Charlevoisienne d'adoption, Pauline Marois représente cette circonscription depuis 14 mois seulement. Il serait donc injuste de lui faire porter la responsabilité de tous les maux économiques du coin - et ils sont nombreux - de même qu'il est prématuré de dresser un bilan complet de ses réalisations.

Dans la circonscription, le milieu des affaires semble prêt à donner la chance au coureur. D'emblée, on affirme que Pauline Marois connaît bien les enjeux de la région, qu'elle y est sensible et qu'elle écoute le milieu.

 

Seul reproche: les gens de Charlevoix voudraient bien voir leur députée plus souvent, d'autant plus qu'ils ont été gâtés à ce chapitre par son prédécesseur, Rosaire Bertrand.

«Dans nos rencontres avec Pauline Marois, ça va, elle a une bonne connaissance des dossiers et elle nous écoute, mais elle est moins présente dans la circonscription parce qu'elle est chef de parti, dit Sylvain Tremblay, président de la chambre de commerce de Charlevoix.

«D'un autre côté, ajoute-t-il, le fait qu'elle soit chef de parti suscite des espoirs, et certains pensent que c'est une bonne occasion pour nous.»

L'écoute et la connaissance, c'est bien, mais les gens de Charlevoix attendent aussi de l'action parce que les défis sont énormes. Charlevoix est une région magnifique sur laquelle pèsent des problèmes aussi immenses que ses paysages.

Charlevoix se vide de ses jeunes, elle manque de main-d'oeuvre et attire difficilement les immigrants, sa population est pauvre - surtout les femmes - et la villégiature fait monter le prix des maisons.

«Le gros projet récréotouristique du Groupe Le Massif, c'est très bien pour l'économie locale à Baie-Saint-Paul, mais ça provoque de la spéculation et les taxes augmentent, explique M. Tremblay. Nous avons déjà un problème de logement dans Charlevoix et on attend entre 500 et 600 travailleurs pour ce «mini-Calgary». On va les loger où?»

En plus, le salaire moyen est faible dans la région (27 000$, comparativement à 32 000$ au Québec), ce qui fait que les «locaux» n'ont plus les moyens d'acheter des maisons convoitées par les «riches» retraités ou villégiateurs de la ville à la recherche de beaux panoramas.

La situation est particulièrement désolante pour les femmes, qui gagnent en moyenne 11 000$ de moins que les hommes annuellement (21 000$ contre 32 000$), une statistique qui devrait alarmer Pauline Marois.

Le taux de dépendance au chômage et autres programmes d'aide de l'État est plus élevé en raison de la forte proportion de travailleurs saisonniers dans la principale industrie, le tourisme.

Le milieu des affaires et les élus de la région tendent la main aux immigrants, mais Charlevoix est trop loin des grands centres pour attirer et surtout retenir cette main-d'oeuvre.

Le plus troublant, au-delà des chiffres du chômage, c'est l'exode des jeunes et le vieillissement de la population. D'ici à 2026, Charlevoix perdra 8,8% de son monde.

À ce rythme, Charlevoix risque de devenir le Victoria du Québec: une magnifique région très recherchée, désertée par ses habitants et peuplée de riches retraités qui payent une petite fortune pour s'y installer.

De beaux défis pour la députée locale, dont on attend beaucoup.