Philippe Couillard dit « viser » une augmentation du nombre de nouveaux arrivants que le Québec accueille chaque année. Mais, il ne chiffre pas ses intentions.

En conférence de presse à Québec lundi, le chef libéral a répondu que, s'il est réélu, il y aurait « éventuellement » et « probablement » une hausse du seuil d'immigration au cours de son mandat. Ce seuil a été fixé à 51 000 cette année et à 52 500 en 2019, selon le plan présenté par son gouvernement l'an dernier.

« On doit viser l'augmentation, et on le fera chaque année dans le cadre d'un débat démocratique », à l'occasion de la présentation à l'Assemblée nationale du plan en immigration, a-t-il fait valoir.

En mars 2016, son gouvernement avait mis sur la table le scénario de fixer le seuil à 60 000 immigrants. « On a besoin de le faire », plaidait alors M. Couillard, insistant sur les importants besoins de main-d'oeuvre du Québec. Le gouvernement avait finalement choisi de réduire cette cible.

Lundi, le chef libéral n'a pas renié ses propos de 2016, mais, contrairement à ses adversaires, il n'a pas voulu s'avancer sur une cible. « La question de 2018, celle posée à l'électorat québécois, ce n'est pas celle-là, en tout respect, a-t-il répondu. C'est : est-ce que, oui ou non, on accepte la proposition de certains partis politiques de diminuer [le nombre de nouveaux arrivants]. C'est ça, la question de l'élection. Je réponds non, parce que c'est une erreur grave. »

Le débat sur l'immigration l'amène ainsi à changer la « question de l'urne » qu'il avait présentée le jour du déclenchement des élections. « L'enjeu est simple, avait-il alors dit, soit nous récoltons les fruits des efforts passés, soit nous compromettons des années de travail. Le choix se fera entre la stabilité et l'instabilité, entre le progrès et le recommencement. »

Il a balayé les nombreuses questions sur ses intentions précises advenant sa réélection. « La première urgence est de refuser l'accès au gouvernement à un parti qui veut diminuer » le seuil d'immigration, selon lui.

Cette affaire met en cause la « survie économique » du Québec. L'immigration est l'une des solutions à la pénurie de main-d'oeuvre, a-t-il martelé. 

La proposition d'une baisse « envoie un signal très négatif au Québec, un signal de fermeture. À ma connaissance, il n'y a pas d'autres États en Amérique du nord à avoir poser ce geste-là. » On dessinerait ainsi un « cercle noir » autour du Québec, qui perdrait la compétition avec les autres États pour obtenir des « travailleurs d'ailleurs », comme le veut son expression de prédilection.

D'un côté, il reconnaît que « certaines personnes » ont des « craintes » au sujet de l'immigration, qu'il trouve « légitimes ». D'un autre, il dit qu'il n'entend « plus rien de négatif » au sujet des nouveaux arrivants et de leur intégration, ce qui s'explique selon lui par le fait que « le besoin de main-d'oeuvre est tellement important ».

Il considère que son « devoir politique est d'atténuer les craintes et d'y répondre, plutôt que de les augmenter ». « L'autre type de leadership politique, que je rejette, est de prendre ces craintes et d'en faire un vecteur d'action politique, de miser son discours politique sur elles ». Selon lui, « ce n'est pas parce qu'un discours fait mouche qu'il faut s'en servir ».

Philippe Couillard a tout de même esquissé des critères à respecter pour augmenter le seuil d'immigration. Ainsi, « il faut s'assurer que nos politiques d'intégration et de francisation soient en place et fonctionnent ». À l'entendre, ces conditions paraissent remplies, puisque « le Québec performe bien » en la matière selon lui. Mais, il peut « mieux performer », comme ce qu'on souhaite pour « tout système de service public », a-t-il ajouté.

M. Couillard a d'ailleurs réitéré des promesses faites en juin pour l'intégration et la francisation des nouveaux arrivants. Seule nouveauté présentée lundi : il ajoute deux millions par année pour faciliter la sélection des immigrants économiques en fonction des besoins de main-d'oeuvre.

Lors du conseil général de son parti en juin dernier, le chef libéral s'était engagé à accorder 15 millions par année aux MRC pour mieux intégrer et retenir dans les régions les « travailleurs venus d'ailleurs », comme le veut son expression favorite depuis le début de la campagne. Il avait également promis une enveloppe supplémentaire de 10 millions par année en vue d'augmenter les services de francisation en entreprise offerts par les commissions scolaires et des organismes.

M. Couillard a voulu remettre au goût du jour ces deux engagements. Il a augmenté un peu la mise en annonçant 10 millions étalés sur cinq ans et destinés aux municipalités et aux MRC. La somme servirait à dresser un portrait local des besoins de main-d'oeuvre. Ce serait fait avec l'aide d'Emploi-Québec. Pour le PLQ, ce serait un moyen de faciliter la planification de l'immigration économique et la sélection des nouveaux arrivants.