Le chef de la Coalition avenir Québec François Legault n'a pas même pas essayé de dorer la pilule lorsqu'il a rejeté l'idée de la mairesse de Montréal de construire une nouvelle ligne de métro à Montréal.

Valérie Plante a remporté les élections municipales de 2017 en étant portée, en partie, par le projet de la « ligne rose » dont les stations porteraient le nom de femmes et de membres des minorités qui ont contribué à l'essor de la ville.

Le Parti libéral, le Parti québécois et Québec solidaire - les trois partis, contrairement à la CAQ, comptent des élus sur l'île de Montréal - ont tous appuyé cette idée, même si certains ont reconnu que ce projet demeurerait au stade embryonnaire pendant de nombreuses années, si jamais il se réalise.

Mais M. Legault et son parti, plutôt populaire dans les deux couronnes de Montréal, ont fait la fine bouche.

« Nous avons conclu que ce n'était pas une priorité », a-t-il déclaré lors du congrès du parti, en mai.

La CAQ ne compte pas réellement sur les électeurs de l'île pour l'amener au pouvoir, le 1er octobre. Même si le parti a des chances dans quelques circonscriptions montréalaises, sa base véritable se situe à Québec et dans les régions.

Montréal, le moteur économique de la province, figurera-t-elle en tête de liste des priorités d'un gouvernement caquiste ?

L'île est un bastion libéral. Elle a eu du mal à attirer l'attention du gouvernement lorsque le Parti québécois était au pouvoir, soutient un ancien maire de Westmount, Peter Trent.

« J'ai ressenti la différence, a déclaré M. Trent, qui a été maire de Westmount de 1991 à 2002 et de 2009 à l'an dernier. Chaque fois que le PQ était au pouvoir, un vent froid soufflait. »

Selon lui, les électeurs sont souvent mieux servis si leur élu est un membre du conseil des ministres.

À l'heure actuelle, la majorité des 27 circonscriptions de l'île de Montréal est détenue par le Parti libéral. Plusieurs de ces élus siègent au conseil des ministres de Philippe Couillard.

La partie ouest de l'île ne compte pas moins de 11 ministres, dont Carlos Leitao (Robert-Baldwin), Pierre Arcard (Mont-Royal), Martin Coiteux (Nelligan), Geoffrey Kelley (Pointe-Claire) et Dominique Anglade (Saint-Henri-Sainte-Anne).

Cette présence massive a sûrement eu une influence sur le projet du train léger sur rail (REM) lancé par la Caisse de dépôt et placement du Québec, dont le réseau traversera bon nombre de ces circonscriptions. De l'aveu même de M. Kelley, « nous voulions nous assurer que les préoccupations dans l'ouest de l'île soient entendues ».

Selon lui, si Montréal devait se retrouver « hors-jeu » sur le plan politique parce que le parti au pouvoir y compterait pas ou peu d'élus, cela représenterait « un gros problème ».

« Qu'il s'agisse de nos institutions, de notre infrastructure, il est très important que les gens soient proches du terrain et comprennent les enjeux », a-t-il ajouté.

Pendant les années au pouvoir de Stephen Harper de 2006 à 2015, les conservateurs n'avaient pas un seul siège sur l'île de Montréal, se souvient Angelo Persichilli, qui a été un des directeurs des communications du premier ministre.

Selon lui, le Québec n'était pas traité différemment parce qu'il avait moins de députés que d'autres provinces.

M. Persichilli a toutefois rappelé un vieil adage : « Les absents ont toujours tort ».

Le programme de la CAQ en matière de transport est axé autour de la banlieue, ce qui coïncide, comme par hasard, avec son soutien politique.

Le parti s'engage à étendre le REM vers les couronnes du nord et du sud de Montréal et à prolonger ou élargir certaines autoroutes.

Aux électeurs de l'île de Montréal, M. Legault s'engage notamment à construire un tramway dans l'Est et à prolonger la ligne bleue.