Les Québécois doivent épargner davantage, a dit François Legault, mercredi. C'est pourquoi un gouvernement de la Coalition avenir Québec (CAQ) confierait la gestion du Régime volontaire d'épargne-retraite aux bras investisseurs de l'État plutôt qu'à des gestionnaires de fonds privés.

De passage à Rivière-du-Loup, le chef François Legault a dénoncé le faible taux d'épargne des Québécois. En 1993, ils mettaient de côté 12% de leurs revenus, une proportion qui est tombée à 2% l'an dernier.

Il a cité les conclusions d'un rapport de Claude Castonguay selon lesquelles plus de 60 % des travailleurs ne pourront maintenir leur train de vie une fois à la retraite.

«Quelqu'un qui épargne et qui a la chance d'avoir un excellent revenu peut penser à une retraite plus jeune, a-t-il dit. Mais actuellement, bien honnêtement, ça ne balance pas.»

Le gouvernement libéral sortant a tenté de remédier à ce problème dans son dernier budget en créant les Régimes volontaires d'épargne-retraite (RVER). Ce programme, qui entrera en vigueur en janvier, oblige chaque employeur ayant au moins cinq employés à créer d'ici à 2015 un fonds auquel lui-même ne sera pas tenu de cotiser.

Dans la formule actuelle, les fonds sont confiés à des gestionnaires privés. Or, selon François Legault, les procès retentissants de Vincent Lacroix et d'Earl Jones ont miné la confiance des Québécois dans les administrateurs privés.

Un gouvernement caquiste confierait donc la gestion du régime à la Régie des rentes du Québec. Cette société d'État administrerait les comptes des épargnants, et les placements seraient réalisés par la Caisse de dépôt et placement.

«Ça va rassurer plusieurs personnes d'épargner en toute confiance, et ça va aussi permettre d'économiser en frais de gestion», a fait valoir François Legault.

La CAQ estime que les frais de gestion des sociétés d'État québécoises sont quatre fois moins élevés que ceux des gestionnaires de fonds privés. Si un travailleur épargne 4% de son salaire pendant 35 ans, cette seule différence de frais se traduirait par une somme de 35 000$ supplémentaires dans son bas de laine.

Confiance



François Legault fait le pari que les Québécois seront plus à l'aise de confier leurs épargnes à la Caisse de dépôt et placement, même si plusieurs gardent en tête le fiasco du papier commercial. Dans la foulée de ce placement désastreux, la société d'État a déclaré une perte de 40 milliards en 2008.

«Compte tenu de la taille du portefeuille qu'on a à la Caisse de dépôt, on peut quand même penser que les fonds sont protégés, estime-t-il. Le fait que ce soit aussi un organisme du gouvernement, ne serait-ce qu'au niveau de l'apparence, ça vient rassurer la population.»