Si les électeurs de L'Assomption lui font confiance, François Legault s'engage à faire tout son mandat, quel que soit l'état des lieux à la Coalition avenir Québec au lendemain des élections du 7 avril.

«Je vais faire mon quatre ans si je suis élu dans L'Assomption», lance-t-il sans détour en entrevue à La Presse lors d'une escale de son autocar de campagne à Québec. La Coalition avenir Québec pourra alors repenser au leadership du parti si les députés le désirent, François Legault sera au poste, à Québec, pour continuer à faire valoir ses idées. «C'est le résultat dans L'Assomption qui va compter, peu importe le résultat de la CAQ», insiste-t-il.

Comment croire celui qui avait quitté Pauline Marois moins d'un an après les élections de 2008? «Je n'aimais pas le style d'opposition qu'on pratiquait au PQ, on ne proposait rien», résume-t-il. La partie sera difficile pour lui dans L'Assomption, un territoire clairement péquiste - l'ancienne circonscription de Jacques Parizeau. François Legault n'a pas fait campagne jusqu'ici dans son fief - hormis un bref passage dans une maison de jeunes sans couverture médiatique. Mais un rassemblement plus important est prévu pour dimanche. Il fait face à Pierre Paquette, ancien député bloquiste, issu de la CSN. «Il y a beaucoup de familles de la classe moyenne dans le comté. Venir du milieu syndical n'est pas un atout. Lui veut dépenser, moi je veux baisser les taxes», observe le chef de la CAQ.

Issu du monde des affaires, il est l'un des fondateurs d'Air Transat (des actions qu'il avait déjà vendues avant de faire le saut en politique en 1998). François Legault connaît bien Pierre Karl Péladeau, qui a soulevé un tsunami en annonçant sa candidature pour le PQ dans Saint-Jérôme.

«On a souvent lunché ensemble. Quand j'ai quitté la politique, il a tenté de me convaincre de faire une chronique pour ses journaux», se rappelle Legault. Le nouveau péquiste est selon lui bien plus proche de la CAQ au point de vue des idées. «Il est pas mal plus à droite que moi, il veut remettre en question la formule Rand [la cotisation syndicale automatique pour les employés]. Je ne suis jamais allé jusque-là!», lance le caquiste.

«Pauline vient de perdre les élections»

«Avec Pierre Karl Péladeau, Pauline Marois vient de perdre les élections», martèle le chef caquiste. Au-delà des arguments juridiques autour d'une fiducie sans droit de regard, des règles distinctes pour une société publique ou privée, le conflit d'intérêts évident pour un patron de presse à devenir politicien, «c'est trop gros. Les gens n'acceptent pas ça».

Sa connaissance de M. Péladeau et de Mme Marois l'amène à une seule conclusion: le tandem ne pourra jamais fonctionner. «Pierre Karl Péladeau, c'est: "Je m'en vais par là et qui m'aime me suive! " Avec Pauline Marois c'est: "Personne ne bouge avant qu'on ait un consensus." Ça ne pourra pas marcher!» Même si son slogan de campagne la dépeint comme «déterminée», Mme Marois va «voir ce que c'est la détermination» en côtoyant le baron de la presse. En même temps, Péladeau ne connaît rien du fonctionnement de l'État.

Les gens s'attendaient à ce qu'il assainisse la gestion d'Hydro-Québec; la société d'État demande pourtant une hausse de 4,5% aux consommateurs. «Je l'ai croisé dans un resto, il m'a répondu [qu']on n'y peut rien, c'est cost-plus [les coûts auxquels on ajoute la marge de profit]. Or il y a des problèmes d'efficacité évidents chez Hydro», résume

M. Legault.

Difficile entre les campagnes

Pourquoi son parti pique-t-il du nez depuis les élections? À 27% le 4 septembre au soir, la CAQ est désormais autour de 16% dans les intentions de vote. «Entre les campagnes électorales, c'est très difficile d'attirer l'attention sur nos idées. Je suis confiant, mon message est plus clair que la dernière fois». Les observateurs relèvent aussi que, dans une campagne électorale sur deux, ce n'est pas le parti qui est en première place au début qui l'emporte au fil d'arrivée.

Ses principaux lieutenants de la campagne de 2012, l'ont abandonné. Dominique Anglade et Maud Cohen ne sont pas candidates, Jacques Duchesneau est rentré dans ses terres, le Dr Gaétan Barrette lui a fait faux bond. «Je l'aimais, Barrette, c'était important pour le spectacle», dit maintenant M. Legault qui croit que le réseau de la santé serait mieux servi par un gestionnaire que par un médecin. Barrette était, dès la première heure, associé à la création de la CAQ. «J'avais maintenu des liens, on a lunché juste avant les Fêtes. C'est un manque de respect minimum, il aurait pu au moins m'informer de ses intentions», résume le chef caquiste.