Pour financer ses promesses de 2,4 milliards, Philippe Couillard table sur une croissance économique un peu plus élevée que prévu, épuise les nouveaux surplus de 950 millions et prévoit des économies générées par une révision de programmes et une fusion d'organismes.

Le Parti libéral ne pigerait pas davantage dans la réserve de stabilisation, une cagnotte constituée des surplus passés.

En conférence de presse à Montréal mercredi, le chef libéral a plaidé que son cadre financier est «prudent», «intègre la totalité des engagements» et assure le maintien de l'équilibre budgétaire durant tout un éventuel deuxième mandat.

Il chiffre ses promesses à 2,4 milliards de dollars par année à terme, en 2022-23. Cela comprend des promesses qui n'ont pas encore été annoncées et qui se sont évaluées à 122 millions pour cette année et 66 millions en 2022-23.

Selon M. Couillard, ses engagements représentent 1,2 milliard en  «mesures visant à redonner de l'argent dans la poche des Québécois», dont 380 millions $ pour le chèque aux parents -  150$ à 300$ par enfant. L'autre partie, toujours de 1,2 milliards, servirait à «l'amélioration des services», a-t-il souligné.

Dans le rapport préélectoral présenté avant les élections, le gouvernement annonçait des surplus additionnels de 950 millions par année, dus à une croissance de l'économie plus soutenue qu'anticipée. Le PLQ entend les utiliser entièrement pour payer ses promesses s'il est réélu.

Dans son cadre financier, il revoit à la hausse les prévisions de croissance économique qu'il avait inscrites au rapport préélectoral.

Pour 2018, le PIB réel bondirait de 2,3% plutôt que 2,1%, estime-t-il. Une telle différence de 0,2% fait gonfler les revenus du gouvernement de 200 millions. Pour les quatre années suivantes, le PLQ révise encore ses prévisions et prévoit que la hausse du PIB réel serait plus élevée de 0,1% par an (on passe par exemple de 1,7% à 1,8% en 2019). Ces prévisions sont «prudentes» et demeurent «inférieures à celles du secteur privé», a fait valoir Philippe Couillard.

Les revenus autonomes sont par conséquent, eux aussi, revus à la hausse pour les prochaines années comparativement au rapport préélectoral. Pour l'année en cours, on passe de 1,3% à 1,9%. En 2019, c'est 3,4% au lieu de 3,1%. Le PLQ s'attend ainsi à des revenus supérieurs de deux milliards en 2022-2023 par rapport à ceux inscrits dans le rapport électoral pour cette même année.

Le PLQ estime que la lutte contre les paradis fiscaux et la taxation du commerce en ligne lui permettraient de récupérer, à terme, des revenus supplémentaires de 150 millions par année.

Tel que prévu dans le budget 2018-19, les libéraux pigeraient 1,5 milliard dans la réserve de stabilisation cette année, 936 millions l'an prochain et 479 millions l'année suivante. La réserve atteindrait 3,8 milliards à terme.

Au chapitre des dépenses, le PLQ promet un minimum de 4% par année à l'éducation; 4,2% à la santé. Cela représenterait un effort de 886 millions $ par année à terme, un peu plus du tiers des 2,4 milliards de promesses, calculent les libéraux.

La croissance totale du budget des ministères passerait de 5,4% cette année, à entre 2,4% et 3,1% les années suivantes.

Le PLQ promet la poursuite de la révision des programmes. Il évoque «des opportunités de regroupements d'organismes», «la simplification des structures administratives», «l'organisation des activités de recouvrement à l'échelle gouvernementale», «la modernisation des systèmes et des processus de la SAAQ». Il ferait ainsi, avance-t-il, des économies annuelles de 250 millions à terme. Elles sont raisonnables et n'ont rien à voir avec «les hypothétiques économies de quatre milliards» avancées par la CAQ. François Legault n'est «pas fiable» en matière de finances publiques, a ajouté M. Couillard à quelques reprises, recyclant ici une ligne d'attaque de Jean Charest contre le chef caquiste en 2012.

Le PLQ maintiendrait les paiements prévus au Fonds des générations, qui sert à réduire le poids de la dette par rapport au PIB. En 2022, la dette brute serait de 214 milliards, soit 44,9% du PIB, ce qui permet de passer sous la barre des 45% plus tôt que ce qui était prévu dans la loi sur l'équilibre budgétaire. Il y arrive même s'il augmente d'un milliard par année les investissements prévus dans le Plan québécois des infrastructures. Sur 10 ans, on parle d'un plan de 110 au lieu de 100 milliards.

Le PLQ calcule qu'il constituerait au fil des ans des provisions et des marges de manoeuvre permettant de faire face à une crise financière «moyenne». D'ici 2023, il accumulerait des provisions pour éventualités de 500 millions, un fonds de suppléance de 2,9 milliards et des provisions liées au service de la dette de 650 millions. On parle d'une cagnotte de 4,1 milliards à terme, à laquelle s'ajoute la réserve de stabilisation de 3,8 milliards.

Couillard «ment» selon Legault

Dans le cadre financier qu'il a présenté en fin de semaine, François Legault a calculé le coût de ses engagements à 2,7 milliards, quelque 300 millions de plus que le PLQ, qu'il avait pourtant accusé de dépenser autant que Québec solidaire. 

Mais aux yeux du chef caquiste, le PLQ cache le réel coût de ses promesses, qui seraient plutôt camouflées dans les hausses anticipées des budgets de certains ministères comme la Santé et l'Éducation. 

« uand le PLQ dit on a seulement 2,4 milliards d'engagement, ce n'est pas vrai, on ment», a accusé M. Legault.

- Avec la collaboration de Martin Croteau