont allés tenir compagnie à M. Bérubé: Sylvain Gaudreault, réélu dans la circonscription de Jonquière, Martin Ouellet, réélu dans René-Lévesque, et Harold Lebel dans Rimouski.

L'élection de Catherine Fournier, la plus jeune femme à siéger à l'Assemblée nationale, les a temporairement sortis de leur torpeur.

«On ne s'attendait pas à cela», a laissé tomber un jeune péquiste au rassemblement, Alexandre Richard.

«On espérait mieux», a soufflé un autre, l'air résigné. Les militants, le visage long, ne se donnaient même pas tous la peine d'applaudir lorsque les bonnes nouvelles arrivaient.

Découragée, une femme a dit que la population allait bien se réveiller dans quatre ans quand la CAQ allait replonger le Québec dans l'austérité.

La circonscription de Taschereau de la députée d'expérience Agnès Maltais a échappé au PQ: c'est Catherine Dorion, de Québec solidaire (QS), qui a été choisie par la population. Carole Poirier a subi le même sort dans la circonscription de Hochelaga-Maisonneuve: elle a été battue par Alexandre Leduc, de Québec solidaire. Même Diane Lamarre, qui était porte-parole en matière de Santé et qui avait tenu tête au ministre Gaétan Barrette, a perdu.

D'autres pertes pour le PQ: Jean-Martin Aussant, ancien chef d'Option nationale, défait dans Pointe-aux-Trembles par Chantal Rouleau (CAQ), ancienne mairesse d'un arrondissement de l'est de Montréal, et Michelle Blanc, femme transgenre reconnue pour son franc-parler, a été défaite dans Mercier par Ruba Ghazal de QS.

Avant le début de la soirée électorale, la présidente du PQ, Gabrielle Lemieux, avait déclaré que le parti était satisfait de la campagne qui avait été menée par le chef Jean-François Lisée et son équipe. Elle a toutefois souligné que le grand défi du PQ avait été d'incarner le changement, alors qu'il est sur la scène politique depuis plus longtemps que d'autres partis.