Le fédéral a bien un droit de regard sur le nombre d'immigrants admis chaque année au Québec, a convenu Jean-François Lisée, dimanche. Mais il a mis en garde Ottawa de ne pas l'utiliser pour empêcher éventuel gouvernement péquiste de réduire les seuils d'immigration.

Alors que l'immigration continue de provoquer de vifs débats entre François Legault et Philippe Couillard, le chef du Parti québécois a en partie donné raison au chef libéral. Oui, Ottawa a un droit de regard sur les seuils d'immigration économique au Québec, a-t-il convenu.

Mais du même souffle, il a sommé le fédéral de ne pas l'utiliser si le PQ prend le pouvoir.

« Jusqu'à maintenant, jamais le gouvernement fédéral n'a remis en question les décisions du Québec et je ne leur conseille pas d'essayer avec moi », a-t-il prévenu.

L'Accord Canada-Québec relatif à l'immigration précise que « le Canada établit chaque année les niveaux d'immigration pour l'ensemble du pays, en prenant en considération l'avis du Québec sur le nombre d'immigrants que ce dernier désire recevoir ».

Ce texte engage le Québec à « recevoir un pourcentage du total des immigrants reçus au Canada égal au pourcentage de sa population par rapport à la population totale du Canada ».

M. Lisée affirme qu'un éventuel gouvernement péquiste saura bâtir un meilleur rapport de force face à Ottawa que le Parti libéral ou la Coalition avenir Québec.

« Je suis aussi un juriste, je sais lire les textes, a expliqué M. Lisée. Mais je suis en politique et je sais lire le rapport de force politique. »

Le Parti québécois propose de réduire le nombre d'immigrants admis au Québec chaque année. Il souhaite que la détermination des seuils soit confiée à la vérificatrice générale plutôt qu'au gouvernement. M. Lisée a affirmé plus tôt dans la campagne que le nombre d'admissions « sera probablement autour de 35 000 ou 40 000 ».

Legault « pas prêt » à être premier ministre

La Coalition avenir Québec propose pour sa part de réduire à 40 000 le nombre d'immigrants admis dans la province. Son chef François Legault propose de révoquer le certificat de sélection des nouveaux arrivants qui échoueront un test de français ou un « test de valeurs ».

Mais M. Legault a fourni des réponses hésitantes, voire erronées, samedi, sur les critères d'obtention de la citoyenneté canadienne. Un épisode qui démontre que le chef caquiste « n'est pas prêt » pour le rôle de premier ministre, a ironisé M. Lisée.

« Un candidat pour le poste de premier ministre qui fait campagne sur l'immigration depuis deux ans a démontré qu'il ne connaissait pas le B-A-BA de l'immigration au Québec et au Canada, a-t-il déclaré. Il a démontré qu'il n'a aucune crédibilité pour parler d'immigration puisqu'il ne sait même pas comment ça marche. »

Le chef du Parti québécois a tenu ces commentaires dans un endroit singulier pour un leader indépendantiste : devant le parlement fédéral.